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Ecosse: A six mois du référendum d'indépendance, le OUI en progrès mais minoritaire

Ecosse: A six mois du référendum d'indépendance, le OUI en progrès mais minoritaire

A six mois d'un référendum historique, les partisans du "oui" à l'indépendance de l'Ecosse grignotent du terrain mais restent minoritaires face à une coalition hétérogène, déterminée à empêcher le scénario-catastrophe d'un éclatement du Royaume-Uni: quitte à accorder plus d'autonomie à Edimbourg.

Leurs slogans --"better together" (mieux ensemble) et "UK OK"-- claquent. Mais l'alliance des trois grands partis "londoniens" partisans du "non" --conservateurs et libéraux-démocrates au pouvoir et travaillistes d'opposition-- est aussi résolue qu'improbable.

David Cameron, le Premier ministre britannique garant de l'ensemble Angleterre-Ecosse-Irlande du Nord-Pays de Galles, a engagé une partie de poker menteur en acceptant un scrutin d'autodétermination le 18 septembre prochain. Avec la conviction de battre à son jeu le Premier ministre écossais séparatiste Alex Salmond.

A en croire l'institut Survation, l'équilibre des forces s'établissait début mars à 39,3 pc en faveur du "oui", 47,6 pc pour le "non" et 13,1 pc d'indécis.

"Il serait vraiment incroyable qu'Alex Salmond arrache la victoire", a commenté Michael Marra de l'université de Dundee.

"Quelque chose a bougé", mais "de façon assez modeste, et le camp du oui reste très à la traîne", confirme à l'AFP John Curtice, politologue à l'université de Strathclyde.

Depuis plus de 30 ans, les indépendantistes représentent invariablement le tiers de l'électorat, mais "l'écart s'est un peu resserré depuis le Nouvel An", dit-il. La progression serait de deux à trois points, si l'on fait la moyenne des sondages depuis la mi-2013.

Peter Lynch, son collègue de l'université de Stirling acquiesce: "Il y a une tendance favorable au +oui+, mais ils perdent toujours".

Il en faudrait plus pour démonter le chef du parti séparatiste SNP, âgé de 59 ans et qui dispose d'une majorité absolue au parlement régional d'Holyrood. "L'espoir l'emportera sur la peur", affirme de sa voix rocailleuse Alex Salmond, qui voudrait déchirer l'acte d'Union avec l'Angleterre, de 1707.

Il a précisé en novembre dans un volumineux manifeste son rêve d'un pays de 5,3 millions d'habitants à forte identité culturelle, comparable à la Suisse, la Finlande ou la Norvège. Et parfaitement viable avec notamment l'or noir de la mer du Nord, et l'or ambré qu'est le Whisky.

Membre de l'UE, de l'Otan, dénucléarisé, il conserverait la livre sterling pour devise et la reine Elizabeth pour monarque. La où ses compétences se limitent aujourd'hui à la santé, l'éducation, la justice et l'aménagement du territoire.

La campagne s'est emballée en février, quand le ministre britannique des Finances George Osborne a averti que les Ecossais devront choisir "entre la livre sterling et l'indépendance".

Puis le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a estimé "extrêmement difficile sinon improbable" une adhésion à l'UE.

Enfin nombre de dirigeants du secteur de la finance et du pétrole --dont Royal Dutch Shell et BP-- ont exprimé leur préférence pour le statu quo, pour des raisons fiscales essentiellement.

Sur la défensive, Alex Salmond dénonce "la pire campagne de dénigrement de l'histoire moderne". Evoque "des plans B, C, D, E et F" pour conserver la livre. Espère un retour de manivelle.

Peter Lynch semble lui donner raison quand il déclare: "L'élite super riche expliquant à distance comment voter, cela ne constitue pas forcément la meilleure stratégie".

D'après lui, les préoccupations des électeurs ont trait à l'emploi, l'éducation, les services publics. "Ce que les gens veulent savoir, c'est s'ils seront mieux ou moins bien lotis".

Jusqu'ici, le SNP social-démocrate a gagné des voix en préconisant un modèle "plus juste" à la scandinave face "aux aristos" londoniens, selon une formule chère à Alex Salmond.

Premier visé, David Cameron a sorti son joker la semaine dernière. "Voter non ce n'est pas voter non au changement", a-t-il plaidé en envisageant notamment de renforcer l'autonomie fiscale de l'Ecosse. "Pas comme un lot de consolation à Alex Salmond, mais dans un esprit de justice."

Travaillistes et Libéraux-démocrates envisagent des concessions similaires.

Ce qui incite John Curtice à envisager "un nouveau transfert graduel de pouvoirs", à défaut d'indépendance.

Dans l'incertitude, les spéculations vont bon train sur les termes du divorce, qu'il s'agisse du partage des revenus pétroliers ou de la garde de Tian Tian et Yang Guang, les pandas géants du zoo d'Edimbourg, offerts par la Chine au Royaume-Uni.

dh/jk/abk

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