Le maire de Bogota, l'ancien guérillero Gustavo Petro, a appelé le président colombien Juan Manuel Santos à suspendre sa procédure de destitution, à l'instar de la consigne lancée mercredi par la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) à Washington.
"J'espère simplement que le président fera preuve de respect, sachant que le traité (de la CIDH) fait partie de notre loi, de notre constitution", a lancé M. Petro, dans un entretien à la radio colombienne La W.
Symbole de la gauche en Colombie, l'élu, qui se dit victime de persécution, fait l'objet d'une destitution, assortie d'une inéligibilité de 15 ans, pour une passation de marché considérée illégale.
Cette décision, prise par une autorité administrative fin 2013, a été confirmée mardi par le Conseil de l'Etat, mais le CIDH a demandé mercredi au gouvernement de "suspendre immédiatement" ce processus, afin de "garantir l'exercice des droits politiques de Gustavo Petro" et lui permettre d'"achever son mandat".
Créé en 1959, la CIDH est un organe indépendant au sein de l'Organisation des Etats américains (OEA) qui rassemble une trentaine de pays du continent américain, dont la Colombie.
A la suite de la décision du Conseil d'Etat, il revient désormais au président Juan Manuel Santos de proclamer officiellement la destitution du maire de la capitale pour que celle-ci soit effective.
Selon M. Petro, le chef de l'Etat commettrait une "énorme erreur politique et historique" en ne suivant pas la consigne de la CIDH.
Investi en janvier 2012 pour un mandat de quatre ans à la tête de cette mégalopole de sept millions d'habitants, M. Petro n'a cessé de mener une bataille judiciaire contre ce qu'il considère comme un complot contre le processus de paix actuellement en cours avec la guérilla marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc).
De nombreuses manifestations ont eu lieu en soutien à cet économiste de 53 ans, lui-même ancien membre de la guérilla urbaine du M-19 (Mouvement du 19 avril), un mouvement d'insurrection dissous en 1990.
Parallèlement, l'élu fait face à la convocation d'un référendum révocatoire à la demande de l'opposition qui a réuni un nombre suffisant de signatures.
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