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« La Déesse des mouches à feu » : la jeunesse saguenéenne trash, selon Geneviève Pettersen

« La Déesse des mouches à feu » : la jeunesse saguenéenne trash, selon Geneviève Pettersen
Courtoisie

Culte voué au roman Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée, parents divorcés, consommation excessive de mescaline, premières expériences sexuelles, fins de semaine passées à oublier le temps dans un camp au fond des bois. Tel est l’environnement de Catherine, l’adolescente de Chicoutimi-Nord qui nous est présentée sans complaisance ni jugement par Geneviève Pettersen dans La Déesse des mouches à feu.

Jeune femme au parcours hétérogène, l’auteure a étudié en sociologie des religions et en littérature, avant de tenir une chronique mensuelle sur l’homéopathie des chiens dans la revue Animal et d’agir à titre d’éditrice de magazines chez TVA Publications. Elle a ensuite travaillé dans une agence de publicité pendant six mois, avant de frapper un mur.

«Je détestais tellement ma job que j’ai déjà vomi dans une poubelle en allant travailler. Ce matin-là, j’ai démissionné. Trois jours plus tard, au lieu de déprimer à ne rien faire, j’ai décidé de débuter un blogue pour me reconnecter à l’écriture, après des années de commandes d’articles et de pitchs de concepts.»

Le 3 septembre 2011 est née Madame Chose, sorte de réceptacle de sagesse populaire dont les histoires font ressortir le (vieux) gros bon sens. Succès bœuf dès ses débuts, le blogue a également jeté les bases d’un premier roman. «À force de rejeter des idées qui ne cadraient pas avec les histoires de bonnes femmes de Madame Chose, j’ai vu naître la prémisse d’une histoire.»

Dans La Déesse des mouches à feu, Pettersen dévoile aux lecteurs l’univers d’une p’tite crisse sans compromis, qui n’a rien des personnages d’adolescents lisses de certains romans. «C’est comme si on avait accès à l’univers des filles hot du secondaire et à un monde un peu trash. Mais ce n’est pas un roman trash pour autant. Il y a de grands bouts lyriques et plein de candeur. Parce qu’au fond, on comprend qu’elle a crissement 14 ans. Elle se fout un peu de sa famille et focalise sur ses amis, les gars et de quoi elle a l’air.»

Bien que le roman n’ait rien d’une autofiction, l’écrivaine a tout de même puisé dans son adolescence pour donner un ton crédible à l’ensemble. « Tu ne peux pas écrire sur les partys, la drogue et le trash si tu ne l’as pas vécu, sinon ça donne une version romancée et glamourisée de ce que c’est. Je n’ai pas eu une jeunesse aussi pire que celle de Catherine, mais j’ai eu ben du fun jusqu’à la fin de mon cégep.»

«Avec des amis, on descendait les pistes d’une montagne sur des matelas, après avoir consommé du buvard. Et comme dans le roman, j’ai déjà assisté à une bataille derrière la Place du Royaume entre les Skatteux et les Pouilleux. On était 500, on s’est fessé, la police est venue et c’était dans le journal régional le lendemain. Au fond, les personnages de mon roman, c’est plein de monde au Saguenay, pas seulement moi ou mes proches.»

La région de son enfance est au cœur de son livre, mais n’y cherchez pas un hommage sous forme de carte postale. «C’est un portrait de ce que vivaient certains jeunes, à l’époque. Ça n’a rien à voir avec "voici le drame qui se déroule dans nos régions québécoises", mais plutôt "voici comment on tripait dans le temps". Oui, il y a des moments de malaises et des affaires pas l’fun. Les ados vivent une période d’extrêmes. Nous, on se pensait à Berlin sur la rue Racine, avec un désir de s’affranchir et de se sentir spéciaux, comme dans le roman de Christiane F. En lisant son histoire, je trouvais ça exotique qu’elle fasse de l’héroïne, même si c’était un peu épeurant.»

Avec une plume incisive et brutalement hilarante, Geneviève Pettersen prend un malin plaisir à ridiculiser l’apparence vestimentaire, les goûts et les comportements de certains compatriotes. Mais au-delà des images-chocs, on remarque chez elle un amour pour le langage régional, ses tournures, ses couleurs, ses accents et ses détours.

«L’histoire que je raconte est inintéressante si elle n’est pas racontée dans cette langue-là. J’ai été hyper rigoureuse dans mon travail. Les erreurs de langage sont réfléchies. Ça confinait à un registre très restreint, mais un roman, c’est d’abord et avant tout une voix. Quand je l’ai trouvée, je ne l’ai pas lâchée et je me suis laissée porter.»

La Déesse des mouches à feu est présentement en librairies

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