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France: Sarkozy tente d'obtenir le retrait d'enregistrements embarrassants

France: Sarkozy tente d'obtenir le retrait d'enregistrements embarrassants

Nicolas Sarkozy demande lundi à la justice française le retrait des enregistrements embarrassants réalisés par un ex-conseiller, alors que le retour en politique de l'ancien chef d'Etat est compromis par un nouveau scandale, sa mise sur écoutes par la justice.

L'ex-président et son épouse Carla Bruni ont engagé une procédure d'urgence devant le Tribunal de grande instance de Paris contre l'ex-conseiller Patrick Buisson et contre le site d'information Atlantico qui a mis en ligne des extraits des bandes sonores dans lesquels on peut notamment entendre Nicolas Sarkozy discuter avec des proches.

Les premières diffusions d'enregistrement ont sidéré la France: conversations de travail mais aussi échanges privés, critiques de tel ou tel ministre, ironie sur la femme du président, tout y passe.

Cette affaire n'est pas liée à la mise sur écoute par la justice française de Nicolas Sarkozy, à la demande de juges enquêtant sur le financement de sa campagne. Un échange entre l'ancien président (2007-2012) et son avocat ont entraîné l'ouverture le 26 février d'une information judiciaire pour violation du secret de l'instruction et trafic d'influence. Le corps des avocats a vivement réagi, dénonçant une atteinte au secret professionnel.

Par leur action en référé (procédure d'urgence), examinée à 13H00 GMT, Nicolas Sarkozy et Carla Bruni espèrent le retrait des enregistrements diffusés mais aussi une décision dissuasive à l'égard de la diffusion d'éventuels nouveaux extraits.

Ces enregistrements ont été réalisés clandestinement, selon les plaignants, par Patrick Buisson durant le quinquennat Sarkozy, entre 2007 et 2012. Il n'est pas possible à la justice de bloquer préventivement de nouvelles diffusions.

Cette affaire embarrasse l'ancien chef de l'Etat, dont le retour en vue de la présidentielle de 2017 fait l'objet de spéculations depuis des mois, et plus largement la droite à l'approche des municipales prévues fin mars. Plusieurs responsables de gauche n'ont pas manqué de la juger révélatrice des moeurs politiques de l'ancien exécutif.

"Ces conversations, captées en continu, pendant toute la durée de la présence de M. Patrick Buisson auprès de M. Nicolas Sarkozy qui se trouvait dans une résidence privée en compagnie de son épouse, n'avaient aucune vocation à se retrouver fixées et diffusées dans le public", selon l'assignation déposée au nom de l'ex-président de la République.

L'avocat de M. Buisson, Gilles-William Goldnadel, considère cette action en justice comme "moralement légitime", mais assure que son client n'y est pour rien si les bandes ont été rendues publiques.

Ancien directeur du journal d'extrême droite Minute, "royaliste" revendiqué dans ses propres enregistrements, l'ex-conseiller affirme ne plus disposer des bandes et a annoncé son intention de porter plainte pour "vol et recel".

Dimanche, à la veille de l'audience, le site d'informations Atlantico a retiré l'extrait de l'enregistrement réalisé le 26 février 2011 à la résidence présidentielle de la Lanterne, dans lequel on pouvait entendre Carla Bruni, mais a laissé les autres en ligne.

Si "la publication de ces propos était fondée sur l'intérêt légitime de l'information du public", affirme le site, "nous avons décidé dans un souci d'apaisement de les retirer purement et simplement" car l'ancienne première dame "n'est pas une personnalité politique".

Néanmoins la chanteuse maintient ses demandes, qui visent également Patrick Buisson, a indiqué à l'AFP son avocat Richard Malka.

Outre le retrait des enregistrements, sous astreinte de 5.000 euros par jour de retard, l'ex-couple présidentiel demande chacun un euro de dommages et intérêts à Atlantico et 30.000 euros à l'ancien conseiller, qui seraient reversés intégralement à une fondation de lutte contre le sida.

En mettant en garde contre le risque de créer "une société orwellienne où personne ne serait plus garanti contre l'enregistrement et la diffusion de ses conversations privées", Me Malka demande dans son assignation à la justice "de condamner sévèrement ce type de procédés".

Au cours des derniers mois, Nicolas Sarkozy a multiplié les apparitions publiques, sans s'abstenir de critiquer la gestion de la France de son successeur, le socialiste François Hollande. Alors que la droite n'en finit plus de se diviser, il peaufineait ces derniers mois son image de recours incontournable pour la prochaine présidentielle de 2017.

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