Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Référendum en Crimée: Simféropol se prépare à une victoire russe annoncée

Référendum en Crimée: Simféropol se prépare à une victoire russe annoncée

Dans la salle de spectacle de l'école numéro neuf à Simféropol les isoloirs et les urnes attendent les électeurs ukrainiens qui viendront dimanche, personne n'en doute, se prononcer en faveur d'un rattachement de la Crimée à la Russie.

Tatiana, comptable dans le civil et qui refuse de donner son nom, est membre de la Commission électorale de ce quartier de la capitale de la région séparatiste. Elle passe la journée dans la pièce décorée de stuc rose et blanc, près de la scène fermée par une rideau rouge, à attendre, devant des listes d'émargement sur de grandes feuilles, les électeurs inquiets.

"Aujourd'hui je serai là jusqu'à 18H00", dit-elle. "Les électeurs viennent vérifier que leur nom figure bien sur les listes électorales. Et d'autres nous signalent les noms et les adresses des vieux et des malades qui ne peuvent se déplacer. La commission enverra quelqu'un avec une urne pour les faire voter à domicile".

Les autorités séparatistes assurent disposer, malgré l'opposition de Kiev qui ne reconnaît pas la légalité du scrutin, de listes à jour, datant de la dernière consultation en 2012. Elles s'estiment en mesure de donner dès dimanche soir une estimation des votes et le résultat lundi.

Les isoloirs ont été construits de bois blanc et de voile de nylon vert. Les deux urnes, grandes boîtes verticales en plastique transparent de un mètre cinquante de hauteur, sans cadenas, trônent sur le plancher peint en gris au milieu de la pièce.

Maria, 83 ans, cheveux blancs dépassant de son fichu bleu, se présente avec trois passeports. "Il y a un invalide et une très vieille babouchka qui ne peuvent se déplacer", dit-elle. "Je viens donner leur adresse".

Une mère et sa fille la suivent. "Bonjour, on vient vérifier que nous sommes bien sur la liste..."

Tatiana cherche avec son doigt. "Katherina et Olga, c'est bon".

Dans le hall d'entrée de l'école, sous la carte de la Crimée, le jaune et le bleu du drapeau ukrainien sont encore peints sur le mur.

Mais dans la ville les drapeaux russes sont omniprésents. Les affiches de quatre mètres sur trois présentent l'Ukraine continentale comme un repaire de nazis, la Crimée aux couleurs russes comme un havre de paix.

Sur la place Lénine, un cordon de cosaques à l'air farouche garde le bâtiment du conseil des ministres de la région. De l'autre côté de la place, une immense scène aux couleurs de la Russie n'a pas été démontée depuis dix jours. Des orateurs plus ou moins connus haranguent une population toute acquise à la cause de Moscou.

Les spectacles de danses et chants russes, les chorales d'homme aux voix graves et les fanfares militaires de la Flotte de la mer Noire s'y succèdent devant une assistance surmontée de centaines de drapeaux. On s'y prend en photo, on applaudit les slogans pro-russes, on se drape dans des bannières distribuées à la ronde.

A l'arrière de la scène une grande bâche sérigraphiée a été tendue. Elle porte la photo d'un grand bouquet de fleurs blanches et ces trois mots: "Crimée", "Printemps" et "Espoir".

mm/kat/bir

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.