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France/municipales: l'extrême droite réalise des scores inespérés

France/municipales: l'extrême droite réalise des scores inespérés

Le Front national (FN extrême droite) a réalisé dimanche au premier tour des municipales en France des scores au-delà de ses espérances, lui permettant d'arriver en tête dans plusieurs villes et de remporter d'emblée la mairie symbole de Hénin-Beaumont (nord).

La gauche au pouvoir a aussitôt appelé à lui faire barrage au deuxième tour dimanche prochain, tandis que la droite réaffirmait sa ligne "ni Front républicain ni Front national". "Il n'y aura aucun désistement" en faveur de la gauche ni "alliance" avec le FN, a dit l'ex-Premier ministre François Fillon. Le patron du parti de droite UMP, Jean-François Copé, appelait, lui, les électeurs du FN à reporter leur voix sur sa formation.

Le Front national a fait une "entrée tonitruante dans ces élections municipales en arrivant en tête dans des villes aussi différentes que Béziers (sud), Forbach (nord-est)", a fait valoir sa présidente Marine Le Pen, qui depuis plusieurs années tente de dédiaboliser sa formation et de l'ancrer localement.

"Il se passe quelque chose, incontestablement. Tout ça crée un immense élan d'espoir, les Français n'en pouvaient plus d'être coincés entre l'UMP et le Parti socialiste", a-t-elle ajouté.

A Hénin-Beaumont, ancienne ville minière du nord et historiquement ancrée à gauche, la victoire est totale. Steeve Briois, 41 ans, secrétaire général du parti, a remporté la mairie dès le premier tour dans cet ancien bastion ouvrier avec 50,26% des suffrages.

La percée du Front national est aussi bien visible dans le sud: à Béziers et Fréjus, le parti est en tête selon les premières estimations. A Marseille, deuxième ville de France, les socialistes ont subi un cinglant revers en n'arrivant que troisième derrière le maire sortant UMP Jean-Claude Gaudin, largement en tête, et le candidat du Front national.

Les scores du FN se traduisent aussi par des surprises, notamment à Perpignan (sud) où le vice-président du parti Louis Aliot est donné en tête, à 34,4% contre 29,8% pour le maire sortant de droite Jean-Marc Pujol, d'après l'institut Ipsos.

A Avignon, le candidat de l'extrême droite est au coude à coude avec la candidate socialiste.

Et à Forbach (est), le vice-président du FN Florian Philippot est en tête avec 35,75% des suffrages devant le socialiste Laurent Kalinowski (33%).

"Le Front national s'implante comme il le voulait et il le fait avec un cru exceptionnel", a résumé Marine Le Pen.

Pour Jean-Yves Camus, chercheur spécialiste de l'extrême droite, interrogé par l'AFP, le FN réalise des "scores particulièrement plus hauts que ce que donnaient les sondages, il y a vraiment des surprises".

"Visiblement l'électorat FN s'est mobilisé, les autres très peu, alors qu'on disait tout le temps que l'abstention pénalisait le FN", a abondé Sylvain Crépon, sociologue spécialiste du FN.

Malgré une abstention record au plan national, les électeurs du FN semblent avoir suivi les appels à voter lancés par Marine Le Pen.

Si pour elle les municipales ont signé "la fin de la bipolarisation de la vie politique française", pour M. Crépon les candidats du FN ont plutôt "fait campagne sur des thématiques locales".

"On a souvent brandi l'amateurisme des candidats FN, mais beaucoup ont fait campagne là où il y avait de la corruption, du clientélisme ou de la mauvaise gestion", souligne-t-il.

Marine Le Pen s'était fixée un seul objectif pour ces municipales: plus de 1.000 conseillers municipaux FN pour bâtir un solide réseau de cadres.

Si cet objectif se confirmait dans une semaine, il s'agirait d'un large progrès pour le FN par rapport aux municipales de 2008 lorsqu'il n'avait obtenu qu'environ 70 conseillers municipaux.

Pour le second tour, la présidente du FN a indiqué laisser "la liberté de vote" à ses électeurs. Le parti devrait maintenir ses candidats "sauf cas exceptionnels". Et donc être présent dans plus d'une centaine de triangulaires, dépassant son précédent score de 1995 où il s'était maintenu dans 119 villes de plus de 30.000 habitants au second tour. Le FN avait alors fait élire trois maires dans le sud, à Toulon, Marignane et Orange.

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