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La police occupe une nouvelle favela de Rio à trois mois du Mondial

La police occupe une nouvelle favela de Rio à trois mois du Mondial

A trois mois du Mondial, la police de Rio a investi en vingt minutes et sans violence jeudi la favela Vila Kennedy (ouest), illustrant la volonté des autorités de poursuivre la "pacification" de ces quartiers malgré une recrudescence de la violence dans certaines favelas déjà occupées.

Au cours des six derniers jours, les trafiquants de drogue sont entrés en conflit armé avec la police 17 fois au cours d'opérations qui ont préparé l'occupation et six d'entre eux ont été tués dont un mineur, a précisé le secrétariat à la Sécurité de Rio. Par ailleurs 80 personnes ont été arrêtées dont neuf ce jeudi, et de la drogue et des armes ont été saisies.

Un convoi de 270 policiers appuyés par plusieurs véhicules blindés est entré à Vila Kennedy avant la levée du jour.

La favela "a été occupée en vingt minutes sans résistance ou échanges de tirs avec les trafiquants de drogue" qui s'en disputaient le contrôle, a déclaré le chef de l'état-major de la police militaire de Rio, le colonel Paulo Henrique Moraes.

Cette occupation sera suivie de l'installation de la 38ème Unité de police pacificatrice (UPP) à Vila Kennedy et chez sa voisine, la Favela da Metral où vivent environ 34.000 personnes.

"L'opération a atteint son objectif qui était de reconquérir le territoire", s'est félicité le secrétaire à la Sécurité de Rio José Mariano Beltrame au cours d'une conférence de presse.

"Il existe un processus (de pacification) qui se poursuit et s'il s'arrête je vous dis que ce sera une perte incommensurable pour Rio et ses habitants", a souligné M. Beltrame.

Quelque 350 autres policiers ont été mobilisés pour surveiller d'autres favelas du secteur, l'un des plus violents de la ville, où pourraient se réfugier les caïds de Vila Kennedy, fondée dans les années 1960.

L'occupation de Vila Kennedy intervient à un moment de grande tension alors qu'un caïd local a changé de camp et tentait de prendre le contrôle de cette favela. Depuis un mois, les gangs rivaux s'affrontent et sèment la panique au sein de la population locale.

"Pendant un mois il y a eu des tirs tous les jours dans la favela et on avait très peur, mais depuis les opérations policières fin février pour préparer l'occupation, la situation s'est apaisée", a déclaré à l'AFP un vendeur ambulant qui s'identifie comme Joao.

Pour Adriano Gomes, un chauffeur de 35 ans, "la guerre entre les gangs de trafiquants a servi à quelque chose". "Elle a attiré l'attention des pouvoirs publics sur le secteur", justifie-t-il.

Le gouvernement de Rio a lancé depuis 2008 une campagne de sécurisation en vue de la Coupe du monde de football (du 12 juin au 13 juillet 2014) et des jeux Olympiques en 2016. Il a prévu d'installer 40 UPP d'ici au Mondial.

Avec Vila Kennedy, 38 UPP comptant plus de 9.000 policiers surveillent 253 favelas, bénéficiant à plus de 1,5 million de personnes, selon les autorités.

Le pouvoir public a "reconquis" de nombreuses favelas, en particulier dans les quartiers sud touristiques, auparavant aux mains des trafiquants de drogue qui y faisaient la loi depuis des décennies, et y a implanté ces UPP.

Mais depuis plusieurs semaines, la situation se détériore dans certaines UPP, dans lesquelles est constatée une recrudescence du crime organisé.

"Il existe 38 UPP et nous avons des problèmes dans une ou deux favelas qui sont les plus peuplées et celles où la topographie est la plus compliquée", a minimisé M. Beltrame avant de faire remarquer que depuis 30 ans, "personne n'avait pénétré dans le territoire du crime organisé mais nous l'avons fait et ils réagissent".

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