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Les conservateurs doivent réformer la Serbie après leur victoire aux législatives

Les conservateurs doivent réformer la Serbie après leur victoire aux législatives

Après avoir remporté haut la main les législatives en Serbie, les conservateurs (SNS) doivent démontrer qu'ils sont capables de mettre en oeuvre les réformes promises pour redresser une économie en détresse et rapprocher le pays de l'Union européenne.

Le Parti serbe du progrès (SNS) du puissant vice-Premier ministre sortant et sans doute futur chef du gouvernement Aleksandar Vucic a raflé 48% de voix, selon des résultats partiels officiels, un score lui permettant de former seul, s'il le souhaite le nouveau cabinet.

Si la coalition gouvernementale sortante devait être reconduite, elle serait encore plus solide car le principal allié du SNS, le Parti socialiste (SPS) est arrivé en deuxième position avec 14% de voix.

L'opposition a été anéantie, deux formations seulement ayant accédé au Parlement avec près de 6% de voix chacune.

Lundi, la presse et les analystes étaient unanimes pour dire qu'au vu de ce raz de marée électoral le SNS et M. Vucic devait rapidement passer aux réformes.

"Un pouvoir monolithe a plus de possibilités d'agir. Il n'y aura pas d'excuse à ne pas mettre en oeuvre les réformes", a dit l'analyste Nemanja Nenadic l'ONG Transparency Serbia, qui surveille la lutte contre la corruption.

Les principales réformes attendues de longue date portent sur des amendements aux lois du Travail, des Privatisations et de la Faillite, cruciales pour redresser une économie sinistrée et attirer les investissement tant souhaités.

M. Vucic, 44 ans, a promis qu'elles seraient adoptées d'ici le mois de juillet.

Le nouveau gouvernement doit prendre des mesures impopulaires notamment pour alléger le secteur public pléthorique avec 700.000 personnes employées sur un total de 1,7 million d'employés au niveau national.

Il va devoir oeuvrer pour trouver des solutions pour créer des emplois dans ce pays de 7,1 millions d'habitants où le chômage touche 20,1% de la population active.

Le SNS a organisé les élections anticipées deux ans avant la fin du mandat de quatre ans du Parlement sortant pour mettre à profit le soutien populaire dont il bénéficiait suite au début en janvier des négociations d'adhésion à l'UE.

Dans un pays appauvri, rongé par la bureaucratie et la corruption, et où le salaire mensuel est de 350 euros, M. Vucic a vu sa cote monter après plusieurs arrestations spectaculaires d'hommes d'affaires puissants jusque-là intouchables dans le cadre de la lutte contre la corruption.

L'analyste politique Vladimir Vuletic, note que "lorsque la société est en crise, les citoyens sont à la recherche d'une certaine cohésion et cela est porteur d'une très grande responsabilité".

"Les défis sont énormes et la question se pose de savoir comment le SNS va les affronter et à quel point il sera en mesure de réaliser ce qu'il a promis aux citoyens", a-t-il ajouté.

Jadis au ban des nations, en raison de son rôle dans les conflits qui ont marqué le démantèlement sanglant de l'ex-Yougoslavie, la Serbie a réussi à surmonter cette image.

Depuis son accession au pouvoir en 2012 le gouvernement du SNS a amélioré d'une manière spectaculaire les relations avec l'ancienne province serbe du Kosovo où la majorité albanaise a proclamé son indépendance en 2008.

Ces efforts ont été récompensés par l'Union européenne avec l'ouverture en janvier de négociations d'adhésion avec la Serbie mais la poursuite de ce processus restera un critère clé à remplir durant les laborieux pourparlers d'adhésion au bloc des 28 que Belgrade souhaite achever en 2020.

Bénéficiant d'une telle majorité, "Vucic a hérité d'une responsabilité absolue pour tout ce qui se passe en Serbie", affirme l'éditorialiste du quotidien Blic, Svetomir Marjanovic.

"Des paiements réguliers des retraites et jusqu'aux négociations avec l'UE et le Kosovo, tout sera de sa responsabilité", fait-il valoir.

Certains s'inquiètent ouvertement d'un risque de dérapage autoritaire du SNS et de M. Vucic face à une opposition pulvérisée.

"L'opposition est faible et cela n'a jamais été bon pour la démocratie", a dit l'analyste Milan Nikolic.

bur-cn/ros

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