Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

La Grèce et ses créanciers sortent de six mois d'impasse

La Grèce et ses créanciers sortent de six mois d'impasse

Six mois de négociations "très dures" entre Athènes et ses créanciers (UE, BCE et FMI) ont finalement abouti mardi à un accord ouvrant la voie à une nouvelle tranche d'aide, l'une des dernières avant une sortie des plans d'assistance, espère la Grèce.

"Nous avons achevé une négociation difficile", a annoncé le ministre des Finances Yannis Stournaras évoquant des "mois durs, très durs, les plus durs jusqu'à maintenant".

Le texte détaillé de l'accord ne sera finalisé que dans les prochains jours conduisant la Commission européenne, plus prudente, à évoquer "un accord sur les principaux points".

Il n'en a pas fallu plus au Premier ministre Antonis Samaras pour faire valoir les concessions remportées par son gouvernement et annoncer "avec grande satisfaction" la prochaine affectation de "plus de 500 millions d'euros à un million de Grecs", les "plus pauvres, ceux qui ont été le plus injustement touchés" par la crise.

Ces 500 millions seront prélevés sur l'excédent budgétaire primaire (hors charge de la dette) dégagé par la Grèce en 2013 pour la première fois depuis dix ans et que le gouvernement avait promis de consacrer en grande partie aux plus vulnérables.

La répartition de cet excédent était l'un des points litigieux entre la Grèce et la troïka alors que le montant du surplus reste à confirmer en avril par Eurostat. Le Premier ministre l'a évalué à plus de 1,5 milliard d'euros.

Antonis Samaras dont le parti conservateur, Nouvelle-Démocratie, est au coude à coude dans les sondages avec la gauche radicale du Syriza, a également annoncé 20 millions d'euros "d'urgence" pour l'aide aux sans-abris, une baisse des charges sociales pour les employeurs et les salariés, un remboursement des dettes dues par l'Etat au secteur privé à hauteur de 2,8 milliards d'euros.

Il n'a en revanche pas précisé la nature de l'arrangement qui avait été trouvé avec les créanciers sur plusieurs réformes devant lesquelles Athènes renâclait: libéralisation de certains marchés, notamment lait, livres et médicaments, simplification des procédures de licenciement collectif, poursuite des mises en disponibilité dans la fonction publique en 2015.

Selon les médias grecs, ces deux derniers points auraient été, au moins temporairement, gelés. Il serait extrêmement délicat à les faire adopter par la majorité parlementaire réduite à 153 sièges sur 300.

"Les discussions ont été longues parce que ce sont des questions compliquées, difficiles (...)", a précisé le porte-parole de la Commission européenne.

Entamé fin septembre, le quatrième audit des comptes et réformes grecs, dans le cadre du second programme d'assistance, aurait dû être bouclé en quelques semaines.

Après une interruption des discussions mi-décembre, les hauts représentants de la troïka des créanciers sont revenus à Athènes fin février.

Cette revue est la clef du déblocage des prêts restant dus (environ 10 milliards pour la zone euro) au titre de ce second plan d'aide. Un milliard d'euros avait été accordé en décembre mais la Grèce escompte cette fois le dégel d'au moins 8,5 milliards, nécessaire avant l'arrivée à maturité en mai de bons du Trésor.

En échange de mesures d'austérité draconiennes, Athènes a déjà reçu, depuis 2010, deux prêts de 240 milliards d'euros au total, une somme de 50 milliards pour recapitaliser ses banques et a bénéficié d'un effacement de dette de plus de 100 milliards d'euros consenti par ses créanciers privés.

Or cette quatrième revue, qui devrait être suivi d'un ultime audit avant la fin du plan d'aide, a laissé de côté deux sujets cruciaux pour l'avenir de la Grèce: les discussions sur un allègement de la dette (175% du PIB) et un éventuelle troisième aide dont Athènes aimerait pouvoir se passer.

Ces sujets ne seront abordés qu'après les élections européennes, qui sont accompagnées en Grèce d'élections locales à haut risque pour la fragile coalition de M. Samaras avec les socialistes.

Privée des marchés d'emprunts à long ou à moyen terme depuis 2010, la Grèce a levé mardi 1,3 milliard d'euros en bons du Trésor à trois mois, à un taux de 3,10%, en baisse de 0,5% par rapport à une émission similaire en février.

smk-may/hec/bir

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.