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Fraude fiscale - Le président du Bayern Munich condamné à une lourde peine

Fraude fiscale - Le président du Bayern Munich condamné à une lourde peine

Le président du prestigieux club de football allemand du Bayern Munich, Uli Hoeness, a été condamné jeudi à trois ans et demi de prison ferme pour avoir fraudé le fisc de 28,5 millions d'euros.

"Monsieur Hoeness est condamné à une peine de prison ferme de trois ans et six mois pour sept cas graves de fraude fiscale", a annoncé Rupert Heindl, le juge du tribunal de Munich (sud de l'Allemagne), au quatrième jour du procès.

Uli Hoeness, l'une des plus grandes figures du ballon rond allemand, réputé notamment pour la gestion rigoureuse du club bavarois, reste toutefois en liberté en attendant l'examen de son pourvoi en cassation.

Son avocat, Hanns W. Feigen, a effet annoncé ce recours, peu après le jugement.

Mais son avenir à la présidence de l'un des plus grands clubs européens pourrait être remis en cause avec cette condamnation même si actionnaires et dirigeants lui ont jusqu'ici manifesté leur soutien sans faille.

Les instances dirigeantes du Bayern ont prévu de se réunir au plus vite mais aucune éventuelle décision ne sera annoncée ce jeudi, a précisé le club.

La Fédération allemande de foot (DFB) a souligné que cette condamnation ne changeait rien à ce que Hoeness avait apporté au Bayern et au foot allemand.

Côté politique, le vice-chancelier et ministre de l'Economie social-démocrate, Sigmar Gabriel, a quant à lui salué la décision du tribunal: "L'Etat de droit fonctionne. J'espère que nous allons désormais parvenir à une nouvelle qualité dans notre combat contre la fraude fiscale", a-t-il déclaré dans le quotidien régional "Passauer Neue Presse".

Hoeness, 62 ans, qui fait la pluie et le beau temps au Bayern depuis plus de 30 ans, risquait au maximum dix ans de détention. Le Parquet avait requis cinq ans et demi de prison ferme.

Le président du tenant du titre de la Ligue des champions était jugé depuis lundi devant le tribunal de grande instance de Munich (sud) pour n'avoir pas déclaré des revenus boursiers réalisés en Suisse dans les années 2000.

D'abord estimé à 3,5 millions d'euros dans l'acte de renvoi, le préjudice fiscal a été réévalué à 27,2 millions d'euros au fil des témoignages, accablants, avant d'être finalement porté à 28,5 millions d'euros lors de l'énoncé du jugement.

Personnage haut en couleur aux colères légendaires, Uli Hoeness s'était lui même dénoncé au fisc le 17 janvier 2013 et avait alors remboursé 10 millions d'euros au fisc.

Cette procédure d'auto-dénonciation permet de mettre sa situation en règle moyennant une forte pénalité financière, tout en mettant le fraudeur à l'abri de toute poursuite pénale.

Mais la justice était convaincue qu'il se savait sur le point d'être démasqué, notamment par la presse qui a d'ailleurs révélé l'affaire quelque temps après.

Ulrich Hoeness, également ancien grand joueur professionnel, avait admis avoir "par moment boursicoté jour et nuit" avant de mettre fin à ses activités boursières notamment à cause de la crise financière en 2008.

L'argent à l'origine de la fraude proviendrait d'un "prêt" concédé en 2001 par l'homme d'affaires français Robert Louis-Dreyfus, alors propriétaire d'Adidas, équipementier et actionnaire du Bayern Munich.

Ancien manageur du Bayern pendant quelque 30 ans, Hoeness a vu son étoile ternie par ce scandale, l'un des plus gros de l'histoire du sport allemand, qui avait fait réagir jusqu'à la chancelière Angela Merkel qui s'était dite "déçue" par son comportement.

L'influent quotidien populaire Bild réclamait jeudi matin en Une sa condamnation.

Le procès suscite d'ailleurs un immense intérêt dans un pays où le football est roi. Jeudi, dès les premières heures de la matinée, un public important faisait la queue devant l'entrée du tribunal pour tenter d'assister à l'audience.

Malgré ses déboires judiciaires, Hoeness assistait encore mardi soir à la qualification de "l'oeuvre de (sa) vie" pour les quarts de finale de la Ligue des champions, aux côtés du patron du club, Karl-Heinz Rummenigge et non loin du sélectionneur national, Joachim Löw.

Le milieu de terrain offensif du Bayern, le Français Franck Ribéry, avait alors dit "croiser les doigts" pour ce personnage "très important pour le Bayern".

Largement en tête du championnat d'Allemagne, le Bayern Munich a réalisé l'an dernier un triplé historique (Ligue des champions, Championnat et Coupe d'Allemagne) qui fait de lui actuellement l'un des clubs européens les plus prestigieux et les plus riches.

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