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Chine: le parlement en quête de questions bienveillantes de la presse "étrangère"

Chine: le parlement en quête de questions bienveillantes de la presse "étrangère"

En quête d'image, le Parlement chinois, réuni en session annuelle, s'appuie dans ses conférences de presse sur certains journalistes étrangers aux questionnements si bienveillants qu'ils frisent la mise en scène et suscitent l'irritation de la profession.

Lors d'une conférence de presse mardi du gouverneur de la Banque de Chine, Zhou Xiaochuan, tenue en marge des travaux de l'Assemblée nationale populaire (ANP), le modérateur a donné la parole à Louise Kenney, qui s'est présentée comme une reporter de "Global CAMG d'Australie".

Évitant les sujets délicats, tels le ralentissement économique chinois, l'énorme secteur bancaire "de l'ombre" ou la corruption, la reporter a questionné les responsables sur l'ouverture du marché chinois des assurances agricoles aux entreprises étrangères.

Suscitant du même coup la colère d'un confrère qui s'est écrié: "Donnez la parole à un vrai journaliste étranger, pas un faux !", provoquant applaudissements et rires de ses collègues.

Rares sont en effet les correspondants étrangers autorisés à poser des questions lors de ces "conférences de presse" de l'ANP, qui se résument le plus souvent à un échange convenu de questions-réponses entre la presse officielle et les autorités.

Les grands médias étrangers doivent soumettre à l'avance leurs questions aux responsables, qui donnent rarement une suite.

La semaine dernière déjà, Louise Kenney, lors d'une conférence de presse du ministre des Finances, avait été choisie pour poser une question, qui porta sur les couples chinois divorçant pour éviter l'impôt.

C'est la seconde fois en trois ans que les autorités chinoises suscitent la controverse lors de rendez-vous politiques majeurs en utilisant des journalistes étrangers... dont l'employeur s'avère au final contrôlé par une entite chinoise.

En effet, si l'employeur de Louise Kenney, Global CAMG Media Group, dispose d'un bureau à Melbourne, il est détenu majoritairement par des capitaux chinois. Il entretient en outre des liens étroits avec les médias d'État chinois, notamment China Radio International (CRI). L'adresse principale et le téléphone indiqués sur le site internet de CAMG sont à Pékin.

Une employée chinoise de CAMG a confirmé à l'AFP que Louise Kenney travaillait pour le groupe et était basée en Australie.

Sur son site internet, CRI montre une interview vidéo de la journaliste australienne, accompagnée d'une collègue du même groupe et toutes deux qualifiées par CRI de "journalistes-vedettes".

La radio officielle chinoise a également présenté cette semaine une longue galerie de photos montrant ce duo de "vedettes" couvrant la session parlementaire.

Une autre employée de CAMG, Andrea Yu, avait déjà suscité la controverse en 2012 en se voyant choisie au moins quatre fois par les organisateurs pour poser des questions lors de conférences de presse données pour le dernier congrès du Parti communiste chinois.

Elle avait reconnu ensuite sur la chaîne australienne ABC que son employeur était majoritairement chinois.

"Je suis consciente du fait que je ne peux pas poser les questions-choc que je souhaiterais en raison de qui je représente", avait-elle confié.

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