Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

USA: levée de boucliers contre un nouvel antidouleur très puissant

USA: levée de boucliers contre un nouvel antidouleur très puissant

La mise sur le marché d'un nouvel antidouleur puissant suscite une levée de boucliers aux Etats-Unis, où médecins et groupes de défense des consommateurs rappellent que la dépendance à ces opioïdes a fait 125.000 morts par surdose en 10 ans.

Ce médicament, le Zohydro du laboratoire Zogdnix, a été approuvé par la Food and Drug Adminstration (FDA), l'agence américaine des médicaments, en octobre 2013.

Fait très inhabituel, ce feu vert a été donné malgré le fait qu'un comité d'experts indépendants avait recommandé --à 11 voix contre deux-- de ne pas approuver cet antidouleur. L'agence entérine généralement les avis de ces comités, même si elle n'y est pas tenue.

Cette décision a mobilisé de nombreux médecins et des organisations de lutte contre l'abus de ces analgésiques regroupés dans le cadre de la coalition "Fed Up" ("Assez") "pour mettre fin à l'épidémie opioïde". Ils demandent dans une lettre adressée à la directrice générale de la FDA, le Dr Margaret Hamburg, de revenir sur cette autorisation --une position partagée par les ministres de la justice de 29 Etats et territoires américains.

L'autorisation de commercialiser le Zohydro "a le potentiel pour aggraver notre épidémie nationale d'usage excessif de ces médicaments --dont une partie est illicite-- car cet antidouleur sera le seul à ne contenir que de l'hydrocodone pur, un narcotique opioïde cinq à dix fois plus puissant que les analgésiques actuellement sur le marché contenant cette substance", écrivent-ils.

"Approuver un médicament qui va aggraver le problème de la dépendance est assez choquant", estime le Dr Andrew Kolodny, président de l'Association des médecins pour prescrire des opioïdes de façon responsable, qui s'est joint à la pétition.

La FDA "a déterminé que le Zohydro ER respectait nos exigences réglementaires et que ses bienfaits excédaient les risques quand il est utilisé comme il se doit", a assuré une porte-parole de l'agence dans un email envoyé à l'AFP.

Les antidouleurs comme le Zohydro sont parfaits pour traiter des douleurs quelques jours après une intervention chirurgicale ou pour les malades en fin de vie, atteints d'un cancer et qui souffrent, explique à l'AFP le Dr Kolodny.

Mais ces opioïdes "sont de très mauvais médicaments" pour des personnes souffrant de douleurs chroniques, comme le mal de dos ou la migraine, insiste-t-il, notant que 100 millions d'Américains entreraient dans cette catégorie, la principale cible des laboratoires pharmaceutiques. Ce marché est estimé à neuf milliards de dollars aux Etats-Unis.

Comme ces analgésiques créent une forte dépendance, quand on commence à en prendre sur des périodes prolongées, il est nécessaire d'accroître la dose pour maintenir leur effet, ce qui créé un cercle vicieux dangereux, ajoute le médecin.

Il estime que la décision de la FDA d'autoriser le Zohydro comme les problèmes de dépendance aux opioïdes depuis une quinzaine d'années aux Etats-Unis reflètent "la trop grande influence des laboratoires pharmaceutiques sur les décisions de la FDA, particulièrement dans la division des analgésiques".

En octobre, le Washington Post avait publié des courriers électroniques montrant que des firmes pharmaceutiques ont payé des dizaines de milliers de dollars à certains centres médicaux universitaires pour assister à des réunions internes de la FDA lors desquelles étaient décidées les critères d'approbation des nouveaux analgésiques, rappelle le Dr Kolodny.

Deux sénateurs ont ouvert une enquête et pressent la FDA de s'expliquer dans une lettre conjointe transmise le 26 février dans laquelle ils qualifient ces informations de "très troublantes". La FDA avait indiqué dans un communiqué "prendre ces préoccupations très au sérieux" mais qu'"elle n'était consciente d'aucune irrégularité".

js/mdm/jr

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.