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Washington pourrait desserrer son étau sur Cuba (experts)

Washington pourrait desserrer son étau sur Cuba (experts)

Face à un régime cubain "en transition", avec une opinion publique américaine moins conservatrice et dans la perspective du sommet panaméricain de 2015, le président américain Barack Obama pourrait desserrer l'étau que Washington impose depuis des décennies à Cuba, selon plusieurs experts des deux pays.

"Je m'attend à ce qu'Obama prenne des mesures à l'égard de Cuba", a assuré l'analyste américain Philip Peters, du Cuba Research Center, lors de la clôture, samedi à La Havane, d'un séminaire sur Cuba organisé par la revue catholique Espacio Laical, une des rares publications indépendantes du régime communiste cubain.

"Obama n'a toujours pas répondu à sa propre question, et nous pensons qu'il le fera bientôt", a ajouté l'expert en référence au discours du président américain du 8 novembre dernier assurant que les Etats-Unis devaient "réviser leur politique à l'égard de Cuba".

Pour l'universitaire cubain Arturo Lopez-Levy, de l'université de Denver, au Colorado, Obama fait face à un pays qui est passé d'une "nation communiste ancrée dans la Guerre froide" à un "pays en transition".

"De plus en plus, l'image de Cuba est celle d'un pays en transition", assure l'universitaire cubain en rappelant une étude de l'Atlantic Council publiée en février qui soulignait que 56% des Américains étaient en faveur d'une normalisation des relations entre les deux pays. Particulièrement en Floride où vivent 1,5 million de Cubains et leur descendance, la grande majorité de la diaspora cubaine.

Les deux experts coïncident sur les mesures que pourraient adopter Obama: un allègement des restrictions aux voyages des Américains à Cuba et le retrait de l'île de la liste du département d'Etat des pays sponsors du terrorisme, où Cuba figure aux côtés du Soudan, de l'Iran et de la Syrie.

"Accuser Cuba de terrorisme, c'est quelque chose que même les rapports du département d'Etat américain ne parviennent pas à argumenter", a rappelé Philip Peters.

L'inscription de Cuba sur cette liste prive notamment le régime cubain de tout recours aux institutions financières internationales.

Washington pourrait facilement alléger encore les restrictions aux voyages des Américains à Cuba, note Arturo Lopez-Levy. En 2013, quelque 98.000 Américains ont pu voyager à Cuba dans le cadre de voyages de nature académique, culturelle, cultuelle ou sportive, dûment agréés par les services fiscaux américains.

Selon Philip Peters, Washington pourrait aussi considérer l'autorisation de commerce entre les Etats-Unis et le secteur cubain indépendant de l'Etat, coopératives ou travailleurs privés, malgré le sévère embargo économique adopté par Washington contre Cuba depuis 1962.

Expert en relations internationales et ex-professeur à l'université de La Havane, Carlos Alzugaray qualifie de "très importantes" les mesures déjà adoptées par le président Obama autorisant les voyages des Américano-Cubains et les envois d'argent (remesas) qui représentent le deuxième poste de revenus en devises de l'île, devant le tourisme.

Aller plus loin cependant est difficile, souligne-t-il, car toutes ces "politiques d'Etat sont ancrées dans la loi" et politiquement lourdes à modifier.

Et pour des raisons de politique internationale, ces mesures pourraient être adoptées rapidement, avant le prochain sommet des Amériques, prévu en 2015 au Panama.

Déjà marginalisés en janvier au sommet des 33 pays de la Communauté des Etats d'Amérique latine et des Caraïbes (Celac), les Etats-Unis doivent affronter la menace de boycott de ce sommet par de nombreux pays si Cuba reste écarté.

"Cette situation pourrait se transformer en un vrai problème de politique étrangère dont Obama se passerait bien", juge Arturo Lopez-Levy.

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