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Crimée: Le Premier ministre ukrainien jeudi à l'ONU, Merkel parle d'"annexion"

Crimée: Le Premier ministre ukrainien jeudi à l'ONU, Merkel parle d'"annexion"

La crise ukrainienne et le rattachement qui paraît inévitable de la Crimée à la Russie seront examinés jeudi au Conseil de sécurité de l'ONU qui doit recevoir le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk.

M. Iatseniouk s'adressera au Conseil, qui sera également informé de la situation en Ukraine par le secrétaire général adjoint de l'ONU pour les affaires politiques Jeffrey Feltman.

Cependant, l'adoption d'une position commune au Conseil semble improbable: Moscou y dispose d'un droit de veto.

Le rattachement attendu de la Crimée à la Russie, après un référendum prévu dimanche, ne sera que son "annexion" par Moscou, a jugé mardi Angela Merkel, alors que séparatistes et troupes russes continuaient à renforcer leur contrôle de la péninsule ukrainienne.

Parallèlement, les Européens, Britanniques et Français en tête, ont évoqué de nouvelles sanctions.

Les autorités pro-russes de la région pour leur part ont adopté une "déclaration d'indépendance", ce qui devra permettre à la Crimée de demander en toute souveraineté de rejoindre la Russie, une fois annoncés les résultats du référendum, dont l'issue ne fait aucun doute.

Le document a été voté par 78 des 81 députés du parlement régional.

Les parlementaires ont notamment évoqué le précédent de l'indépendance du Kosovo, reconnue par l'ONU, pour justifier leur démarche au regard du droit international, alors que l'Occident juge le référendum illégitime et son résultat sans valeur.

La Russie a immédiatement adoubé la déclaration d'indépendance de la Crimée, la qualifiant d'"absolument légale".

Moscou en a profité pour retourner l'exemple de l'indépendance du Kosovo contre les Occidentaux en rappelant que la Cour internationale de justice avait considéré à l'époque "qu'une déclaration unilatérale d'indépendance d'une partie d'un Etat ne violait aucune norme du droit international".

Le vote des parlementaires intervient alors que les forces russes contrôlent désormais les points stratégiques de la péninsule ukrainienne. Tout est en place pour une sécession rapide de la péninsule: le "Premier ministre" Serguiï Axionov s'est autoproclamé "chef des armées" et les 2 millions de Criméens, majoritairement russophones, ont vu les chaînes russes remplacer les chaînes ukrainiennes sur leur poste de télévision.

Des hommes en treillis fouillent tout voyageur arrivant à Simféropol en provenance du Nord et seuls les vols en provenance de Moscou peuvent y atterrir.

La région est de facto interdite aux responsables et observateurs internationaux. Mardi, l'ONU a annoncé que son émissaire en Ukraine, Ivan Simonovic, avait renoncé pour le moment à se rendre en Crimée.

A la veille d'un déplacement à Washington du Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk qui va chercher l'aide de Barack Obama à cinq jours du référendum en Crimée, l'incompréhension est totale entre Russes et Occidentaux.

Le Premier ministre britannique David Cameron a averti qu'il y aurait des "sanctions sévères si Moscou ne change pas de cap". Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a agité la menace de nouvelles sanctions "dès cette semaine".

Mais, globalement, le dialogue de sourds qui a succédé à l'intense activité diplomatique de la semaine dernière ne laisse pas présager d'une possible sortie de crise.

Signe de détente, cependant : Moscou a indiqué mardi que les chefs de la diplomatie des deux pays, Sergueï Lavrov et John Kerry, avaient discuté de leurs "propositions concrètes" visant à assurer "la paix" en Ukraine.

Ils "ont échangé leurs avis sur les propositions concrètes de la Russie et des Etats-Unis pour assurer la paix civile et la concorde dans ce pays", selon un communiqué du ministère qui ne donne pas de détails.

Le président déchu Viktor Ianoukovitch, réfugié en Russie depuis qu'il a été renversé en février après trois mois de contestation pro-occidentale, qui a fait une centaine de morts à Kiev, a réaffirmé être le président "légitime" de l'Ukraine.

L'ancien président est apparu pour la deuxième fois devant les caméras depuis sa chute. Se posant en seul président "légitime" de l'Ukraine, il a toutefois semblé en désaccord avec le Kremlin en disant regretter "que la Crimée se détache" de l'Ukraine.

"Dès que le permettront les circonstances -- je suis certain qu'il ne faudra pas attendre longtemps -- je reviendrai forcément à Kiev", a-t-il assuré, appelant la communauté internationale à cesser de "soutenir un coup d'État" perpétré par une "clique" composée d'"ultra-nationalistes et de néo-fascistes".

"Le pays va se ressaisir et retrouver son unité", a-t-il encore déclaré, alors que la direction russe a semblé appuyer la perspective d'une partition du pays, et a estimé que M. Ianoukovitch n'avait plus d'avenir politique.

Pour sa part, Vladimir Poutine voit sa stratégie saluée par les Russes, selon les instituts de sondage qui donnent au président russe un record de popularité depuis sa réélection en 2012. Plus de deux-tiers des Russes approuvent sa politique, alors qu'à Kiev il fait de plus en plus figure de bête noire, dénoncé par de nombreuses affiches dans les rues.

Sur le plan économique, la Banque mondiale (BM) a déclaré être prête à apporter "jusqu'à 3 milliards de dollars" d'aide à l'Ukraine cette année pour lui permettre de faire face à ses graves difficultés financières.

Et la Commission européenne a proposé de fortes réduction des tarifs douaniers, pour un montant évalué à quelque 500 millions d'euros par an. Cette facilité douanière s'ajoute au plan d'aide massif d'un montant d'au moins 11 milliards d'euros, sous forme de prêts, de dons et d'avantages commerciaux.

bur-via/kat/mr

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