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Démission et prison pour le président du Bayern, condamné pour fraude fiscale

Démission et prison pour le président du Bayern, condamné pour fraude fiscale

Le président du Bayern Munich, l'un des plus grands clubs d'Europe, a démissionné vendredi et accepté d'aller en prison, au lendemain de sa condamnation pour une fraude fiscale de plus de 28 millions d'euros.

"Après discussions avec ma famille, j'ai décidé d'accepter la décision du tribunal de Munich concernant ma situation fiscale. J'ai demandé à mes avocats de ne pas former de pourvoi en cassation", a déclaré dans un communiqué Hoeness, personnalité du foot allemand depuis une quarantaine d'années comme joueur puis dirigeant de club.

"Cela correspond à ma conception de la décence, de la responsabilité personnelle", a-t-il ajouté. "Cette évasion fiscale, c'est l'erreur de ma vie. Je tire les conséquences de cette erreur".

"En outre, je démissionne, avec effet immédiat, de mes fonctions de président du FC Bayern Munich et du conseil de surveillance. Je veux préserver mon club de tout préjudice", a continué Uli Hoeness.

"Le FC Bayern Munich est l'oeuvre de ma vie et le restera toujours", a-t-il écrit, "remerciant du fond du coeur ses amis et les membres du FC Bayern pour leur soutien".

Jamais dans l'histoire du foot européen, le président d'un club de cette envergure --le plus titré d'Allemagne-- ne s'est trouvé au coeur d'un tel scandale, le menant à la prison.

Au terme d'un procès de quatre jours, le tribunal de grande instance de Munich a condamné jeudi M. Hoeness à trois ans et demi de prison ferme pour avoir fraudé le fisc de 28,5 millions d'euros.

Pour l'instant, M. Hoeness se trouve toujours en liberté, car il faut que le jugement soit signifié aux parties pour être applicable.

Le parquet de Munich, qui avait requis 5 ans de prison, doit décider la semaine prochaine, s'il se pourvoit en cassation, a indiqué son porte-parole, Ken Heidenreich.

Jugé pour n'avoir pas déclaré des revenus boursiers réalisés en Suisse dans les années 2000, M. Hoeness a vu le montant de sa fraude plusieurs fois réévalué. D'abord estimé à 3,5 millions d'euros dans l'acte de renvoi, il est monté à 27,2 millions d'euros au fil des témoignages, accablants, avant d'être finalement porté à 28,5 millions d'euros lors de l'énoncé du jugement.

La chancelière allemande Angela Merkel, en déplacement vendredi à Munich, a dit son respect pour cette décision de démissionner.

"Naturellement, je ne commente pas la décision du tribunal, je peux juste dire: le fait que Uli Hoeness ait accepté ce jugement comme cela, mérite le respect", a-t-elle dit en réponse à une question lors d'une conférence de presse.

Le conseil de surveillance du Bayern Munich a chaleureusement remercié son président démissionnaire, qui sera remplacé "jusqu'à nouvel ordre" par le patron d'Adidas, Herbert Hainer, 59 ans.

"L'ensemble du conseil de surveillance remercie Uli Hoeness pour sa contribution extraordinaire à la prospérité du FC Bayern Munich tout au long des quatre dernières décennies", selon un communiqué du club.

"Par ses qualités de meneur, son profond engagement personnel et son travail de toute une vie, Uli Hoeness a toujours servi les intérêts du Bayern Munich", souligne le conseil de surveillance, ajoutant: "Son rôle a été essentiel pour faire du FC Bayern Munich l'un des clubs les plus attractifs et les plus prospères du monde".

La presse allemande était assassine à l'égard de la star, un héros pour les jeunes fans et qui faisait figure d'autorité morale dans des talks shows télévisés.

Le quotidien Die Welt constatait ainsi: "Un homme à qui tout réussissait et un dieu déchu: Voilà un modèle de moins".

De son côté, Bild, le journal le plus lu d'Allemagne, estimait: "c'est bien pour la morale fiscale", dans une tribune vendredi. Il dénonçait au passage, facture à l'appui, des agapes de M. Hoeness avant le jugement, dont une soupe au champagne.

Personnage haut en couleur aux colères légendaires, Uli Hoeness s'était lui même dénoncé au fisc le 17 janvier 2013 et avait alors remboursé 10 millions d'euros au fisc.

Cette procédure permet de mettre sa situation en règle moyennant une pénalité, en échappant aux poursuites.

Mais la justice était convaincue qu'il se savait sur le point d'être démasqué.

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