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Venezuela : nouvelle manifestation à Caracas pour marquer un mois de mobilisation

Venezuela : nouvelle manifestation à Caracas pour marquer un mois de mobilisation

Etudiants et opposants défilaient mercredi vers le centre de Caracas, défiant une interdiction du président Nicolas Maduro, tandis que ses partisans manifestaient leurs soutien au gouvernement, un mois après le début de la contestation dans la capitale.

"Qui sommes-nous ? Des étudiants ! Que voulons-nous ? La liberté", scandait notamment la foule d'environ 3.000 personnes, selon l'AFP, partie du quartier Bello Monte, dans le centre-est de Caracas.

Mardi soir, M. Maduro avait averti que "cette marche (opposante) n'était pas autorisée" et que les manifestants seraient empêchés de gagner le centre-ville, afin de rallier les locaux du Défenseur du peuple, comme ils l'envisagent, où ils risquaient de croiser les étudiants proches du pouvoir convoqués par le ministre de l'Education, Hector Rodriguez.

Les manifestants demandent la démission de la Défenseure du peuple, Gabriela Ramirez, chargée de faire respecter les droits des citoyens face à l'Etat, lui reprochant d'avoir appelé à faire la différence entre des cas de mauvais traitements par la police et d'éventuels cas de tortures.

Celle-ci a dénoncé "le grand mensonge" consistant à la rendre "complice de tortures".

D'autres manifestations ont été rapportées en province, comme à San Cristobal (ouest), berceau du mouvement entamé le 4 février, Merida (ouest) et Valencia (nord).

"Cela fait un mois que nous sommes dans la rue et nous continuons d'exiger la libération immédiate des compagnons arrêtés, qu'on donne une réponse aux cas de tortures, que soient sanctionnés les responsables des meurtres commis au cours de ce mois", a déclaré à l'AFP Hilda Ruiz, l'un des dirigeants étudiants, de l'Université centrale.

La grogne a débuté après la tentative de viol d'une étudiante sur le campus de San Cristobal. Visant d'abord l'insécurité, les revendications se sont ensuite étendues à l'inflation (56% en 2013), aux pénuries de biens de consommation courante et aux dénonciations d'abus policiers.

Les violences ayant émaillé ces cinq semaines de mobilisation ont fait officiellement 21 morts, et plus de 1.000 protestataires ont été interpellés, dont la majorité a toutefois été relâchée.

Plus d'une dizaine de membres des forces de l'ordre ont d'ailleurs été placés sous les verrous, dont cinq agents des services de renseignement (Sebin), accusés de la mort par balle de deux jeunes hommes - un opposant et un partisan du pouvoir - à Caracas le 12 février, jour où la mobilisation a basculé dans la violence.

Lors de sa nouvelle émission de radio "En contact avec Maduro" qui sera retransmise régulièrement par la Radio Nationale du Venezuela (publique), le président a annoncé mardi qu'il interdirait dorénavant toutes les marches de l'opposition dans le centre de la capitale, à majorité "chaviste" tant que les militants radicaux continueraient à monter des barricades dans l'est (opposant) de Caracas et tant que l'opposition "refusera de dialoguer".

Illustrant la préoccupation de la communauté internationale, les ministres des Affaires étrangères des 12 pays de l'Union sud-américaine (Unasur) doivent se réunir mercredi à Santiago du Chili pour former une commission visant à encourager le dialogue au Venezuela.

"Nous ne voulons pas seulement une déclaration, mais une alternative qui aille dans la direction d'un dialogue politique entre le gouvernement (et) l'opposition, dans ce pays frère", a déclaré mercredi le nouveau ministre chilien des Affaires étrangères Heraldo Muñoz.

Mardi soir, comme quasiment tous les soirs, des affrontements ont opposé dans l'est de la capitale, bastion de l'opposition, des groupes de manifestants aux forces de l'ordre qui ont fait usage de gaz lacrymogènes et de canons à eau.

Première cible de la grogne, le président Maduro, élu de justesse en avril dernier, n'a de cesse de dénoncer une "tentative de coup d'Etat" fomentée avec l'aide des Etats-Unis.

Il a concédé l'ouverture d'un dialogue national, mais opposants et étudiants ont refusé de participer à ce qu'ils ont qualifié de "mascarade". Et ils exigent la libération de l'opposant radical Leopoldo Lopez, interpellé le 18 février pour "incitation à la violence".

Selon des analystes, cette longue période de contestation est toutefois loin de pouvoir conduire à la chute du gouvernement Maduro. Mais "les mobilisations sont parvenues à nuire à l'image du gouvernement, elles l'ont exposée face à l'opinion publique nationale et internationale", a estimé le politologue John Magdaleno, interrogé par l'AFP.

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