Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Ukraine: la Russie tend les bras à la Crimée malgré les sanctions des Occidentaux

Ukraine: la Russie tend les bras à la Crimée malgré les sanctions des Occidentaux

La Crimée poursuivait vendredi son cavalier seul vers un rattachement à la Russie, synonyme de partition de l'Ukraine, au plus fort des tensions diplomatiques entre Russes et Occidentaux qui ont lancé une série de sanctions contre Moscou.

Au lendemain de l'annonce par le Parlement local de Crimée de l'organisation d'un référendum le 16 mars pour le rattachement à la Russie de cette péninsule du sud de l"Ukraine, le Parlement russe a indiqué qu'il respecterait le "choix historique" de la Crimée.

Les députés russes laissent ainsi entendre qu'ils voteront, sans surprise, en faveur de l'intégration de cette région, où vivent deux millions d'habitants, à l'immense fédération de Russie.

"Nous soutiendrons le choix libre et démocratique de la population de Crimée", a déclaré le président de la Douma (chambre basse du Parlement russe), Sergueï Narychkine lors d'une rencontre à Moscou avec une délégation de parlementaires de Crimée.

Jeudi soir, le président ukrainien par intérim Olexandre Tourtchinov avait dénoncé le référendum, fustigeant "un crime contre l'Ukraine commis par les militaires russes" et annoncé le lancement d'une procédure de dissolution du Parlement de Crimée.

Sur la scène diplomatique, malgré d'intenses consultations depuis une semaine, Occidentaux et Russes n'ont pas réussi à trouver de porte de sortie pour la crise qui a éclaté fin février avec la prise de contrôle par des forces russes de la Crimée.

Après des tergiversations, Bruxelles et Washington ont finalement dégainé l'arme des sanctions diplomatiques et économiques.

Le président Barack Obama a eu, pour la 2e fois en moins d'une semaine, une très longue conversation téléphonique avec le maître du Kremlin Vladimir Poutine.

Le président américain a insisté sur le fait que la Russie agit en violation de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui conduit les Etats-Unis "à prendre des mesures de représailles, en coordination avec nos partenaires européens", selon la Maison Blanche.

Pour sa part, Vladimir Poutine a mis en garde son homologue américain contre le risque de "sacrifier" les relations américano-russes pour des "problèmes internationaux isolés, bien qu'extrêmement importants", selon le Kremlin.

De son côté, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a vivement condamné la demande des autorités pro-russes de Crimée de rattachement à la Russie. "La Crimée est une partie de l'Ukraine, la Crimée est l'Ukraine", a-t-il martelé à Rome.

Quelques heures plus tôt, Barack Obama, engagé dans la plus grave épreuve de force avec Moscou depuis la chute de l'URSS, avait ordonné des restrictions de visas pour "un certain nombre de responsables et d'individus", tenus pour "responsables ou complices de menacer la souveraineté de l'Ukraine".

Le président américain a également autorisé des gels d'avoirs, visant potentiellement des responsables russes et ukrainiens.

Les dirigeants européens ont pour leur part suspendu les négociations sur les visas avec la Russie et menacé de prendre davantage de sanctions, notamment économiques, si la situation continuait à se détériorer.

A l'issue d'un sommet extraordinaire à Bruxelles, le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, a annoncé que l'UE allait signer l'accord d'association avec Kiev avant les élections du 25 mai en Ukraine.

"Nous signerons les volets politiques de l'accord très bientôt, avant les élections", a-t-il dit, tandis que le Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, a annoncé que Kiev était prêt à signer cet accord "dès que possible".

Sur le terrain, 40 observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ont dû rebrousser chemin après avoir été empêchés par des hommes armés d'entrer en Crimée, contrôlée depuis le 28 février par des forces russes. L'organisation n'a pas indiqué si les observateurs allaient retenter leur chance.

A l'issue d'une nouvelle réunion infructueuse du Conseil de sécurité de l'ONU à New York jeudi soir, Washington a demandé à Moscou de faciliter l'entrée d'observateurs internationaux en Crimée, tout en dénonçant le référendum.

Le refus du régime du président Viktor Ianoukovitch, désormais déchu, de signer l'accord avec l'UE avait déclenché en novembre le mouvement de contestation, suivi d'une répression violente avec un bilan d'au moins 100 morts, une violence inédite dans l'histoire de la jeune Ukraine indépendante.

Kiev a demandé à Interpol de délivrer une "notice rouge", soit une demande d'arrestation à des fins d'extradition, à l'encontre de Viktor Ianoukovitch pour "abus de pouvoir et meurtre", a annoncé vendredi l'agence internationale. M. Ianoukovitch est apparu pour la dernière fois en public lors d'une conférence de presse en Russie le 27 février.

Hors de Crimée, Donetsk, fief russophone de M. Ianoukovitch dans l'est du pays, a connu ces derniers jours un regain de tensions, mais le gouverneur a fait intervenir jeudi la police pour apaiser les esprits.

La police ukrainienne a repris le contrôle du siège du gouvernement régional occupé par des militants pro-russes et arrêté des dizaines de personnes.

bur-kat/ia

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.