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Obama affiche son soutien à l'Ukraine, met de nouveau en garde Poutine

Obama affiche son soutien à l'Ukraine, met de nouveau en garde Poutine

Barack Obama a affiché mercredi son soutien à l'Ukraine en recevant son Premier ministre à la Maison Blanche et en mettant en garde Vladimir Poutine à l'approche du référendum sur le rattachement de la Crimée à la Russie.

"Nous continuerons à dire au gouvernement russe que s'il poursuit sur le chemin actuel (...) nous serons obligés d'imposer un coût aux violations du droit international par la Russie en Ukraine", a déclaré M. Obama après avoir reçu Arseni Iatseniouk dans le Bureau ovale, honneur réservé aux chefs d'Etat et de gouvernement étrangers, alors que Moscou rejette la légitimité du gouvernement de Kiev.

Une "autre voie" est encore possible, a souligné le président des Etats-Unis, exprimant l'espoir que grâce aux efforts diplomatiques en cours, le processus menant au référendum prévu dimanche puisse être "repensé".

Mais, à quatre jours de la consultation sur l'avenir de la péninsule où vivent deux millions de personnes, dont des minorités tatare et ukrainophone, rien ne semblait en mesure d'enrayer son glissement dans le giron russe.

La Crimée est désormais quasiment coupée du reste de l'Ukraine, les forces russes en contrôlant les points stratégiques. Tout est en place pour une sécession rapide: le "Premier ministre", Serguiï Axionov, s'est autoproclamé "chef des armées" et les deux millions d'habitants de la Crimée, majoritairement russophones, n'ont désormais plus accès qu'aux chaînes de télévision russes. Des hommes en treillis fouillent tout voyageur arrivant à Simféropol en provenance du Nord et seuls les vols en provenance de Moscou peuvent y atterrir.

"Nous nous battons pour notre liberté, pour notre indépendance, pour notre souveraineté. Et nous n'abandonnerons jamais", a de son côté affirmé M. Iatseniouk, qui s'exprimait en anglais, dans le Bureau ovale.

L'Ukraine "fait partie du monde occidental, et le restera", a-t-il assuré, alors que la crise actuelle a été déclenchée par le refus du président ukrainien déchu Viktor Ianoukovitch d'entériner un rapprochement avec l'Union européenne.

M. Iatseniouk a par ailleurs assuré que son pays resterait un "bon ami et partenaire de la Russie" même s'il établissait des liens plus forts avec l'Europe occidentale.

Le dirigeant ukrainien, reçu auparavant par le secrétaire d'Etat John Kerry au département d'Etat, s'est aussi lancé dans un plaidoyer passionné à sa sortie de la Maison Blanche, face aux caméras.

Nous demandons à la Russie "de cesser cette intervention militaire inacceptable", a-t-il affirmé. Puis, reprenant les éléments d'un célèbre discours prononcé par Ronald Reagan à Berlin, en forme de supplique au dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev, M. Iatseniouk a exhorté le président russe à "abattre ce mur".

"Mon message au président Poutine est d'abattre ce mur, ce mur de guerre, ce mur d'intimidations et d'agression militaire. Parlons", a-t-il lancé

Les déclarations à l'AFP du président ukrainien par intérim, Olexandre Tourtchinov, semblent cependant confirmer que Kiev s'est résigné à abandonner la Crimée à la Russie et s'inquiète désormais d'une éventuelle intrusion par la frontière de l'Est, région où vivent de nombreux Ukrainiens d'origine russe.

"Nous ne pouvons pas nous engager dans une opération militaire en Crimée, ainsi nous dénuderions la frontière orientale et l'Ukraine ne serait pas protégée, les militaires russes comptent là-dessus", a déclaré à l'AFP M. Tourtchinov, chef des armées ukrainiennes.

"A la frontière orientale de l'Ukraine sont concentrées d'importantes unités de blindés", a-t-il ajouté.

A ce titre, la Russie a autorisé l'Ukraine à procéder à un vol d'observation au-dessus de son territoire pour s'assurer qu'aucune manoeuvre militaire des forces russes menaçant la sécurité de l'Ukraine n'avait lieu, a annoncé le vice-ministre russe de la Défense, cité par l'agence Itar-Tass.

Parallèlement, la légitimité du référendum organisé dimanche prochain par les autorités séparatistes pro-russes en Crimée a été mise en doute par un leader de la minorité des Tatars, au cours d'un long entretien téléphonique avec M. Poutine.

"J'ai émis des doutes sur l'opportunité d'organiser ce référendum et sur sa légitimité", a déclaré Moustafa Djemilev dans une interview à la chaîne de télévision ukrainienne Kanal 5.

Entre Russes et Occidentaux, l'incompréhension reste totale, malgré plusieurs échanges ces dix derniers jours entre les chefs des diplomaties américaine, John Kerry, et russe, Sergueï Lavrov. Les deux hommes vont se rencontrer une nouvelle fois vendredi à Londres.

Les ministres français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, et de la Défense, Jean-Yves Le Drian, sont attendus le 18 mars à Moscou, a annoncé mercredi le Kremlin. Mais la présidence française a aussitôt précisé que la réunion aurait lieu s'il y avait d'ici là "des avancées sur l'Ukraine".

Un référendum en Crimée sur le rattachement à la Russie n'aurait "aucune valeur juridique", ont en outre averti mercredi les dirigeants des pays du G7, demandant à Moscou de cesser "immédiatement" de soutenir un tel processus qui serait "entaché d'irrégularités" et n'aurait "aucune force morale".

Pour leur part, les Européens accélèrent le rapprochement avec l'Ukraine. La chancelière allemande Angela Merkel a annoncé que le volet politique de l'accord d'association de l'Ukraine avec l'Union européenne pourrait être signé au cours du prochain sommet de l'UE, prévu à Bruxelles les 20 et 21 mars.

En écho, M. Iatseniouk s'est pour sa part déclaré à Washington "convaincu" que l'Ukraine signerait le volet politique de cet accord "la semaine prochaine".

Lors d'une conférence de presse à Varsovie, Mme Merkel et le Premier ministre polonais, Donald Tusk ont par ailleurs réaffirmé que l'UE était prête à passer à la "seconde étape des sanctions" contre la Russie.

"Nous souhaitons une désescalade, mais s'il n'y en a pas, les ministres européens des Affaires étrangères se pencheront lundi sur la deuxième étape des sanctions", a déclaré Mme Merkel. Ces sanctions doivent comprendre le gel des avoirs et l'interdiction de visas pour des personnalités russes et ukrainiennes considérées comme responsables de la crise.

bur-jca/mdm

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