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Soldats ukrainiens assiégés en Crimée: se soumettre ou partir

Soldats ukrainiens assiégés en Crimée: se soumettre ou partir

Les soldats russes creusent tranchées et postes de tir, installent des mortiers sur la colline surplombant la base militaire ukrainienne de Perevalne, en Crimée. A l'intérieur, les soldats restés fidèles à Kiev font face à un dilemme: se soumettre ou partir.

Au lendemain du référendum qui a plébiscité le rattachement de la région sécessionniste à la Russie, ce fut l'une des premières décisions du parlement de Crimée: la "dissolution" des unités ukrainiennes en Crimée, encerclées dans leurs bases depuis la fin février par des civils pro-russes et des milliers de soldats russes aux uniformes sans signes distinctifs.

Les militaires ukrainiens devront "se rallier ou partir", a prévenu le président du parlement de Crimée Volodymyr Konstantinov. Dans la péninsule ils sont des milliers à observer, arme à l'épaule ou mains sur les hanches, les forces de Moscou s'installer pour un siège.

Les autorités de Kiev ont dès lundi répondu qu'il n'était pas question que leurs troupes quittent la péninsule mais, le recours à la force contre l'armée russe ou les civils pro-russes étant exclu, elles ne peuvent qu'assister à leur emprisonnement.

Dimanche, le ministre ukrainien de la Défense par intérim, Igor Tenioukh, avait assuré à Kiev que le blocus des bases ukrainiennes en Crimée avait été levé et qu'elles seraient libres d'accès jusqu'au 21 mars, à la suite d'un accord entre les commandants des forces russes et ukrainiennes dans la région.

Cela devait notamment permettre de les ravitailler, alors que les réserves de nourriture s'épuisent.

Mais sur le terrain à Perevalne, à 25 km au sud de la capitale de Crimée Simféropol, le siège n'a jamais été aussi hermétique. Une quinzaine de soldats russes en tenue de combat est en faction aux portes de la base. Un blindé de Moscou a été rajouté aux plots de béton et aux chevaux de frise qui barrent l'entrée. Le camp est chaque jour mieux organisé avec tentes chauffées, antennes de transmission, sanitaires.

Les civils pro-russes qui campent devant la porte sont plus agressifs que jamais, insultent et menacent les journalistes étrangers, tentent de s'emparer de la caméra d'un reporter de l'AFP. Derrière les grilles, trois soldats ukrainiens sans armes regardent la scène.

Avant le vote de dimanche, les nouvelles autorités de Simféropol avaient indiqué que les soldats ukrainiens originaires de Crimée seraient autorisés à rester dans la péninsule puis à rejoindre, quand le rattachement à la Russie serait effectif, l'armée russe. Ceux originaires de l'Ukraine continentale seraient autorisés à partir.

Dans l'immense port de Sébastopol, base de la flotte russe de la mer Noire, loué depuis la disparition de l'Union Soviétique par Kiev à Moscou, deux navires seulement font flotter à leur mât les couleurs jaune et bleue de l'Ukraine, contre une vingtaine de bâtiments russes. Ils ont été éloignés de vingt mètres du quai pour rendre plus difficile un assaut. Trois fusiliers marins en gilets pare-balles et casques lourds montent la garde.

La passe d'entrée du port est fermée par des bâtiments russes et des bidons géants reliés par des chaînes.

"Nous sommes prisonniers de cette situation politique davantage que de ce port", déplore Pavlo, un officier descendu à terre. "Tant que les politiques n'auront pas réglé la situation entre eux, nous serons otages ici". Il assure qu'en cas d'attaque les ordres sont de défendre le bâtiment, mais sans tirer un coup de feu.

"Nous avons un accord avec les Russes pour que tout reste calme jusqu'au 21 mars, et même après j'espère" ajoute le commandant en second du navire de commandement Slavoutich. "Pour la suite on ne sait pas, seuls Moscou et Kiev savent. On est là, on ne descend pas du bateau. On est des militaires, on attend les ordres".

A Sébastopol et Simféropol, des guichets ont été installés dans les centres de recrutement de l'armée ukrainienne, sur lesquels flotte désormais le drapeau russe, spécialement dédiés à l'accueil des soldats et marins de Kiev souhaitant faire défection.

Au lendemain de sa victoire électorale le Premier ministre de la Crimée Serguiï Axionov avait affirmé, radieux, que dans la cité portuaire cinq cents militaires ukrainiens avaient déjà rejoint les rangs des forces de Crimée, bientôt de l'armée russe.

mm/via/phv

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