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Ukraine : la Crimée sur la voie de la partition, Obama sanctionne Moscou

Ukraine : la Crimée sur la voie de la partition, Obama sanctionne Moscou

La Crimée a demandé jeudi à Vladimir Poutine son rattachement à la Russie, nouvelle étape vers une partition de l'Ukraine, alors que les Occidentaux ont annoncé de nouvelles sanctions économiques et diplomatiques contre Moscou.

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry à vivement condamné la demande du parlement de Crimée. "La Crimée est une partie de l'Ukraine, la Crimée est l'Ukraine", a-t-il martelé à Rome lors d'un point de presse, en marge d'une conférence internationale sur la Libye.

Sur le terrain, 40 observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), ont dû rebrousser chemin après avoir été empêchés par des hommes armés d'entrer en Crimée, contrôlée depuis le 28 février par des forces russes.

Les électeurs de la Crimée, une péninsule de deux millions d'habitants à majorité russophone stratégique pour Moscou, auront le choix, au cours d'un référendum prévu le 16 mars, entre un rattachement à la Russie ou une autonomie nettement renforcée, a indiqué à l'AFP le député Grigori Ioffe.

L'assemblée de cette république autonome avait jusqu'à présent projeté l'organisation le 30 mars d'un référendum prévoyant simplement un renforcement de son autonomie.

Les Européens ont très mal accueilli la demande de rattachement à la Russie. C'est "un sérieux pas dans la mauvaise direction", a commenté le Premier ministre britannique David Cameron.

L'organisation d'un référendum en Crimée sans l'accord de Kiev a été dénoncé par le président américain Barack Obama qui a estimé qu'il "violerait la Constitution ukrainienne et le droit international".

C'est "une farce, un crime contre l'Ukraine commis par les militaires russes", s'est insurgé le président ukrainien par intérim, Olexandre Tourtchinov.

A New York, le Conseil de sécurité de l'ONU a entamé de nouvelles consultations à huis clos sur la crise ukrainienne, à la demande du Royaume-Uni.

Quatrième réunion du Conseil sur l'Ukraine depuis vendredi dernier, les consultations porteront notamment sur la mésaventure de l'émissaire de l'ONU en Crimée Robert Serry qui a dû mettre fin mercredi à sa mission après avoir été menacé par des hommes armés.

Alors que Kiev a lancé la procédure de dissolution du Parlement local de Crimée, Washington et Bruxelles ont été plus précis sur les sanctions envisagées contre la Russie.

M.Obama, engagé dans la plus grave épreuve de force avec la Russie depuis la chute de l'URSS, a ordonné des restrictions de visas pour "un certain nombre de responsables et d'individus", tenus pour "responsables ou complices de menacer la souveraineté de l'Ukraine".

Le président américain a également autorisé des gels d'avoirs, visant potentiellement, des responsables russes et ukrainiens.

Les dirigeants européens ont suspendu les négociations sur les visas avec la Russie et menacé de prendre davantage de sanctions, notamment économiques, si la situation continuait à se détériorer.

A l'issue d'un sommet extraordinaire à Bruxelles, le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, a annoncé que l'UE allait signer l'accord d'association avec Kiev avant les élections du 25 mai en Ukraine.

"Nous signerons les volets politiques de l'accord très bientôt, avant les élections", a-t-il dit tandis que le Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, a annoncé que Kiev était prêt à signer cet accord "dès que possible".

Le refus du régime du président Viktor Ianoukovitch, désormais déchu, de signer l'accord avait déclenché en novembre le mouvement de contestation, suivi d'une répression violente avec un bilan d'au moins 100 morts, une violence inédite en Europe depuis les guerres dans les Balkans.

L'annonce du Parlement de Crimée, dominé par des députés pro-russes et dont le "Premier ministre" Serguiï Axionov est poursuivi par Kiev pour "séparatisme", est intervenue alors que les dirigeants européens se retrouvaient en urgence à Bruxelles pour un sommet extraordinaire consacré à l'Ukraine.

"Ce n'est pas seulement une crise entre l'Ukraine et la Russie, c'est une crise en Europe", a affirmé le Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk. Se déclarant disposé à "un réel débat" avec la Russie, il s'est montré préoccupé par les derniers développements, notamment la reprise "du blocage des forces navales ukrainiennes" en Crimée.

Le maître-mot des Européens reste "la désescalade", c'est-à-dire la nécessité de "faire baisser la tension" afin que la crise ne débouche pas sur un conflit militaire.

Mais, après trois rencontres en deux jours, les chefs des diplomaties russe et américaine Sergueï Lavrov et John Kerry, ne sont pas parvenus à trouver une solution.

Barack Obama et David Cameron avaient dénoncé mercredi soir une situation "inacceptable" en Ukraine et le département d'Etat avait affirmé auparavant que la Russie mentait "pour justifier ses actes illégaux en Ukraine".

"Le monde n'a pas vu de fiction russe aussi surprenante depuis que Dostoïevski a écrit +Deux fois deux égale cinq est aussi une chose charmante+", a même ironisé la diplomatie américaine, citant une phrase des "Carnets du sous-sol" du romancier russe.

Moscou a peu goûté l'ironie américaine et a fustigé le "cynisme" et l'"arrogance inadmissible" de Washington.

Hors de Crimée, Donetsk, fief russophone de M. Ianoukovitch dans l'est du pays a connu ces derniers jours un regain de tensions, mais le gouverneur a fait intervenir jeudi la police pour apaiser les esprits.

La police ukrainienne a repris le contrôle du siège du gouvernement régional, qui avait été occupé par des militants pro-russes, et arrêté des dizaines de personnes.

Vladimir Poutine a reçu jeudi le soutien remarqué du président syrien Bachar al-Assad, dont le régime est soutenu par Moscou dans sa guerre contre les rebelles. M. Assad a loué les efforts de M. Poutine pour faire face aux "extrémistes terroristes", un terme utilisé d'habitude par Damas pour parler des rebelles syriens.

bur-kat/neo/bir

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