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L'image de General Motors fragilisée après des rappels

L'image de General Motors fragilisée après des rappels

Pourquoi avoir attendu une décennie pour agir? General Motors est sur la sellette après des rappels massifs de véhicules en Amérique du Nord pour un défaut au niveau de la clef de contact, qui serait lié à 13 morts.

Le constructeur automobile est visé par une double enquête aux Etats-Unis: l'une menée par l'agence américaine de la sécurité routière (NHTSA) et l'autre par une commission de la Chambre des représentants.

Les élus veulent savoir pourquoi rien n'a été fait plus tôt, dès que le constructeur et la NHTSA ont appris que des décès étaient liés à ce défaut. Une audition sera convoquée "dans les prochaines semaines", a annoncé mardi Fred Upton, président républicain de la commission de l'Energie et du Commerce.

En février, General Motors a rappelé en deux étapes 1,62 million de véhicules aux Etats-Unis, au Canada et au Mexique, essentiellement des compactes de marques Chevrolet, Pontiac et Saturn fabriquées entre 2003 et 2007. Environ 31 accidents ayant entraîné 13 morts lui avaient été signalés.

Les enjeux sont colossaux pour le groupe, qui pourrait être condamné à verser une amende de 35 millions de dollars --un faible montant comparé à son chiffre d'affaires, qui a atteint 155 milliards de dollars l'an dernier. Mais l'affaire peut s'avérer très néfaste en matière d'image et avoir de plus lourdes conséquences financières.

GM s'est reconstruit après sa faillite sur la sécurité et la fiabilité de ses véhicules et c'est tout ce bel édifice qui est fragilisé. L'affaire jette des "suspicions sur l'intégrité de la direction et les engagements du groupe en matière de sécurité (...) Donc l'effet se chiffrerait en centaines de millions de dollars" sur les ventes de GM, estime Douglas McIntyre, du site d'analyses 24wallst.com.

En comparaison, Toyota avait chiffré à 2,4 milliards de dollars le coût de son rappel massif de véhicules dans le monde en 2009/10, tandis que Ford a été meurtri par l'affaire des pneumatiques défectueux sur son 4x4 Explorer en 2001.

Pour éviter les déboires de ses concurrents, GM joue la transparence et a multiplié les excuses. Le groupe mène une enquête interne, dont le rapport sera "non édulcoré", promet la patronne Mary Barra, qui a pris les rênes du groupe mi-janvier.

Le constructeur vient aussi de lancer un site internet www.gmignitionupdate.com pour informer ses clients. Il a jusqu'au 3 avril pour répondre aux 107 questions posées par la NHTSA.

Ces efforts récents tranchent avec l'inaction du groupe pendant des années. En 2004, dès le lancement de la Chevrolet Cobalt, des employés du constructeur avaient connaissance du défaut lié à la clé de contact, selon une chronologie communiquée aux enquêteurs et dont l'AFP a obtenu copie.

"GM était au courant au moins pour un incident dans lequel le moteur de la Cobalt avait perdu de l'énergie parce que la clef de contact avait quitté la position +marche+ quand le chauffeur avait par inadvertance touché la clef ou la boîte de vitesse", écrit le constructeur dans cette chronologie. "Ce phénomène s'est reproduit lors de tests", ajoute-t-il.

Une enquête interne est aussitôt ouverte, mais est "clôturée sans qu'aucune action ne soit prise", continue GM.

Par la suite, en 2005, des conducteurs ont rapporté que le moteur de leur véhicule s'était arrêté brusquement en pleine voie, toujours en raison d'un défaut de la clef de contact.

C'est en mars 2007, lors d'une rencontre entre un groupe d'employés et des représentants de la NHTSA à Washington, que GM dit avoir appris par l'agence qu'un premier décès était survenu un peu moins de deux ans plus tôt.

Le groupe fait aussi face à des poursuites judiciaires individuelles de familles endeuillées.

lo/soe/mdm

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