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Les sculptures réalistes de Ron Mueck s'installent à Rio

Les sculptures réalistes de Ron Mueck s'installent à Rio

Deux géants âgés à la peau fripée plus vraie que nature: le Musée d'Art Moderne de Rio (MAM) expose à partir de jeudi les corps en silicone, troublants car réalistes à l'excès, du sculpteur australien Ron Mueck, une première au Brésil.

Cette exposition de neuf oeuvres seulement a accueilli 300.000 visiteurs à la Fondation Cartier d'Art Contemporain à Paris, d'avril à octobre 2013, un record depuis sa fondation en 1984, et 168.000 à Buenos Aires de novembre 2013 à février 2014, déclare mercredi à l'AFP Carlos Alberto Gouvêa Chateaubriand, président du MAM.

"Elle arrive maintenant à Rio, la seule ville du Brésil où on pourra la voir jusqu'en juin. Nous tablons sur un public de plus de 200.000 personnes", souligne-t-il.

La plus imposante des sculptures qui peuplent le deuxième étage du MAM, "Couple under an umbrella" (2013), frappe d'emblée le visiteur. Elle montre un couple de personnes âgées à la plage, elle assise, lui allongé avec la tête reposant sur l'une de ses cuisses. La posture et la texture sont tellement justes -jusqu'au bout des ongles - qu'ils semblent vivants malgré leur taille hors du commun.

"C'est comme si on voyait nos grands-parents quand on était enfant. Si la dame se levait elle ferait 4,5 mètres de haut. Ron Mueck joue sur des changements d'échelle surprenants non pas pour créer des effets spéciaux mais pour stimuler notre mémoire. Nous ne sommes pas dans le domaine de la représentation sociale mais dans celui de l'inconscient, dans ce que nous sommes à l'intérieur de nous-même", explique à l'AFP Grazia Quaroni, de la Fondation Cartier, commissaire associée de l'exposition.

"Nous présentons ici 9 des 40 oeuvres de Ron Mueck, c'est-à-dire 25% du total", ajoute Mme Quaroni. Parmi elles, trois ont été réalisées spécialement pour l'exposition. Elles représentent toutes des êtres humains, à l'exception de "Still Life" (2009) qui est une nature morte d'un poulet pendu par les pattes de plus de 2 mètres, conçu pendant la dernière épidémie de grippe aviaire.

"La nature morte est un classique de la peinture. Les sources d'inspiration de Ron Mueck viennent de n'importe où, de sa famille, du miroir, de ses rêves ou de scènes qu'il voit dans la rue", précise Mme Quaroni qui se félicite que l'exposition arrive au Brésil l'année des 30 ans de la Fondation Cartier qui a une "forte relation avec ce pays et tous les aspects de la culture brésilienne".

Dans "Woman with shopping" (2013), Mueck imagine une mère dont les bras chargés de sacs de provisions l'empêchent de tenir son enfant qu'elle ne regarde même pas.

Dans "Mask II" (2009), l'artiste s'est représenté en train de dormir, état dans lequel, selon son ami et collectionneur Anthony d'Offay, présent à Rio pour l'inauguration, il crée ses oeuvres.

Conçue en silicone, en résine de polyester et fibre de verre pour reproduire fidèlement chaque détail de l'anatomie humaine, chaque oeuvre est le point de départ d'un questionnement sur soi et sur les autres.

Elles sont révélées dans l'intimité de leur création à travers un film de Gautier Deblonde, "Still life: Ron Mueck at work (2011-2013)", qui montre en marge de l'exposition l'artiste en plein travail dans son atelier de Londres, ville où il s'est installé dans les années 80. Il est né en 1958 à Melbourne (Australie).

"Ron Mueck est mal à l'aise dans les vernissages, il ne vient pas souvent mais il est très à l'aise dans son atelier", affirme Mme Quaroni.

Mueck fait du temps un élément privilégié de sa création. Il a exposé aussi dans des musées au Japon, en Australie, en Nouvelle-Zélande et au Mexique.

cdo/ybl/abl

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