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La galère de jeunes Roumains et Bulgares dont Londres a gelé les prêts étudiants

La galère de jeunes Roumains et Bulgares dont Londres a gelé les prêts étudiants

Stanimira a manqué des cours faute d'argent, Miglena a dû choisir entre manger ou aller à la fac: des étudiants roumains et bulgares sont confrontés à des situations complexes au Royaume-Uni après la suspension de leurs prêts par Londres, une mesure qu'ils jugent "discriminatoire".

"Je suis vraiment furieuse, mes études dépendent vraiment de cet argent", témoigne à l'AFP Stanimira Karaivanska, 19 ans, dont sept ans passés au Royaume-Uni.

En janvier, cette étudiante bulgare en gestion de l'environnement à l'université de Kingston à Londres ne reçoit pas une partie de son prêt qui lui assure environ 500 livres par mois pour se loger, se déplacer et se nourrir. "J'ai raté des cours car je ne pouvais pas payer le train et le bus pour la fac", soit 24 euros l'aller-retour, affirme-t-elle.

Stanimira subit, comme d'autres étudiants, une décision du gouvernement britannique, engagé dans une rhétorique anti-immigration à l'approche des élections européennes. En novembre, il a annoncé la suspension des prêts pour frais de subsistance accordés à 7.500 étudiants roumains et bulgares. La raison avancée: une "augmentation significative" émanant de jeunes de ces deux pays.

Par la suite, le gouvernement dit avoir étendu cette mesure aux étudiants de toute l'UE, mais seulement ceux inscrits dans des établissements privés.

Selon Londres, il s'agit d'une "mesure de précaution", le temps que les personnes concernées prouvent leur éligibilité à de tels prêts accordés aux étudiants vivant depuis trois ans au Royaume-Uni et qu'ils doivent rembourser ultérieurement.

Miglena Zasheva a également vu son prêt suspendu en janvier. Cette Bulgare de 23 ans, arrivée en 2010 au Royaume-Uni où elle a enchaîné les petits boulots, s'attelle rapidement à renvoyer fiches de paie, avis d'impôts, relevés bancaires prouvant la durée de son séjour. Des documents qu'elle dit avoir déjà fournis en août pour bénéficier d'un prêt total annuel de 6.050 livres. "Rien n'y fait, ils m'ont dit que ce n'était pas assez".

Elle multiplie les heures de réceptionniste dans une salle de gym pour essayer de joindre les deux bouts. Mais cela ne suffit pas. "A un moment, j'ai dû choisir entre manger et me déplacer", avoue-t-elle.

L'étudiante, qui vit dans un hôpital désaffecté, survit grâce à la solidarité de ses amis à qui elle doit à ce jour 600 livres, et ne peut plus aider ses parents restés au pays, à qui elle envoyait 100 livres tous les mois.

Les autorités britanniques "essaient de nous pousser à abandonner nos études", estime Liliana Gabor, une étudiante roumaine en tourisme au Icon College de Londres. "Je pense qu'ils ne veulent pas de nous", conclut cette mère célibataire.

En février, Bucarest a saisi la Commission européenne pour demander des "clarifications sur la conformité" de la décision britannique "avec l'acquis communautaire", estimant qu'elle pourrait être "discriminatoire vis-à-vis des ressortissants roumains".

Pour Andrei Ioan Stan, à la tête de la branche britannique de la Ligue des étudiants roumains, le doute n'est pourtant pas permis: la discrimination est avérée car Londres "ne vise que les Roumains et Bulgares, sur 28 nationalités dans l'UE", affirme-t-il.

Miglena va dans le même sens: "Dans ma classe d'une centaine d'élèves, seuls deux étudiants, des Bulgares," se sont vu suspendre leurs prêts.

"Le moment choisi par Londres est suspect", ajoute Andrei à l'AFP, relevant que la décision britannique est intervenue deux mois avant l'ouverture du marché du travail aux Roumains et Bulgares, qui a alimenté au Royaume-Uni les craintes d'un "raz-de-marée" d'immigrés.

Liliana vient finalement de percevoir 3.000 livres de prêts qui étaient bloqués. "Mais j'ai peur que dans un mois, ils gèlent de nouveau mon compte". Du coup, elle hésite à réduire les heures de femme de ménage qu'elle a pris en supplément. "Je vais voir si je peux jongler entre le travail, la fac et mon fils."

Miglena pensait également être arrivée au bout des ses peines. On lui avait promis le versement fin février de son prêt bloqué, mais coup de théâtre: "On me dit maintenant que ce sera dans deux semaines minimum. Je ne m'en sors plus. J'ai un voyage d'études en mars et si je ne peux pas payer mon équipement, je vais rater mon année."

bed/dh/mpd

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