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L'autre amertume du café brésilien

L'autre amertume du café brésilien

En raison de la sécheresse qui affecte les zones de culture caféière du pays, les cours du précieux grain de café arabica brésilien ont grimpé de 82 % depuis janvier. Cette hausse rendra-t-elle la tasse de café matinale plus amère pour le portefeuille des consommateurs?

Une septième hausse de suite a fait passé le prix de l'arabica - utilisé pour les populaires espressos - au-delà du seuil psychologique de 1 $/lb (2,20 $/kg) sur les marchés new-yorkais. Ce niveau n'avait pas été atteint depuis plus de deux ans.

Le manque de pluie, particulièrement sévère dans l'État du Minais Gerais, a stoppé le développement des cerises et donc le nombre de grains, souvent atrophiés. La récolte bisannuelle pourrait être amputée d'au moins 11 %, prévoit certains observateurs.

Mais les dés ne sont pas joués pour autant. La récolte de mai-juin peut encore sauver la mise. C'est à ce moment que sera chiffrée l'ampleur des pertes brésiliennes. D'ici là, les marchés du café seront très nerveux, d'autant que les spéculateurs y ont fait leur grand retour.

Le café est la matière première agricole la plus négociée dans le monde et son prix est historiquement l'un des plus volatiles. Les changements climatiques et les maladies influencent les cours autant que la dépendance de l'exportation au Brésil qui représente à lui seuil 20 % de l'offre mondiale et près de 50 % de la production d'arabica.

En comparaison, l'épidémie de maladie de la rouille (champignon ravageur), révélée en septembre 2012, a affecté 60 % des caféiers d'Amérique centrale sans faire broncher les cours. Les pertes se sont pourtant élevées à 500 millions de dollars dans la région, qui concentre 14 % de la production mondiale.

Le cours du robusta, utilisé quant à lui dans la fabrication du café instantané, a également atteint des sommets cette semaine, atteignant son plus haut niveau en près d'un an et demi. Son offre est également menacée au Vietnam, premier exportateur mondial de ce type de café.

Hausse du prix de la tasse?

Il est encore trop tôt pour évaluer dans quelle mesure les consommateurs seront affectés par ces hausses des cours. Il faut du temps pour que le prix des matières premières se répercute sur les ventes de détail.

« Toutefois, si les prix du café se maintiennent à ce niveau élevé, nous verrons un impact », explique Dana LaMendola, analyste du cabinet Euromonitor.

Les plus gros acheteurs, Nestlé ou Starbucks, sont plus à l'abri que les petits torréfacteurs. Leurs prix sont fixés pour de grosses quantités pour un an, voire un an et demi de besoin. Mais même le géant Kraft, rebaptisé Mondelez, envisageait le mois dernier une hausse des prix du paquet de café si l'envolée des cours d'arabica se prolongeait.

Pour Dana LaMendola, la hausse des prix sera d'abord palpable dans les cafés indépendants, qui « sont moins protégés » contre les fluctuations des prix, avant de toucher les chaînes de café et enfin les supermarchés.

L'Australie particulièrement touchée

Pour les consommateurs australiens, le réveil sera toutefois plus brutal. Selon Chris Togias, directeur de Griffiths Coffee, le plus ancien torréfacteur de café d'Australie, « la récente augmentation [du prix] des grains de café donnera lieu à une augmentation d'au moins 50 cents sur une tasse de café ».

« Un café coûte entre 3 et 4 $ en Australie, donc ça sera probablement une augmentation de 12 % à 15 % », détaille-t-il.

Selon lui, l'augmentation se fera sentir dans le monde entier, car « c'est un problème d'offre qui ne vient pas seulement du Brésil. Il y a également un problème d'offre au Vietnam ».

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