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Le pape François apporte son plein soutien à la lutte anti-mafia

Le pape François apporte son plein soutien à la lutte anti-mafia

Le pape s'est rendu vendredi dans une église de Rome pour y rencontrer un millier de proches de victimes des mafias: un geste fort de François pour montrer qu'appartenance mafieuse et foi catholique sont antinomiques.

La veillée de prière, la première avec un pape en dehors du territoire du Vatican, a lieu en prélude à la XIXe "Journée de la mémoire et de l'engagement", organisée samedi par l'association catholique anti-mafia Libera, comme chaque année.

Une foule dense a vivement applaudi le pape quand il est arrivé devant l'église moderne de San Gregorio VII, située juste de l'autre côté des murs du petit Etat.

Le fondateur de Libera, Don Luigi Ciotti, a pris le pape par la main à sa sortie de voiture et l'a conduit vers l'église. Certains portaient des tee-shirts arborant des portraits de victimes, d'autres lui montraient des photos et objets que le pape bénissait. Le maire de Rome, Ignazio Marino, l'ancien juge anti-mafia Pietro Grasso, président du Sénat, et la présidente de la commission parlementaire anti-mafia, Rosy Bindi, étaient aux premiers rangs.

Lors de la veillée de prière, une liste de noms de victimes, certaines très connues comme le juge Giovanni Falcone, d'autres totalement inconnues, devait être lue.

Libera est très en pointe dans la lutte contre les organisations mafieuses et s'est spécialisée dans la reconversion des biens confisqués.

"C'est un pape qui veut faire comprendre qu'Evangile et mafia, qu'Evangile et corruption ne cheminent pas ensemble", a souligné à l'AFP-TV le père Marcello Cozzi, vice-président de Libera. François a toujours mis l'accent, a-t-il relevé, sur la traite des êtres humains, demandant des mesures concrètes de lutte.

"Dans la très longue liste des victimes, les dernières sont deux enfants de trois ans, Coco et Domenico, et nous comptons 80 mineurs, ce qui démontre qu'une mafia qui ne tue pas les enfants n'existe pas!", a accusé Don Cozzi.

Le prêtre italien voit dans la crise économique un facteur d'expansion de la criminalité organisée: "les gens, les chefs d'entreprise, les commerçants ont besoin de liquidités. Les seuls qui les ont en poche sont les clans mafieux".

L'Eglise italienne porte deux visages: celui de l'engagement courageux de nombreux prêtres et fidèles contre la mafia, mais aussi celui de compromissions très anciennes, les chefs mafieux fréquentant les églises et se targuant parfois encore de leurs rôles de bienfaiteurs et de bons chrétiens.

Des fonds de la mafia ont transité par la banque du Vatican, l'IOR, et des investissements douteux dans le patrimoine immobilier du Vatican font l'objet d'enquêtes.

Ces fonds "constituent une blessure ouverte qui fait énormément souffrir ce pape comme les papes précédents", a affirmé Don Cozzi.

Parmi ceux qui sont présents, à côté de parents proches de victimes comme Maria Falcone, soeur du juge, ou des parents de deux prêtres assassinés, figure Pietro Orlandi, frère d'Emanuela Orlandi, fille d'un employé du Vatican disparue mystérieusement en 1983. Orlandi demande au Vatican de faire la lumière sur cet enlèvement, attribué à la mafia, et dans lequel, selon lui, certains au Vatican ont été complices.

Jean Paul II et Benoît XVI ont demandé avec constance aux fidèles de prendre leurs distances avec les mafias. Et François poursuit sur cette ligne.

En mai dernier, à l'occasion de la béatification à Palerme d'un prêtre assassiné, Giuseppe (Pino) Puglisi, François avait lancé au Vatican: "c'est lui qui a gagné, avec le Christ" dans sa lutte pour soustraire les jeunes Palermitains à l'emprise de la "pieuvre", le surnom de Cosa Nostra.

Le 19 mars, a été aussi commémoré l'assassinat il y a vingt ans par la Camorra, à Casal di Principe près de Naples, d'un autre prêtre, Don Giuseppe Diana, surnommé affectueusement "Don Peppino".

Le soutien ouvert de François à la lutte anti-mafia le met-il en danger, alors qu'il n'hésite pas à se mêler aux foules ? Le procureur-adjoint de Reggio de Calabre, Nicola Gratteri, avait fait grand bruit en novembre en déclarant que "les chefs mafieux n'hésiteraient pas à lui faire un croche-patte". Toutefois, le porte-parole du Saint-Siège, le père Federico Lombardi, avait répondu que le Vatican était "extrêmement tranquille" à ce sujet.

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