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Renforcé par le référendum de Crimée, Poutine ne pliera pas devant les sanctions (analystes)

Renforcé par le référendum de Crimée, Poutine ne pliera pas devant les sanctions (analystes)

Le président russe Vladimir Poutine sort dans l'immédiat renforcé du référendum qui a largement approuvé dimanche le rattachement de la Crimée à la Russie et ne se laissera nullement impressionner par les sanctions occidentales, estiment les analystes.

"La population est euphorique: elle se dit +nous avons eu ce que nous voulions ! Nous avons récupéré une partie de notre territoire !+ Le soutien au pouvoir en Russie est aujourd'hui sans précédent", dit à l'AFP Alexeï Makarkine, du Centre des technologies politiques.

"Il est flagrant que seule une petite minorité est contre", ajoute-t-il.

Quelque 50.000 personnes ont manifesté dimanche à Moscou contre "l'annexion" de la crimée.

Le président s'exprimera mardi devant le Parlement russe sur la Crimée, au lendemain de la demande formelle de rattachement de la péninsule ukrainienne à majorité russophone après un plébiscite de 97% des votants.

Dans le même temps, l'intégration va de l'avant et le président de la chambre basse, Sergueï Narychkine, a annoncé lundi que celle-ci prendrait "rapidement et de manière efficace" toutes les mesures nécessaires en ce sens.

Les partisans de Poutine "applaudissent: +enfin une poigne, un dirigeant puissant !+ (...) les gens admirent son audace (...) tout va bien en politique intérieure", renchérit Olga Krychtanovskaïa du Centre d'études des élites à l'Académie des sciences de Russie.

Dimanche soir, après les images de la foule entonnant l'hymne russe en Crimée, la télévision diffusait une discussion entre personnalités du monde culturel et politique, se félicitant du retour dans le giron russe de la Crimée offerte en 1954 à la République soviétique d'Ukraine et dont certaines assuraient que les sanctions renforceraient la Russie.

Une position affichée lundi par le vice-Premier ministre Dmitri Rogozine, lui-même visé lundi par des sanctions américaines. "Nous nous débrouillerons de toute façon et cela obligera peut-être même notre industrie à travailler mieux", a-t-il déclaré, cité par l'agence Interfax.

Outre des mesures déjà annoncées, l'Union européenne a adopté lundi des sanctions contre 21 personnalités ukrainiennes et russes jugées responsables de l'annexion de la Crimée par la Russie. De son côté, le président des Etats-Unis Barack Obama a décrété des sanctions contre sept hauts responsables gouvernementaux et politiques russes.

Mais Poutine ira-t-il plus loin: sera-t-il tenté de prendre possession de l'est industriel et à majorité russophone de l'Ukraine ou au moins d'y accroître son influence ?

"Tout le monde se pose la question, mais personne ne connaît la réponse. Il est logique de supposer qu'il va faire du chantage mais qu'il ne franchira pas le pas: le budget russe ne pourrait subvenir aux besoins d'un si gros morceau de territoire", estime M. Alexeï Malachenko, du centre Carnegie.

"Cela lui suffit, il se sent vainqueur et l'est de l'Ukraine pourrait le conduire à la défaite, il n'y a pas là bas un soutien de la Russie par 97% de la population, ce serait la guerre civile. Il faut s'arrêter là", ajoute-t-il.

Mais il s'agit là de "logique", or "ces derniers temps Poutine est guidé par ses émotions", affirme-t-il.

"Si des sanctions d'ampleur sont introduites, la Russie peut aller jusqu'au bout car il n'y aura rien à perdre", affirme Mme Krychtanovskaïa.

Pour l'analyste indépendant Dmitri Orechkine, Poutine serait conduit à "s'enfoncer plus dans le conflit ukrainien pour faire oublier les difficultés économiques".

"Poutine aura le soutien de la population, on pourra accuser l'Occident pour nos problèmes économiques mais les gens ne sont pas prêts à faire des sacrifices, à se trouver dans une économie de mobilisation", pense quant à lui M. Makarkine.

Vladimir Poutine bat son record de popularité depuis sa réélection à la présidence russe en mai 2012, notamment grâce à son intervention en Ukraine, selon les principaux instituts de sondages russes.

Plus de deux Russes sur trois (69% des personnes interrogées, soit 9 points de plus qu'en février 2013), disaient approuver fin février sa politique, selon une enquête du Centre Levada (indépendant).

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