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Algérie : manifestations à Alger, trois morts dans des heurts communautaires à Ghardaïa

Algérie : manifestations à Alger, trois morts dans des heurts communautaires à Ghardaïa

Partisans et adversaires d'un 4e mandat du président Bouteflika se sont rassemblés nombreux samedi en Algérie, où des affrontements intercommunautaires qui ont éclaté il y a cinq jours ont fait au moins trois morts et de nombreux blessés à Ghardaïa.

Aux portes du Sahara, dans la ville multicentenaire de Ghardaïa, à 600 km au sud d'Alger, les affrontements entre Mozabites (Berbères) et Chaâmbas (Arabes), qui ont commencé mardi, se poursuivaient samedi et s'amplifiaient, selon plusieurs témoignages.

Samedi en début de soirée, trois personnes d'une trentaine d'années ont été tuées au cours de ces affrontements, a annoncé le directeur de la santé de la préfecture locale cité par l'agence algérienne APS. Les victimes "ont été atteintes par des objets contondants", a précisé l'APS. Une quatrième est dans un état critique.

Un notable mozabite, Ahmed Babaoumoussa, avait auparavant indiqué à l'AFP qu'il s'agissait de jeunes qui tentaient de s'introduire de force dans un commissariat de Ghardaïa, mais cette information n'a pas été confirmée.

S'il était difficile dans l'immédiat d'obtenir un bilan précis, des témoins évoquaient en début de soirée plus de 100 blessés tandis que l'agence algérienne APS avait fait état vendredi d'une soixantaine de blessés en 24 heures, dont huit dans un état "très grave", brûlés à l'acide.

"Des centaines de personnes continuent de s'affronter dans le quartier mixte de Hadj Messaoud", déclarait à la mi-journée à l'AFP un notable, Mohamed Tounsi, joint par téléphone.

Des propos confirmés par le Dr Brahim Baamara. "C'est le chaos. Il est très difficile de se déplacer (...), le quartier de Melika est pratiquement encerclé par des jeunes", a raconté cet interne en médecine, également joint par téléphone.

"Depuis quatre jours, nous soignons jour et nuit", poursuit-il, dénombrant "une centaine de blessés dont cinq graves" qui ont été "évacués à Alger par nos propres moyens".

Dans le reste de la ville, "un calme précaire est revenu samedi, mais il faut rester prudent", indiquait pour sa part Hamou Mesbah, de la fédération du Front des Forces Socialistes (FFS), parti très présent à Ghardaïa.

"Les Mozabites qui habitent les quartiers mixtes et dont les maisons n'ont pas été brûlées veulent emporter leurs affaires pour ne pas tout perdre", a-t-il expliqué.

Certaines des 200 familles mozabites chassées récemment par des violences étaient revenues dans leurs foyers mardi. C'est apparemment ce qui a relancé les incidents avec l'autre communauté, les Chaâmbas (Arabes).

Les dernières violences avaient eu lieu entre décembre et janvier, et avaient fait au moins quatre morts parmi les Mozabites, et plus de 200 blessés.

Depuis un mois, la ville vivait dans un calme relatif, ce qui a amené le patron de la police à annoncer il y a une semaine un allègement des effectifs des forces de l'ordre, dépêchées en grand nombre pour séparer les communautés.

Selon le wali (préfet), M. Tounsi, "les effectifs de la police ont été réduits de 40% une fois le calme revenu".

"Certains ont profité de cet allègement pour attaquer les Mozabites", estime Brahim, un commerçant mozabite qui se dit "affligé par la centaine de magasins brûlés depuis jeudi".

Selon Bahmed Babaoumoussa, membre d'un comité de quartier à Thénia, les commerçants mozabites "ont perdu plus de 40 milliards de centimes (+ de 4 millions d'euros)".

A Alger, l'atmosphère est aux préparatifs en vue de la présidentielle du 17 avril: il n'y a eu aucun commentaire officiel sur la situation à Ghardaïa.

Environ 3.000 partisans du président Abdelaziz Bouteflika, candidat à un 4e mandat, étaient rassemblés samedi pour une "rencontre nationale pour la sensibilisation des jeunes au vote".

Après la présentation d'un long documentaire consacré aux 15 ans de pouvoir du chef de l'Etat, âgé de 77 ans et amoindri par un AVC, son ancien Premier ministre a pris la parole.

M. Sellal a loué la stabilité de l'Algérie face au Printemps arabe, qu'il a comparé à un "moustique". "Nous avons pu fermer la porte pour qu'il n'entre pas et si jamais il essayait de rentrer, nous le combattrons au Fly Tox", un anti-moustique utilisé localement, a-t-il clamé.

Au même moment, à l'autre bout de la capitale, les plus importantes manifestations anti-Bouteflika depuis l'annonce de la candidature du président ont fait descendre dans la rue, et dans le calme, des centaines de personnes.

Trois cortèges différents ont défilé, dont le plus important à l'appel du mouvement Barakat ("Ça suffit") sous le mot d'ordre "Barakat la mascarade électorale".

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