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RDCongo: Germain Katanga, le "lion" de l'Ituri

RDCongo: Germain Katanga, le "lion" de l'Ituri

Le Congolais Germain Katanga, reconnu vendredi coupable de complicité de meurtre et pillage par la Cour pénale internationale, a été un élève prometteur avant de devenir un chef de guerre impitoyable et de gagner le surnom de "Simba", le lion, pour sa férocité.

Les juges ont décidé que l'ancien milicien de 35 ans, qui avait été arrêté à Kinshasa en 2005 et transféré à la CPI deux ans plus tard, était coupable d'avoir aidé à la commission de crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis en 2003 en Ituri, dans le nord-est de la République démocratique du Congo.

Germain Katanga était le chef incontesté des Forces de résistance patriotiques en Ituri (FRPI), une milice créée fin 2002 avec un soutien ougandais, dont de nombreux membres, des ethnies lendu et ngiti, sont soupçonnés d'avoir participé à des massacres à caractère ethnique dirigés contre une autre ethnie, les Hema.

Né le 28 avril 1978 à Aveba, localité située à une trentaine de km au sud de Bunia (chef-lieu d'Ituri), Germain Katanga se distingue par ses bons résultats scolaires et fait la fierté de son père infirmier dans une région rurale très pauvre.

Lorsqu'en 1999 un conflit foncier dégénère en massacres entre pasteurs hemas et agriculteurs lendu, le jeune Ngiti commence à fréquenter les groupes d'auto-défense ngitis et lendus.

"L'intellectuel" mince et élancé, au regard direct, va devenir "Simba", le lion des Ngitis, mû par la vengeance après l'assassinat de plusieurs de ses proches, selon des témoignages recueillis par des ONG locales.

Il intègre dès leur création les FRPI et aurait bénéficié de formations militaires en Ouganda, notamment.

En septembre 2002, le massacre par les FRPI et leurs alliés de plus d'un millier de civils dans l'attaque de l'hôpital de Nyakunde marque un tournant: Katanga devient le chef militaire incontesté du groupe.

Après le transfèrement de Germain Katanga à La Haye, la FRPI, dont plusieurs milliers de combattants avaient été démobilisés et intégrés à l'armée congolaise de 2004 à 2006, a commencé à se reformer fin 2007. Ses effectifs sont estimés aujourd'hui à 500 hommes ou plus.

Affaibli par une opération des forces gouvernementales fin 2013, le mouvement continue néanmoins "d'entretenir une zone d'instabilité importante dans le Sud de l'Ituri", note un diplomate à Kinshasa. Il peut compter de plus sur le contrôle et l'exploitation de mines d'or pour ses ressources.

Entre fin 2002 et début 2003, Katanga est soupçonné d'avoir "ordonné, toléré ou personnellement participé à des massacres" perpétrés à Bunia, alors occupée par l'Union des patriotes congolais (UPC) de Thomas Lubanga, groupe ennemi de la FRPI, mais aussi à Komanda et Bogoro.

Les troupes de Thomas Lubanga, condamné lors du premier jugement de la Cour à 14 ans de prison pour avoir utilisé des enfants soldats, disposaient d'un camp dans le village Hema de Bogoro mais, selon le bureau du procureur, l'attaque de février 2003 visait "intentionnellement" la population civile.

Selon des témoignages rapportés par des ONG locales, cette bataille a été "sanglante" : "quand ils ont lancé l'assaut, l'UPC a levé le camp en abandonnant des dizaines de civils, des femmes et des enfants, qui ont été massacrés".

Après le déploiement d'une force européenne à Bunia en juin 2003, Germain Katanga se retranche dans ses terres d'Aveba.

Il obtient fin 2004 une promotion au sein de l'armée contre la promesse de démobiliser ses hommes, estimés à environ 3.000, et gagne Kinshasa où il sera formellement arrêté en mars 2005.

sb/ab/mbr/cjo/jlb/sba

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