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Elections municipales dimanche en France, premier test pour le pouvoir

Elections municipales dimanche en France, premier test pour le pouvoir

Les Français sont appelés dimanche aux urnes pour des élections municipales dans un contexte ultra tendu entre une droite empêtrée dans des affaires judiciaires et une gauche impopulaire au pouvoir, dont pourrait profiter l'extrême droite.

Rarement une élection intermédiaire - la première depuis la victoire du socialiste François Hollande à la présidentielle de 2012 - se sera déroulée dans un contexte aussi hostile au pouvoir en place. M. Hollande et son Premier ministre Jean-Marc Ayrault ne sont crédités que de 20 à 25% de confiance.

La révélation d'écoutes judiciaires visant l'ancien président Nicolas Sarkozy et la confusion du gouvernement à dire ce qu'il savait ou non de cette procédure a de nouveau donné du grain à moudre ces dernières semaines à ses détracteurs.

A l'avant-veille du scrutin, l'ancien chef de l'Etat Nicolas Sarkozy (2007-2012), excédé, est sorti de son silence pour attaquer lui aussi le pouvoir. Dans une tribune incendiaire, il a comparé la France à une dictature et s'est posé en victime d'un complot politico-judiciaire.

A la suite d'écoutes de ses conversations avec son avocat, il est visé par une enquête pour trafic d'influence et violation du secret professionnel qui pourrait lui valoir une mise en examen (inculpation).

Ses propos virulents ont été sévèrement commentés par l'exécutif, les magistrats et la police. "Toute comparaison avec des dictatures est forcément insupportable", a réagi François Hollande.

Dans ce contexte, peu de commentateurs se risquent à un pronostic sur l'issue d'un scrutin municipal à deux tours où l'enjeu est avant tout local et où est redoutée une forte abstention.

Le Parti socialiste, qui a perdu toutes les élections partielles depuis juin 2012, se méfie d'un scrutin "insaisissable", selon son responsable parlementaire Thierry Mandon. "Le premier adversaire de la gauche reste l'abstention", résume le parlementaire Jean-Jacques Urvoas.

Elle avait atteint 33,5% (un électeur sur trois) aux municipales de 2008, alors un record. Tout laisse penser qu'elle sera supérieure cette année. L'institut Ipsos s'attend à une participation guère supérieure à 60%, tout en restant prudent sur cet indicateur délicat à évaluer.

La certitude d'aller voter est presque partout supérieure à droite qu'à gauche, parfois jusqu'à dix points. Cette différence de mobilisation peut faire basculer dans l'opposition des dizaines de villes détenues par la gauche.

Mais même à l'UMP, le principal parti de l'opposition de droite, la prudence est de mise. "Les gens sont exaspérés par toutes ces affaires à répétition. Cela n'aide pas", soupire sous couvert d'anonymat un député-maire chevronné de la région parisienne.

Outre la demi-douzaine de dossiers dans lesquels le nom de Nicolas Sarkozy est cité, l'UMP fait notamment l'objet depuis peu d'une enquête sur un possible favoritisme lors de l'attribution de marchés.

Alors que la droite voulait faire de ce scrutin "un référendum" contre François Hollande et le gouvernement, "l'UMP n'a pas réussi à mener une campagne nationale", relève le politologue Bernard Sananès. Si campagne il y eut, elle fut dominée, jusqu'au bout, par les échanges de diatribes entre les socialistes d'une part, Nicolas Sarkozy et ses amis de l'autre.

Les socialistes sont bien placés pour conserver la plupart des grandes villes. Mais l'écart paraît se resserrer, par exemple à Strasbourg (est) mais aussi à Paris, où l'UMP Nathalie Kosciusko-Morizet talonne la socialiste Anne Hidalgo d'un ou deux points. A Marseille (sud), la bataille s'annonce très indécise.

La présidente du Front national (FN, extrême droite), Marine Le Pen, s'est, elle, dit "confiante" voire "très confiante". Malgré quelques ombres au tableau - des candidats enregistrés "à leur insu" ou avec un pédigree extrémiste marqué -, le FN espère conquérir dix à quinze villes et s'assurer une implantation locale sur le long terme. Les maires sont élus pour six ans.

Ce parti devrait émerger dimanche soir comme un faiseur de rois, selon Bernard Sananès: il pourrait imposer des triangulaires PS-UMP-FN au second tour prévu le 30 mars dans "150 à 200 villes".

La menace est telle pour le gouvernement que le Premier ministre a appelé la semaine dernière à "tout faire" pour qu'il n'y ait "aucun" maire FN.

bur-blb/prh/ml

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