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Erdogan s'affiche déjà en vainqueur des municipales et multiplie les menaces

Erdogan s'affiche déjà en vainqueur des municipales et multiplie les menaces

Malgré les accusations de corruption qui s'accumulent, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan multiplie les menaces contre ses adversaires à trois semaines des élections municipales, persuadé de sortir grand vainqueur du scrutin.

La dernière en date concerne l'une de ces cibles préférées, internet, où des extraits de ses conversations téléphoniques piratées sont diffusés en feuilleton quotidien.

Deux semaines après avoir fait voter une loi très critiquée renforçant le contrôle d'internet, M. Erdogan a menacé jeudi soir, lors d'un entretien télévisé, d'interdire purement et simplement les réseaux sociaux, fers de lance des manifestations qui ont fait vaciller son règne sans partage sur le pays en juin 2013.

"Nous sommes résolus à ne pas laisser le peuple turc être sacrifié par YouTube et Facebook", a-t-il lancé sur la chaîne ATV. "Nous prendrons les mesures nécessaires, quelles qu'elles soient", a-t-il insisté, "y compris la fermeture".

Comme Twitter, YouToube concentre toute la colère de M. Erdogan. Depuis deux semaines, la plateforme héberge les extraits de ses coups de fils avec son fils Bilal, des ministres et des patrons qui ont révélé son implication dans les affaires de corruption en cours ou encore ses interventions dans des procédures judiciaires ou les médias.

Ces révélations ont suscité la colère de l'opposition et fait descendre des milliers de manifestants dans les rues pour exiger la démission du "voleur" Erdogan.

S'il a d'abord hurlé au "montage", le Premier ministre a fini par reconnaître l'authenticité de certaines d'entre elles.

Fidèle à sa ligne de défense depuis le début du scandale de corruption qui vise des dizaines de ses proches, M. Erdogan accuse ses ex-alliés de la confrérie du prédicateur musulman Fethullah Gülen, très influente dans la police et la justice, d'être à l'origine de ces écoutes et de vouloir provoquer sa chute.

Jeudi soir, il a une nouvelle fois promis de lancer l'offensive contre les réseaux "gulénistes" après les élections du 30 mars.

"L'organisation Gülen n'est ni un mouvement religieux, ni une confrérie, c'est une organisation politique", a-t-il lancé, "nous allons d'abord les faire partir de tous les échelons de l'Etat, puis des structures judiciaires".

M. Erdogan a déjà engagé des purges massives qui ont touché plus de 6.000 policiers et des centaines de magistrats, révoqués ou mutés.

Le Premier ministre a également indiqué avoir évoqué le sort de M. Gülen, qui vit aux Etats-Unis, avec le président Barack Obama lors d'une récente conversation. "Pourquoi pas" une demande d'extradition, a-t-il même envisagé.

A trois semaines du scrutin, M. Erdogan, dont le Parti de la justice et du développement (AKP) a remporté toutes les élections depuis son arrivée au pouvoir en 2002, reste plus que jamais persuadé de sa victoire.

"Notre but est d'arriver en tête comme le premier parti du pays, quel que soit notre score, et de remporter le plus grand nombre de grandes villes", a-t-il répété jeudi soir.

Si l'AKP est certain d'obtenir le meilleur score au niveau national, tous les sondages signalent toutefois la chute de sa cote de popularité. Les enquêtes "sérieuses" situent sont parti entre 36 et 42%, loin derrière les 50% des législatives de 2011. Aux municipales de 2009, son parti avait réuni 39% des voix.

M. Erdogan a fait des municipales un référendum pour ou contre sa personne. Sûr de sa force, il a promis de quitter la politique si son parti n'arrivait pas en tête et, pour la première fois, envisagé ouvertement de changer la règle de son parti qui l'empêcherait de briguer un quatrième mandat à la tête du pays en 2015.

"Il est persuadé que sa victoire le 30 mars va le laver de toutes les accusations de corruption", commente l'éditorialiste du quotidien Radikal Murat Yetkin.

"Il se proclamera gagnant quel que soit le score", assure le politologue Cengiz Aktar, de l'université Sabanci d'Istanbul. "Mais au sein de son parti, ils sont de plus en plus nombreux à le considérer comme un problème", ajoute-t-il, "pour beaucoup, il a déjà perdu toute légitimité, la crise ne fait que commencer".

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