Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Turquie: vague de protestation après le décès d'un jeune garçon blessé par la police en juin 2013

Turquie: vague de protestation après le décès d'un jeune garçon blessé par la police en juin 2013

La mort mardi d'un adolescent de 15 ans, grièvement blessé par la police à Istanbul lors de la fronde antigouvernementale de juin dernier, a suscité des rassemblements de protestation dans toute la Turquie et des incidents avec la police.

Le décès de Berkin Elvan, érigé en symbole de la répression policière ordonnée par le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, a été annoncé par sa famille. "Nous avons perdu notre fils à 07h00 (05h00 GMT), qu'il repose en paix", a-t-elle écrit dans un bref message posté sur son compte Twitter.

Sa mort porte à sept le nombre de manifestants tués lors des manifestations qui ont fait vaciller le régime islamo-conservateur. Un policer avait également perdu la vie pendant ces événements sans précédent, qui ont également fait plus de 8.000 blessés.

Sitôt la nouvelle annoncée, des centaines de personnes se sont rassemblées spontanément devant l'hôpital d'Istanbul où l'adolescent était hospitalisé dans le coma depuis 269 jours.

Devant la presse, la mère de Berkin Elvan a mis en cause M. Erdogan. "Ce n'est pas Dieu, mais le Premier ministre Erdogan qui m'a pris mon fils", a-t-elle déclaré en pleurs.

De brefs mais violents incidents ont éclaté lorsque quelques dizaines de manifestants ont jeté des pierres sur un bus de policiers. Les forces de l'ordre ont fait usage de grenades lacrymogènes pour disperser la foule, selon un photographe de l'AFP.

Dans la foulée, des dizaines de rassemblements spontanés, pour la plupart silencieux, se sont tenus dans de nombreuses villes du pays, Ankara, Istanbul, Izmir, Antalya ou Eskisehir, souvent formés de lycéens et d'étudiants regroupés autour d'une photo de la victime et d'un même slogan "il reste immortel".

Dans la capitale Ankara, des centaines de personnes se sont réunies dans un parc du centre-ville et des étudiants de l'université technique du Moyen-Orient (ÖDTU), un des bastions de l'opposition, ont bloqué une des rues du centre-ville.

Les policiers antiémeute sont intervenus avec des canons à eau pour disperser la foule, a constaté un photographe de l'AFP.

De nombreux appels à manifester en fin de journée ont été relayés sur les réseaux sociaux.

Le chef de l'Etat, Abdullah Gül, a exprimé devant la presse sa "consternation" après la mort du jeune homme et présenté ses condoléances à sa famille. Il a aussi appelé "chacun à tout faire pour éviter que cela se reproduise".

La famille de Berkin Elvan, de confession alévie (une minorité musulmane qui prône un rite libéral), dit avoir vu pour la dernière fois le jeune le 16 juin alors qu'il sortait de leur appartement dans le quartier d'Okmeydani, à Istanbul, pour acheter du pain.

Selon des témoins, le garçon a été atteint par une grenade lacrymogène en pleine tête tirée par la police qui intervenait dans le secteur en pleine vague de contestation contre le Premier ministre et son gouvernement.

Ce mouvement, inédit depuis l'arrivée au pouvoir de la majorité islamo-conservatrice qui dirige le pays depuis 2002, avait débuté par la mobilisation d'une poignée de militants écologistes hostiles à la destruction annoncée du parc Gezi, un jardin public qui surplombe la fameuse place Taksim d'Istanbul.

Leur évacuation musclée a dégénéré en une vague de manifestations sans précédent.

La répression de ces manifestations a sérieusement écorné l'image de M. Erdogan, notamment dans les capitales étrangères.

Depuis la mi-décembre, le gouvernement du Premier ministre est en outre englué dans une affaire de corruption qui le met en difficulté, à trois semaines des élections municipales du 30 mars et avant la présidentielle prévue le 10 août.

ba-pa/ml

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.