Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Le procès d'Oscar Pistorius pourrait être prolongé jusqu'à la mi-mai

Le procès d'Oscar Pistorius pourrait être prolongé jusqu'à la mi-mai

Le très médiatique procès du champion handisport sud-africain Oscar Pistorius, accusé d'avoir assassiné sa compagne Reeva Steenkamp l'an dernier, pourrait se prolonger jusqu'à la mi-mai, la Cour n'ayant encore entendu qu'un petit nombre de témoins.

Les audiences ont débuté le 3 mars et devaient initialement s'achever jeudi 20 mars, au bout de trois semaines. Le tribunal de Pretoria a ajouté dimanche sept semaines supplémentaires au programme: du 24 mars au 4 avril, puis du 14 avril au 16 mai.

Il s'agit de "permettre à l'accusation et à la défense de présenter leurs cas, quel que soit le temps nécessaire", a précisé à l'AFP Lulama Luti, porte-parole du système judiciaire.

"Il est possible que ça ne prenne pas jusqu'au 16 mai, c'est une date indicative. (...) Il est très possible que ça prenne moins de temps, ça dépendra si ils ont fini, ou pas", a-t-elle expliqué.

Le procès de l'athlète va donc télescoper la campagne des élections générales du 7 mai à la une des journaux sud-africains.

Oscar Pistorius, 27 ans, est accusé d'avoir prémédité le meurtre de son amie Reeva Steenkamp, un mannequin de 29 ans, qu'il a abattue de quatre balles aux premières heures de la Saint-Valentin 2013. Lui prétend qu'il s'agit d'une terrible méprise, et qu'il croyait qu'un cambrioleur s'était enfermé dans les toilettes.

Après treize jours d'audiences retransmises en direct à la télévision, la Cour n'a entendu que 18 témoins.

Le procureur Gerrie Nel a dit n'avoir plus que "quatre ou cinq témoins" à appeler à la barre. Mais il a une liste de 107 noms dans laquelle il peut piocher au gré des audiences.

La défense doit aussi produire ses témoins. Et Pistorius lui-même doit également être interrogé, avant le réquisitoire de l'accusation et la plaidoirie de l'avocat du sportif Barry Roux.

Me Roux n'est pas étranger à l'extrême lenteur des audiences, vu qu'il n'a cessé depuis trois semaines de porter ses contre-interrogatoires sur des détails en apparence fort éloignés du fond de l'affaire, répétant ses questions à outrance, en tentant de déstabiliser les témoins à charge.

S'il a remarqué publiquement mercredi que le procès était "onéreux", l'avocat profite directement de ces longueurs, puisque son équipe de défense coûterait selon la presse sud-africaine environ 100.000 rands (6.700 euros) par jour à l'athlète.

Oscar Pistorius a d'ailleurs dû mettre en vente la maison de Pretoria où il a tué Reeva pour payer ses avocats. Selon l'agent immobilier chargé de l'opération, Ansie Louw, épouse du coach de l'athlète Ampie Louw, il devrait en tirer au moins les 5 millions de rands (330.000 euros) estimés l'an dernier.

Alors que des experts interrogés par des médias locaux estiment qu'il ne vendra jamais les lieux du crime à ce prix, Mme Louw a dit au quotidien afrikaans Beeld qu'elle espérait "attirer davantage d'acheteurs étrangers, qui achètent pour investir".

Les trois semaines du procès ont confirmé le portrait du jeune homme dont se délectent les médias sud-africains depuis plusieurs mois: celui d'un garçon flambeur, amateur de jolies femmes et de voitures puissantes, et aussi d'armes à feu, craignant constamment pour sa sécurité.

L'accusé a vomi à plusieurs reprises pendant les audiences quand on évoquait le meurtre de Reeva, refusant de regarder des photos prises par la police après le meurtre.

Si la défense s'est employée à ridiculiser les errements des enquêteurs, qui ont souillé les lieux, manipulé l'arme du crime sans gants, ou volé une montre de prix, il lui reste à rendre plausible la version de l'athlète, malmenée par des témoignages et des expertises.

Il lui faut notamment fournir une contre-expertise montrant que Reeva Steenkamp a d'abord été touchée à la tête, et n'a donc pas eu le temps de crier avant les coups de feu suivants comme l'ont entendu des témoins. Pourquoi Pistorius n'a-t-il pas vérifié que son amie était bien couchée avant d'aller tirer sur le supposé cambrioleur? Pourquoi ne pas avoir tiré de coups de semonce? Pourquoi a-t-il tiré pour tuer, alors qu'il savait qu'on ne doit pas le faire sur quelqu'un qui n'est pas directement menaçant? Les questions sont nombreuses...

A la juge Thokozile Masipa de décider s'il y a eu préméditation, ce qui se traduirait pour Pistorius par une peine incompressible de vingt-cinq ans de prison. Son verdict et la sentence ne sont attendus que plusieurs semaines après la fin des audiences.

liu/aub

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.