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Les dirigeants d'Afrique de l'Est réunis en sommet sur la crise sud-soudanaise

Les dirigeants d'Afrique de l'Est réunis en sommet sur la crise sud-soudanaise

Le Soudan du Sud, ravagé depuis trois mois par la guerre, est menacé de famine, ont averti jeudi à Addis Abeba les envoyés spéciaux européen et américain pour la région, lors d'un sommet sur la crise dans le jeune pays.

Le non respect par les belligérants du cessez-le-feu signé fin janvier a "conduit à des milliers de morts supplémentaires et à une dégradation de la situation humanitaire, le Soudan du Sud faisant face à une possible famine", a dénoncé Donald Booth, l'envoyé spécial des Etats-Unis.

"Si les choses continuent, le spectre de la famine menace", a renchéri Alexander Rondos, représentant de l'Union européenne (UE) pour la Corne de l'Afrique. "Les pluies arrivent, et si personne ne peut aller planter (les champs), il n'y aura pas assez de stocks (de nourriture) dans quelques mois".

L'ONU, dont des stocks entiers de son Programme alimentaire mondial (PAM) ont été pillés dans le pays, a déjà averti que les combats risquaient d'empêcher des récoltes cruciales. Or la situation humanitaire est déjà désastreuse dans le pays.

Les représentants européen et américain s'exprimaient lors d'un sommet organisé dans la capitale éthiopienne par l'organisation est-africaine Igad, en charge d'une médiation dans le conflit sud-soudanais, pour tenter de faire avancer des pourparlers de paix entre belligérants.

Le conflit sud-soudanais, qui a fait des milliers de morts et près de 900.000 déplacés, avait éclaté le 15 décembre dans la capitale Juba, avant de rapidement s'étendre à d'autres Etats clés du pays, en particulier ceux du Haut-Nil (nord-est), d'Unité (nord) et du Jonglei (est).

Alimenté par une vieille rivalité politique, le conflit oppose le président sud-soudanais Salva Kiir à son ex-vice-président Riek Machar, limogé en juillet 2013.

Salva Kiir accuse de tentative de coup d'Etat Riek Machar, qui nie et reproche en retour au président de vouloir faire le ménage au sein du parti au pouvoir avant les élections de 2015.

Dans ces combats s'affrontent une faction de l'armée loyale au gouvernement et des soldats mutins regroupés derrière Riek Machar. Mais les affrontements ont aussi pris une dangereuse tournure ethnique, avec des massacres entre les deux principales communautés du pays - les Dinka de Salva Kiir et les Nuer de Riek Machar.

Les deux camps avaient signé le 23 janvier un cessez-le-feu, déjà sous l'égide de l'Igad. Mais les problèmes de fonds n'ont jamais été réglés et la trêve n'a depuis cessé d'être violée.

Ce jeudi encore, l'armée sud-soudanaise a fait état de combats avec les rebelles dans la ville de Malakal, capitale de l'Etat pétrolier du Haut-Nil.

"Les combats montrent seulement que les parties ne cherchent pas sérieusement à mettre fin à la guerre", a dénoncé à Addis Abeba Seyoum Mesfin, négociateur en chef pour l'Igad dans le conflit sud-soudanais, affirmant que le sommet avait été "très clair" dans son appel aux belligérants à cessez de se battre.

Les pourparlers de paix entre les deux camps doivent reprendre le 20 mars, également à Addis Abeba et sous l'égide de l'Igad. Ces discussions piétinent depuis le début et la décision mercredi d'un tribunal sud-soudanais de faire comparaître pour trahison sept dirigeants de l'opposition libérés en février risque de ne rien arranger.

Jeudi à Addis Abeba étaient aussi présents le Premier ministre éthiopien, Hailemariam Desalegn, ainsi que les présidents kényan Uhuru Kenyatta, ougandais Yoweri Museveni, dont le pays a engagé des troupes aux côtés du gouvernement de Juba, et soudanais Omar el-Béchir, dont le pays dépend fortement de la production pétrolière sud-soudanaise aujourd'hui mise à mal par le conflit.

Ce sommet se tient au lendemain de la mise en place, par l'Union africaine, d'une commission d'enquête sur les massacres commis depuis trois mois dans le pays.

Les dirigeants de l'Igad ont aussi discuté jeudi de la possibilité de déployer une "force régionale de stabilisation" au Soudan du Sud. Il est cependant peu clair à ce stade si cette force opèrerait indépendamment ou sous le mandat de la mission de Casques bleus onusiens (Minuss) déjà présents dans le pays.

str-aud/mba

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