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Crise ukrainienne : rencontre de la « dernière chance » Kerry-Lavrov

Crise ukrainienne : rencontre de la « dernière chance » Kerry-Lavrov

Quelques heures avant la « rencontre de la dernière chance » entre le secrétaire d'État américain et le chef de la diplomatie russe vendredi au Royaume-Uni, Moscou a déclaré qu'elle se réservait le droit de protéger ses compatriotes russes vivant en Ukraine.

Le secrétaire d'État américain, John Kerry, rencontre son homologue russe, Sergeï Lavrov, aujourd'hui à Londres, avec, en filigrane, la tenue d'un référendum sur l'indépendance de la Crimée, une province ukrainienne composée d'une majorité russophone.

Un tweet du ministère russe des Affaires étrangères espérant que Lavrov et Kerry, en pleine discussion de la crise ukrainienne, reviendront.

Soutenue par ses alliés occidentaux, l'Ukraine tente de conserver dans son giron sa province alors que la Russie a investi son territoire et projette d'y tenir un référendum.

« On est dans une situation difficile », a déclaré M. Lavrov. « Beaucoup de choses se sont passées et beaucoup de temps a été perdu. On doit maintenant réfléchir à ce qui peut être fait », a souligné M. Lavrov à son arrivée à la résidence de l'ambassadeur des États-Unis à Londres où se déroule la rencontre.

« D'évidence, nous avons beaucoup de choses à discuter et j'ai hâte d'approfondir le sujet et d'explorer la possibilité d'avancer pour aplanir certains de nos différends », a, de son côté, déclaré M. Kerry.

Les deux hommes se rencontrent pour la première fois depuis le 6 mars dernier afin de discuter de la crise ukrainienne. Leurs deux premiers tête-à-tête - l'un à Paris et l'autre à Rome - se sont avérés infructueux.

Arrivé à l'aube à Londres, Kerry a déjeuné avec le premier ministre britannique David Cameron et le chef de la diplomatie britannique, William Hague.

« L'alignement de la Grande-Bretagne et de l'Union européenne sur la position des États-Unis est la bonne décision, a déclaré M. Cameron. Nous voulons progresser sur le sujet autant que vous le désirez. Nous voulons voir les Ukrainiens et les Russes se parler. Si ce n'est pas le cas, il y aura des conséquences ».

« On espère tous ne pas se retrouver dans une position où on sera obligé de faire tout ça, a poursuivi M. Kerry. Mais on verra ce qu'il se passe. » M. Kerry a téléphoné à M. Lavrov, jeudi soir avant de quitter Washington, pour l'avertir « qu'il y aurait des coûts [à payer] si la Russie continuait de faire monter » la tension.

Les menaces de l'Occident

Les Occidentaux ont commencé à utiliser tout un éventail de sanctions contre la Russie. Du boycottage du G8 à Sotchi aux menaces de sanctions économiques, l'Occident tente d'infléchir la Russie afin qu'elle renonce à la tenue du référendum sur l'indépendance de la Crimée.

L'Union européenne a suspendu les négociations sur la libéralisation des visas et le nouvel accord entre la Russie et l'Union européenne (UE), deux dossiers qui étaient déjà au point mort. L'UE a également suspendu les préparatifs du sommet du G8 prévu pour juin à Sotchi.

L'UE a également gelé les avoirs de l'ancien président ukrainien prorusse, Viktor Ianoukovitch, qui est accusé de détournement de fonds publics.

De leur côté, les États-Unis imposent, depuis le 7 mars dernier, des « restrictions de visas » à des responsables ukrainiens et russes dont les activités « minent le processus démocratique et les institutions en Ukraine » en plus de « menacer la paix et la stabilité ».

Au moins 13 personnalités russes, dont plusieurs proches du président Vladimir Poutine, sont visées par l'interdiction de délivrance de visas, qui entrera en vigueur si le référendum sur la Crimée a bel et bien lieu.

Le ministre de la Défense Sergueï Choïgou, le vice-premier ministre Dmitri Rogozine, le secrétaire général de la présidence Sergueï Ivanov et le secrétaire du Conseil de sécurité national Nikolaï Patrouchev seraient notamment visés par la sanction diplomatique.

Le directeur général de la compagnie d'énergie Gazprom, Alexeï Miller, et son homologue de Rosneft, premier exportateur russe de pétrole, pourraient figurer également sur cette liste.

L'UE songe à imposer de telles restrictions de visas et des gels d'avoirs si aucun progrès n'est réalisé dans la crise ukrainienne.

Paradoxalement, les milieux économiques européens approuvent les menaces, mais s'en inquiètent, car la Russie constitue son troisième partenaire commercial avec 7 % des exportations et 12 % des importations. La Russie arrive derrière la Chine et les États-Unis. L'Europe dépend notamment de la Russie pour son approvisionnement en gaz.

L'Allemagne est particulièrement vulnérable, elle qui assure 30 % des exportations européennes vers la Russie en plus de constituer le premier pays européen importateur de biens russes.

Moscou à la défense des Russes d'Ukraine

Pendant que l'Occident menace la Russie de représailles économiques, Moscou menace d'intervenir en Ukraine. « Les autorités de Kiev ne contrôlent pas la situation dans le pays [...] La Russie a conscience de sa responsabilité pour la vie de ses concitoyens et compatriotes en Ukraine et se réserve le droit de les protéger », a déclaré le ministère dans un communiqué.

« Nous avons à plusieurs reprises déclaré que les autorités arrivées au pouvoir à Kiev doivent désarmer les combattants, assurer la sécurité de la population et le droit des gens à organiser des manifestations », poursuit le communiqué.

Des heurts opposant des manifestants favorables à Kiev et d'autres favorables à Moscou ont fait un mort à Donetsk, dans l'est, russophone, de l'Ukraine. Un manifestant ukrainien a été poignardé à mort dans ces affrontements.

Des mouvements sécessionnistes se manifestent dans l'est de l'Ukraine et plusieurs Ukrainiens croient que la Russie ne s'arrêtera pas aux frontières de la Crimée, où des forces russes ont pris le contrôle du territoire.