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Poursuite des heurts intercommunautaires dans le sud de l'Algérie

Poursuite des heurts intercommunautaires dans le sud de l'Algérie

Des heurts opposant des Arabes à des Berbères se poursuivaient samedi pour la cinquième journée consécutive à Ghardaïa, cité du sud algérien aux portes du Sahara, selon un notable local.

Il est difficile dans l'immédiat d'avoir un bilan précis de ces affrontements entre Chaâmbas (Arabes) et Mozabites (Berbères) qui ont éclaté mardi.

Au moins trois personnes seraient mortes alors qu'elles tentaient de s'introduire de force dans un commissariat à Ghardaïa, selon Bahmed Babaoumoussa, un notable mozabite, mais ces faits ne pouvaient être confirmés de source indépendante.

"La situation ne présage rien de bon, tout risque de basculer", a-t-il ajouté catastrophé.

Le porte-parole du comité de coordination de cette ville, Ahmed Baba Aissa, avait fait état jeudi d'une centaine de blessés, puis vendredi, l'agence algérienne APS avait annoncé une soixantaine de blessés, dont huit dans un état "très grave", durant les dernières 24h.

Des familles mozabites chassées ces dernières semaines de chez elles par des Chaâmbas étaient revenues mardi pour réintégrer leur maison, ce qui serait la cause des derniers incidents selon la presse.

"Des centaines de personnes continuent de s'affronter dans le quartier mixte de Hadj Messaoud", a déclaré par téléphone à l'AFP Mohamed Tounsi, un notable de cette région située à 600 km au sud d'Alger.

Ailleurs, "un calme précaire est revenu dans la majorité des quartiers samedi mais il faut rester prudent", a pour sa part indiqué à l'AFP Hamou Mesbah, de la fédération du Front des Forces Socialistes (FFS) parti très présent à Ghardaïa.

"Les Mozabites qui habitent les quartiers mixtes et dont les maisons n'ont pas été brûlées veulent emporter leurs affaires pour ne pas tout perdre", a-t-il expliqué.

Samedi, "tout était fermé à Ghardaïa centre, c'est une ville fantôme", a expliqué le responsable politique. "Même les enfants qui avaient école en ce jour de week-end pour rattraper le retard lié à la fermeture des écoles suite aux récents heurts, n'ont pas été en classe".

Les dernières violences intercommunautaires dans cette ville avaient eu lieu entre décembre et janvier et fait au moins quatre morts parmi les Mozabites et plus de 200 blessés.

Depuis un mois, la ville vivait dans un calme relatif, ce qui a amené le patron de la police, le général Abdelghani Hamel, à annoncer il y a une semaine un allègement des forces de l'ordre dépêchées en grand nombre pour séparer les communautés.

Selon le wali (préfet), cité M. Tounsi, "les effectifs de la police ont été réduits de 40% une fois le calme revenu dernièrement".

Du coup, "les policiers n'arrivent pas à arrêter les heurts", s'est plaint le notable.

"Certains ont profité de cet allègement pour attaquer les Mozabites", a déclaré par téléphone à l'AFP l'un d'entre eux, Brahim, un commerçant qui se dit "affligé par la centaine de magasins brûlés depuis jeudi" et qui s'ajoutent à nombre de commerces et habitations incendiées depuis des mois selon lui.

A la mi-janvier, le Premier ministre Abdelmalek Sellal, devenu jeudi directeur de campagne du président Bouteflika qui brigue un quatrième mandat, s'était rendu à Ghardaïa pour tenter de calmer la situation.

Ces dernières violences, qui n'ont pas jusqu'à présent été commentées par le gouvernement, interviennent en plein préparatifs de la présidentielle, le 17 avril, qui opposera six candidats.

Le principal challenger de M. Bouteflika, Ali Benflis, a dénoncé vendredi soir dans un communiqué "l'absence de canaux de dialogue et de concertation entre l'Etat et la population".

Il a aussi regretté que "les pouvoirs publics n'aient pas pris les mesures appropriées pour apporter les vraies solutions à un problème qui risque de prendre des dimensions imprévisibles".

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