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Des "marches de la dignité" à Madrid pour dénoncer "l'urgence sociale"

Des "marches de la dignité" à Madrid pour dénoncer "l'urgence sociale"

Certains avaient traversé l'Espagne, parcouru à pied des centaines de kilomètres pour dénoncer "l'urgence sociale". Agitant des drapeaux de toutes les régions du pays, des dizaines de milliers de personnes ont afflué samedi à Madrid à l'arrivée des "marches de la dignité".

"Debout, debout, nous allons lutter !", criaient les manifestants rassemblés autour de la gare d'Atocha, avant de partir en défilé le long des grandes artères du centre de la ville, dénonçant un taux de chômage supérieur à 26% et la politique d'austérité suivie depuis deux ans par le gouvernement de droite.

Certains étaient arrivés dans la capitale en huit colonnes, après avoir marché pendant près d'un mois, depuis l'Andalousie, dans le sud, la Catalogne, dans l'est, les Asturies, dans le nord-ouest, ou l'Estrémadure, dans l'ouest.

"Ni chômage, ni exil, ni précarité. Des marches, des marches, des marches pour la dignité", hurlaient dans une sono des jeunes, nombreux dans la manifestation, juchés sur une camionnette à ciel ouvert, pendant que d'autres avaient allumé des fumigènes.

"Nous voulons du travail. Nous ne pouvons pas accepter que des millions de personnes au chômage doivent retourner chez leurs parents", lançait Jorge Balbas, un chômeur de 24 ans de Burgos, dans le nord de l'Espagne, rappelant que plus d'un jeune actif espagnol sur deux est au chômage.

"Ce sera une marée citoyenne qui va remplir de dignité la capitale", avait promis Diego Cañamero, porte-parole du syndicat andalou des travailleurs, l'une des 300 organisations présentes.

"L'idée, c'est d'unir toutes les forces autour d'un objectif : soit le gouvernement répond à nos revendications, soit il doit faire ses valises", disait-il.

De multiples organisations citoyennes, associations, groupes de la mouvance des "indignés" ou collectifs professionnels appelaient à manifester. Une mobilisation rappelant les grands défilés qui avaient marqué la poussée de fièvre sociale, retombée depuis, qui a agité l'Espagne en 2011 et 2012.

Les organisateurs ont annoncé que des centaines d'autrocars et au moins quatre trains avaient été affrétés dans plusieurs régions d'Espagne. Les autorités régionales ont, quant à elles, mobilisé quelque 1.700 policiers pour assurer la sécurité, craignant des incidents en raison de la présence attendue de groupes antisystème.

Dès le milieu de journée, des cortèges s'étaient formés aux entrées de Madrid, d'où émergeaient des pancartes portant une mosaïque de revendications, parmi lesquelles "des retraites justes", "pour le droit à un toit".

Une guillotine, surmontée d'une pancarte avec les mots "no a los recortes" - non aux coupes budgétaires - ouvrait une colonne venue du sud-est de l'Espagne, précédant une grande banderole blanche sur laquelle était écrit : "Marche de la dignité - Non au paiement de la dette illégitime".

Parmi les premiers arrivés près de la gare d'Atocha, un petit groupe de "Yayoflautas", des retraités de la mouvance des "indignés" reconnaissables à leurs gilets fluorescents jaunes, venus de Cordoue, en Andalousie. "Corrompus, nous savons qui vous êtes", proclamait une petite pancarte, en lettres noires sur fond jaune.

L'austérité sans précédent appliquée par le gouvernement conservateur depuis son arrivée fin 2011 pour réduire les déficits publics et la dette de l'Espagne a donné lieu à deux grèves générales en 2012 avec des centaines de milliers de personnes dans la rue.

La mobilisation s'est ensuite essoufflée, dans un pays qui connaît la récession, un chômage record et un plan d'économies de 150 milliards d'euros sur trois ans annoncé en 2012.

Pourtant, s'ils ne descendent pas dans la rue, les Espagnols ont montré dans les sondages leur rejet de la politique d'austérité.

"En 2014, nous sommes face à une situation extrêmement difficile, une situation limite, d'urgence sociale, qui exige une réponse collective et massive des salariés, des citoyens et du peuple", affirmaient les organisateurs dans leur manifeste.

"Qu'ils nous rendent l'argent que nous ont volé les politiciens et les banquiers", lançait Trini Reina, une Andalouse de 48 ans venue de Séville dans une colonne de huit autocars. "J'ai un emprunt immobilier que je ne peux plus rembourser depuis sept mois. Ce système est en faillite et nous le payons très cher".

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