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Élections hongroises: des Roms tentent de donner de la voix

Élections hongroises: des Roms tentent de donner de la voix

"Si nous nous rassemblons, nous pouvons régler nos problèmes, personne d'autre ne le fera", explique Aladar Horvath, leader d'un parti rom créé en vue des élections législatives du 6 avril en Hongrie.

La tâche entreprise par ce défenseur des droits des Roms de 49 ans, très connu dans le pays, s'annonce titanesque.

La plus grande minorité de Hongrie, confrontée quotidiennement au racisme et à la pauvreté, a largement perdu ses illusions dans la politique et ses responsables.

"Ils n'ont jamais rien fait pour nous, y compris les tsiganes, toujours des promesses vides, puis ils se remplissent les poches une fois élus", peste Galambacz Peterne, une mère de deux enfants résidant à Ozd, ancien fleuron de la métallurgie du nord-est, désormais région la plus pauvre du pays.

Dans cette ville d'environ 34.000 habitants située à 155 km de Budapest, plus d'un quart de la population est rom. Le chômage dans la communauté atteint entre 80 et 90%. La pauvreté est source de tension et le parti d'extrême-droite Jobbik, qui avait remporté 17% des voix au scrutin de 2010, avait obtenu un score élevé à Ozd.

"Jusqu'à présent, les Roms n'ont jamais eu de représentants crédibles", reconnaît Aladar Horvath dans un entretien à l'AFP. Mais pour lui, la communauté n'a d'autre choix que de se serrer les coudes.

La Hongrie compte environ 800.000 Roms sur une population d'un peu moins de dix millions d'habitants. Même si le pays a lancé un programme d'intégration avant l'arrivée au pouvoir du Premier ministre conservateur Viktor Orban, la communauté reste marginalisée, victime des insultes et des intimidations du Jobbik, mais aussi de discriminations administratives.

Lors d'une canicule l'été dernier, la municipalité d'Ozd, détenue par le parti Fidesz d'Orban, avait ainsi décidé de fermer pendant plusieurs jours des pompes à eau situées dans les rues, très utilisées par les Roms, prétextant d'abus et de coûts d'entretien trop élevés.

Le 6 avril, les Roms pourront certes voter pour une "liste ethnique", une nouvelle mesure introduite par le gouvernement qui dit vouloir faciliter une représentation parlementaire aux treize minorités du pays (Allemands, Slovaques, etc...).

En fait de liste, il s'agit d'une personne par ethnie. Le représentant n'aura pas le droit de vote et ne pourra participer qu'aux débats concernant les minorités.

S'inscrire signifie de plus renoncer à voter pour la liste nationale des partis, et donc réduit le poids électoral des Roms, ont dénoncé 36 organisations roms dans un appel à ne pas "voter ethnique".

Dans la banlieue pauvre d'Ozd, les habitants roms interrogés par l'AFP au cours d'une journée de mars ne s'intéressent guère à ces débats. Ils s'inquiètent surtout de trouver du travail.

"Nous n'avons pas accès aux vrais emplois", se plaint Galambacz Peterne, affectée au nettoyage d'écoles dans le cadre d'un programme du gouvernement prévoyant des travaux d'intérêt général pour les chômeurs, en échange de leurs allocations.

"Mon frère est cuisinier dans un hôtel à Budapest, mais il est le seul Rom parmi 200 employés", ajoute son mari.

"La différenciation a toujours causé des problèmes, nous voulons nous intégrer, et pour cela nous avons besoin de travail", argumente Kalman Berki, un métallurgiste de 40 ans. "Nous sommes Hongrois d'abord, Roms ensuite!", s'exclame-t-il.

Dans la soirée, lors d'un meeting du parti des Roms hongrois (MPC), une centaine de personnes assistent à un spectacle de rappeurs roms, qui chauffent la salle avant l'arrivée de responsables politiques.

"Tous les quatre ans, nos votes sont achetés contre des saucisses et du ragoût. Il faut que cela cesse! Défendons-nous!", lance sous des applaudissements nourris le candidat du MPC de la circonscription, Csaba Harkaly, en référence à la pratique des achats de vote qui sévit aussi en Bulgarie ou en Roumanie.

Il faudrait certes "un miracle" pour que le MPC recueille les 5% des voix nécessaires -soit au moins la moitié des 500.000 électeurs roms estimés- pour entrer au Parlement, indique à l'AFP Aladar Horvath. Mais "avec 2%, les coûts de notre campagne seraient couverts", dit-il, et "nous pourrions nous préparer pour les élections de 2018".

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