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Centrafrique, la criminalité pour dernier fléau

Centrafrique, la criminalité pour dernier fléau

Meurtres, agressions, règlements de comptes... La Centrafrique, déjà sinistrée par des mois d'affrontements interreligieux sanglants, subit désormais également les affres du banditisme, les pillards étant assurés eux aussi de l'impunité, faute d'administration judiciaire pour s'attaquer à ce fléau.

A Bangui, où les armes - fusils d'assaut, armes de poing, grenades,...- pullulent toujours malgré les opérations de désarmement des forces française Sangaris et africaine Misca, de simples vols à l'arraché deviennent au quotidien des agressions extrêmement violentes.

Ainsi récemment, dans le quartier de Pétévo, un gendarme a refusé de céder sa moto à des hommes en armes qui voulaient lui subtiliser l'engin. Ils l'ont abattu et sont repartis avec la moto. Ce week-end, dans le quartier de Miskine, d'autres hommes armés ont attaqué la maison d'un fonctionnaire. Là aussi pour voler une moto. Menacé de mort, il a remis les clés aux voleurs, ce qui lui a sauvé la vie.

Ailleurs en ville, c'est une autre maison qui a été attaquée par des pillards. Pour la dévaliser, ils n'ont pas hésité à égorger un jeune homme et à ouvrir le feu sur un occupant de la maison, qui a été blessé.

Personne n'est à abri de telles agressions. Samedi le Comité international de la Croix-rouge (CICR) s'est alarmé à son tour, après Médecins sans frontières (MSF), de la dérive criminelle de la Centrafrique qui entrave désormais les opérations d'aide aux centaines de milliers de déplacés de la crise.

Bien souvent il est difficile de différencier un délinquant d'un milicien ou d'un combattant, qui eux aussi versent dans la criminalité et se chargent à l'occasion de régler les comptes des uns et des autres.

Comme en témoigne l'histoire récente de ce musulman, qui avait fui son quartier où il n'était pas en sécurité pour se réfugier dans celui de Ben-Zvi, plus sûr. Ayant de l'eau dans sa concession, il la distribuait gratuitement aux voisins.

Mais après avoir constaté que certains abusaient de sa générosité, il a fermé à clé le robinet. Un voisin est allé le dénoncer aux miliciens anti-balaka qui ont attaqué sa maison tôt le matin. L'ayant manqué, ils ont attaqué le voisinage, croyant qu'il se serait caché chez un voisin, blessant au bras et à l'abdomen un adolescent.

Personne n'a été arrêté. Comme pour toutes les violences et exactions perpétrées depuis des mois. Car l'impunité est totale, faute d'administration en état de marche.

La situation en Centrafrique "est unique, elle est caractérisée par l'effondrement de l'ordre public, le vide du pouvoir, l'absence d'autorités de police et judiciaires", a d'ailleurs relevé lundi Bernard Acho Muna, président de la commission d'enquête de l'ONU sur les violations des droits de l'homme dans le pays, qui débute mardi une mission à Bangui.

"Il faut mettre fin à l'impunité et être sûrs que ceux qui ont passé la ligne rouge doivent rendre des comptes", a-t-il plaidé.

Les autorités centrafricaines de transition assurent elles aussi vouloir en finir avec l'impunité généralisée qui ronge leur pays.

Mais pour l'instant les tribunaux ne fonctionnent toujours pas. La prison centrale de Bangui a bien été rouverte récemment, mais c'est une véritable passoire avec des évasions incessantes. Les forces de police et de gendarmerie en sont au stade de la reformation et ne suffisent pas à assurer un minium de sécurité.

Un premier pas dans la relance des administrations a été franchi avec le paiement d'un mois de salaires aux fonctionnaires lundi pour la première fois depuis six mois, une incitation à reprendre le travail. Mais pour beaucoup, le compte n'y est pas: il manque toujours cinq mois de traitement.

acp-mc/cl/jlb

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