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Robert Carsen croque une "Platée" en "fashion victim" à l'Opéra comique de Paris

Robert Carsen croque une "Platée" en "fashion victim" à l'Opéra comique de Paris

L'ensemble musical français Les Arts Florissants donnent à l'Opéra comique à Paris, du 20 au 30 mars, le chef d'oeuvre de Rameau "Platée", transposé par le metteur en scène canadien Robert Carsen dans l'univers parisien de la mode, avec Karl Lagerfeld en Jupiter, accompagné de sa chatte Choupette.

"C'est la vanité terrible de Platée qui l'amène à une situation épouvantable. J'ai placé tout cela dans le monde de la mode parisien", a expliqué Robert Carsen à l'AFP. "Platée n'est pas du tout à la mode, elle se pense formidable mais tout le monde se moque d'elle, c'est une fashion victim".

L'oeuvre de Rameau, sa plus populaire avec "Les Indes galantes", invente un nouveau genre, la satire. Il s'agit de moquer à la fois les humains et les dieux.

Platée - incarnée par un homme, le formidable ténor néerlandais Marcel Beekman - est la reine des Marais, une nymphe fort laide, que Jupiter feint d'aimer pour égarer la jalousie de son épouse Junon. Lorsque Junon découvre le visage de l'amante supposée de son époux, elle éclate de rire et Platée, bafouée, se précipite au fond de son marais.

"C'est une histoire très cruelle pour Platée, mais elle est aussi très touchante. Platée c'est nous, nous voulons tous être aimés, qu'on nous trouve beaux et extraordinaires, et que le roi des dieux vienne nous choisir", souligne Robert Carsen, également auteur de la nouvelle mise en scène de "La Flute enchantée" à l'Opéra de Paris.

Le fondateur des Art Florissants, le chef franco-américain "William Christie et moi parlons de monter Platée depuis des années, et nous sommes très attachés à ce caractère touchant. Platée est absurde, elle est mue par son ambition, mais elle est quand même victime d'une farce cruelle".

Robert Carsen souligne le côté "très cynique de l'oeuvre: tout ça est fait pour que Jupiter puisse calmer Junon pour continuer à avoir des aventures."

"Platée" avait été créé par Rameau pour le mariage à Versailles, en 1745, du dauphin Louis avec Marie-Thérèse d'Espagne, réputée fort laide, et le personnage de la nymphe disgracieuse a parfois été rapproché de la jeune épouse. Robert Carsen remarque tout de même que "Rameau a été nommé musicien de cour et compositeur auprès du roi, donc il n'a pas été pris en délit de lèse majesté".

"Platée" devait initialement être dirigé, à la tête des Arts Florissants, par William Christie, mais opéré récemment, il a cédé la baguette, comme à Vienne en février, à son adjoint Paul Agnew.

A Vienne, la création avait été un triomphe, et après l'Opéra comique, "Platée" sera donné le 2 avril à New York au Lincoln Center.

A Paris, "Platée" est un des points forts de l'année Rameau, qui fête le 250e anniversaire de la mort du compositeur des Lumières. Le programme est particulièrement riche autour de "Platée" à l'Opéra comique, avec une version de concert de "Castor et Pollux", le 21 mars (avec Raphël Pichon et l'ensemble Pygmalion), et "Hippolyte et Aricie", une parodie pour chanteurs et marionnettes de l'oeuvre de Rameau, le 29 mars.

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