Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Ocsa, un "ghetto" pour Hongrois surendettés

Ocsa, un "ghetto" pour Hongrois surendettés

Au milieu de la plaine hongroise se dressent des rangées de maisons identiques construites pour des familles surendettées ayant perdu leur logement. Un projet voulu par le gouvernement conservateur de Viktor Orban, qui a tourné au fiasco.

Dans le "village fantôme" ou "ghetto" d'Ocsa comme l'a qualifié la presse, il n'y a ni poste, ni école, aucune boutique. Pas un seul arbre.

"Nous avons perdu notre maison à cause de notre dette. Venir ici était notre dernière chance", témoigne Aniko Cserna, la cinquantaine.

"Vivre ici, c'est être coupé du monde", lâche néanmoins sa voisine, qui ne veut pas être citée. A Ocsa, situé à 40 km au sud-est de Budapest, peu de gens possèdent une voiture, dit-elle. "Ils n'ont plus l'argent pour faire le plein".

Quatre-vingt maisons, sur 500 prévues à l'origine, sont sorties de terre en l'espace de six mois l'an passé. Seules 42 sont habitées.

Le gouvernement ne s'est jamais expliqué sur les raisons qui l'ont poussé à faire construire ces maisons dans un endroit aussi isolé.

Présenté à la mi-2011 par Viktor Orban, ce projet visait à aider les familles incapables de rembourser leurs dettes contractées en devises étrangères, principalement des emprunts immobiliers, et qui se retrouvaient expropriées par les banques.

Le phénomène a tourné au drame social dans le pays, où environ un million de Hongrois, sur une population de près de 10 millions, avaient souscrit de tels emprunts, souvent en francs suisses, qui étaient très populaires avant la crise financière de 2008.

Mais le forint a plongé pendant la récession, faisant s'envoler les mensualités de remboursement. Actuellement, un franc suisse s'échange en moyenne à 255 forints, contre 150 à 180 forints auparavant.

Une loi adoptée en 2011 a permis à quelque 16% des foyers de rembourser leur crédit à un taux fixe préférentiel de 180 forints pour un franc suisse et de 250 forints pour un euro. Plus tard, 18% ont bénéficié de l'introduction d'un allégement des mensualités pour une période de grâce de quelques années.

Mais 150.000 foyers sont encore dans une situation critique, selon les données de la banque centrale hongroise.

"Ce parc est une aide à long terme pour les familles endettées", explique à l'AFP Rebeka Kormos, employée de la Croix maltaise, qui aide les habitants dans leurs démarches administratives. Ces derniers paient un loyer mensuel compris entre 53 à 70 euros, deux à trois fois moins que la moyenne du marché.

Mais dans les faits, l'initiative a tourné à l'échec. La construction de ces maisons très simples a coûté "près de 550.000 forints (1.830 euros) le m²", un prix supérieur à ceux observés dans le quartier chic de Budapest, a dénoncé le parti socialiste MSZP.

Le contrat avait été confié à l'entreprise de bâtiment Veszprember Zrt, déjà maître d'oeuvre de grands projets, comme la construction du stade de football de Felcsut, la ville natale de Viktor Orban.

Sans vouloir chiffrer le budget initial, le gouvernement a reconnu une explosion des coûts, liée selon lui au fait que le territoire choisi était dépourvu de services d'utilité publique. "Le projet a coûté 2,5 milliards de forints soit quelque 8 M EUR", a précisé à l'AFP Ferenc Kumin, secrétaire d'Etat responsable pour la communication du gouvernement.

Afin d'arrêter les frais, les autorités ont mis en place d'autres mesures plus efficaces. Une société publique de gestion de biens rachète ainsi désormais les logements des familles en grande difficulté, qui peuvent continuer à y vivre contre un faible loyer.

Le projet Ocsa, lui, a été abandonné. Ses habitants pourront continuer à vivre dans le village. Quant aux maisons vides, elles sont reconverties en abris temporaires, en cas de catastrophe naturelle.

bur-mg/ilp/cs/cac

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.