Des professionnels de la santé, réunis à Montréal vendredi, demandent au futur gouvernement québécois d'instaurer un cours de nutrition qui serait offert obligatoirement dans les écoles.
Selon les médecins et les nutritionnistes, dont les plus connus Richard Béliveau, Martin Juneau et Gilles Julien, le gouvernement devrait s'attaquer à ce problème avec la même intensité mise dans la lutte contre le tabagisme. Ils croient que le problème est urgent, considérant l'explosion de cas d'obésité chez les jeunes dans la province. Les enfants seraient particulièrement vulnérables à la malbouffe, selon eux.
« Les chaînes de malbouffe sont établies autour des écoles et les enfants [voient plusieurs] publicités ciblées sur eux. Les enfants n'ont pas beaucoup de moyens pour se défendre », a déploré le médecin Martin Juneau.
Gabriel Blain, élève au collège St-Jean-Vianney, abonde dans le même sens que le Dr Juneau. « On est la génération qui est plus en danger. Je pense que ce serait une bonne idée pour nous protéger », a-t-il remarqué.
Selon la coalition d'experts, cette nouvelle mesure pourrait contribuer à réduire les coûts de santé de plusieurs milliards de dollars et à désengorger les hôpitaux. De plus, certaines maladies résultant de l'obésité, comme le diabète et les problèmes cardiaques, pourraient diminuer graduellement.
Le cardiologue François Reeves, en entrevue à ICI RDI, rappelait que 85 % des cas de diabète chez les adultes était causé par l'embonpoint. Il a ajouté que, actuellement, au Canada, les conséquences de l'embonpoint et l'obésité représentent 10 % de tous les frais de santé.
Le Dr Reeves est d'accord avec l'instauration d'un tel cours, puisque selon lui, les gens ne savent plus vraiment ce qu'ils mangent. « On ne parle pas seulement de la malbouffe. Ce que vous achetez à l'épicerie tous les jours, c'est rempli d'édulcorants, d'additifs. On ne sait plus ce qu'on mange », a-t-il souligné.
Le rôle des écoles
La Fédération des commissions scolaires estime que les écoles ont déjà assez de responsabilités. Elles rappellent qu'elles ont déjà éradiqué la malbouffe dans les écoles. Selon elle, il s'agit davantage d'une question de société qui dépasse le milieu scolaire.
La sociologue et co-fondatrice d'Équiterre, Laure Waridel a précisé à ICI RDI que les parents ont un rôle fondamental pour apprendre à leurs enfants à adopter une saine alimentation. Or, ce ne sont pas toutes les familles qui leur transmettent de telles valeurs. « C'est tous les enfants qui mériteraient d'être outillés », a-t-elle plaidé. Ces jeunes pourraient aussi partager leurs connaissances avec leur famille, selon Mme Waridel.
De plus, les coûts d'une telle mesure ont été estimés à 20 $ par enfant, a rappelé la sociologue. Un prix modique pour tous les bienfaits que cela amènerait, croit-elle.
Avec les informations de Mathieu Dion