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Le cadre financier de la CAQ sous la loupe

Le cadre financier de la CAQ sous la loupe

La Coalition avenir Québec a présenté jeudi la pièce maîtresse de son programme électoral : son cadre financier, préparé minutieusement depuis des mois. Toutefois, certains jugent qu'il manque de précision ou de clarté, ou a un côté de déjà vu.

« Ça se tient, a reconnu l'économiste indépendant Ianik Marcil, jeudi, en entrevue avec Michel Viens à ICI RDI. Je ne vois pas d'entourloupette. Techniquement, ça se ferait. Mais est-ce que c'est bénéfique? Ça, c'est une autre question. C'est un choix politique, voire idéologique de décider de faire ces coupes. »

Le président de l'Association des économistes québécois, Jean-Pierre Cousineau, abonde dans le même sens et assure que « le budget balance ». Il doute cependant que la CAQ soit capable d'atteindre l'équilibre budgétaire dès l'an prochain.

Il s'interroge également sur la manière dont un gouvernement caquiste diminuerait les crédits d'impôt aux entreprises.

« Ça fait longtemps que les économistes réclament des baisses dans les crédits d'impôt - on est la province qui en donne le plus - sauf qu'on ne sait pas qui ni quoi, a-t-il désapprouvé. On aimerait que les économies réalisées soient redonnées aux entreprises sous forme de réduction générale des impôts, pas que le gouvernement fasse un bénéfice net avec ça! Là, ici, il n'en est pas question. »

Les syndicats inquiets

Afin d'atteindre l'équilibre, la CAQ propose notamment de réduire le nombre de postes administratifs dans la fonction publique, mais d'augmenter le nombre de fonctionnaires dans les « services de première ligne », notamment en santé et en éducation, ce qui se traduirait par un gel du nombre total d'employés de l'État.

La présidente générale du Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ), Lucie Martineau, affirme que la CAQ tenait grosso modo le même discours aux élections de 2012.

Elle souligne qu'il y a déjà une politique de non-renouvellement d'effectifs touchant un poste sur deux dans la fonction publique et qu'un gel des embauches est toujours en vigueur. Mme Martineau soutient par ailleurs avoir perdu 6 % de ses membres ces dernières années.

« M. Legault veut devenir le patron des employés du gouvernement, mais il ne m'a pas encore dit qui se tournait les pouces, critique-t-elle. Pourtant, il en côtoie, des fonctionnaires, à l'Assemblée nationale... »

Professeur titulaire à l'école de comptabilité de l'Université Laval, Daniel Coulombe s'interroge aussi sur la philosophie de gestion de la fonction publique prônée par la CAQ.

« On a besoin de 570 000 personnes pour les prochaines années. D'accord. Maintenant, comment fait-on pour déplacer certaines personnes de deuxième ligne en première ligne, tout en maintenant le niveau de service de deuxième ligne? Car ces gens-là font quand même un travail », soutient-il.

Un équilibre à retrouver

De passage à l'émission Calcul électoral, l'économiste Youri Chassin, de l'Institut économique de Montréal, a quant à lui relevé l'importance d'atteindre rapidement le déficit zéro afin de « rassurer les marchés financiers ».

« Fitch a abaissé la perspective de crédit du Québec, a rappelé M. Chassin. Pourquoi? Spécifiquement [en raison du] report du retour à l'équilibre budgétaire. (...) Moody's n'a pas suivi, mais a quand même émis des doutes par rapport aux régimes de retraite, donc on est quand même sous surveillance, disons ça comme ça. Et de revenir un an plus tôt, ça enverrait un très bon signal. »

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