Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

A Novoozerne, les soldats ukrainiens cèdent leur base aux Russes

A Novoozerne, les soldats ukrainiens cèdent leur base aux Russes

Ils sont sortis tête basse, en tenue de camouflage, leurs affaires dans des sacs plastiques. Les militaires ukrainiens de Novoozerne, dans l'ouest de la Crimée, ont laissé les soldats russes, cagoulés et armés, prendre possession mercredi de leur base navale.

A peine avaient-ils franchi le seuil du portail rouillé que la dernière bannière ukrainienne flottant encore sur le sinistre bâtiment jaunâtre était remplacée par un drapeau aux couleurs de Moscou.

Sous l'oeil des soldats russes, de miliciens et d'habitants favorables à la Russie, environ trente Ukrainiens sont sortis, dans un silence de marbre et un froid glacial. "Interdiction de filmer ce moment !", lance alors un officier russe.

C'est la deuxième base de Crimée à être occupée par les forces de Moscou après le quartier général de la marine ukrainienne à Sébastopol mercredi matin.

Selon le commandant adjoint de la base, joint au téléphone par l'AFP, les hommes des milices pro-russes sont entrés les premiers, précédés par un groupe de femmes et d'enfants. Les soldats russes sont arrivés ensuite, entraînant l'évacuation des Ukrainiens.

A leur sortie, la plupart des militaires ukrainiens rejoignent des baraquements sans charme, juste en face de la base, certains accompagnés de leur femme. D'autres quittent les lieux dans un vieux minibus spécialement affrété.

Rares sont ceux qui acceptent de s'exprimer. "Nous avons un service de presse. Je ne peux pas parler", lâche un officier en civil, la mine tendue.

Seul Andreï, un officier, képi blanc sur la tête, se dit heureux "que tout soit terminé, que tout ait été calme et qu'il n'y ait pas eu d'effusion de sang". Il prévoit désormais de quitter la Crimée

"Il n'y a pas eu de conflit ni de provocation de la part des habitants et des militaires" russes, assure-t-il.

"On a beaucoup d'amis ici, donc c'est triste. C'est dommage de devoir agir comme ça vis-à-vis d'eux", explique un civil, Alexandre, sous la capuche de sa doudoune.

S'il est venu à la base, c'est "pour éviter les tirs" entre Russes et Ukrainiens.

Il a lui-même servi dans l'armée ukrainienne, qu'il a quittée dans les années 90, car "elle ne tenait pas ses promesses". Devenu aujourd'hui "businessman", il est Russe "d'âme et de coeur", affirme-t-il, le regard acier, en se touchant la tête puis la poitrine.

Derrière lui, des membres de la base --officiers ou personnel administratif-- continuent de quitter les lieux au compte-goutte. Les sacs qu'ils transportent sont fouillés par les soldats.

Cinq militaires russes casqués, cagoulés et armés montent la garde. Les autres patrouillent à l'intérieur et autour du bâtiment. L'un d'eux garde ostensiblement un doigt sur la gâchette de son fusil.

Aucun d'eux n'arbore un quelconque signe distinctif de l'armée qu'ils servent. Une simple coquetterie, car les couleurs russes sont partout dans la base et sur les véhicules.

Avant même le départ des Ukrainiens, deux hommes en civils avaient vissé un blason sur le portail: un aigle bicéphale, symbole de l'empire russe, restauré après la chute de l'Union soviétique.

zap-lap/via/gg

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.