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La Tunisie lève l'état d'urgence en vigueur depuis la révolution de 2011

La Tunisie lève l'état d'urgence en vigueur depuis la révolution de 2011

L'état d'urgence en vigueur en Tunisie depuis la révolution de janvier 2011 a été levé avec près de quatre mois d'avance, alors que le pays émerge tout juste d'une année mouvementée marquée par des violences attribuées aux jihadistes.

"Le président de la République et commandant en chef des forces armées Moncef Marzouki a promulgué un décret ordonnant la levée de l'état d'urgence sur tout le territoire tunisien à partir du mercredi 5 mars 2014", a annoncé jeudi la présidence dans un communiqué.

M. Marzouki ayant annoncé en novembre le prolongement de cette mesure d'exception de huit mois, jusqu'à fin juin 2014, la fin de l'état d'urgence intervient donc avec près de quatre mois d'avance.

"La levée de l'état d'urgence ne limite pas les capacités des services de sécurité chargés d'appliquer la loi et n'empêche pas de demander l'appui des forces militaires en cas de besoin", a poursuivi la présidence.

Elle "n'introduit pas de modification dans l'application des lois et des mesures en place dans le pays, y compris celles concernant les zones d'opérations militaires et les zones frontalières tampon", a-t-elle expliqué.

La présidence fait référence à des zones militaires spéciales mises en place en 2013 notamment aux frontières avec l'Algérie et la Libye, où des groupes armés liés à la mouvance jihadiste et des trafiquants d'armes sont actifs selon les autorités.

Entré en vigueur en janvier 2011, juste après la fuite du président Zine El Abidine Ben Ali chassé du pouvoir par un soulèvement qui avait lancé le Printemps arabe, l'état d'urgence avait sans cesse été prolongé depuis.

Il accorde des pouvoirs d'exception à la police et à l'armée. Des unités militaires gardent les bâtiments stratégiques mais aussi des lieux publics, tels que des centres commerciaux.

Haykel Ben Mahfoudh, un expert en sécurité et affaires militaires, a estimé que la levée d'un état d'urgence caduc à ses yeux préparait le terrain à la prise de mesures plus adaptées à la situation actuelle.

"L'état d'urgence est pour les situations d'extrême instabilité, soit lorsqu'il y a un péril imminent pour les institutions de l'Etat, soit lorsqu'il y a un soulèvement populaire", a-t-il dit à l'AFP.

Or "sur le plan social, avec le début d'une sortie de crise politique, les conditions sécuritaires s'améliorent. Sur le danger terroriste, on arrive à plus ou moins cerner la menace, sa provenance, ses liens avec le crime organisé et la contrebande aux frontières", a-t-il jugé.

"Cette situation exige des mesures plus opérationnelles qu'un état d'urgence qui est en fait une restriction des droits, des libertés, de la circulation des personnes et des biens. La présidence fait preuve de pragmatisme, car de toute manière ça faisait bien longtemps qu'il n'était plus appliqué de manière stricte", a-t-il ajouté.

Selon lui, l'armée est par ailleurs "épuisée" de devoir mener des opérations de maintien de l'ordre, et va pouvoir désormais agir en vertu de "mesures plus ciblées et plus adaptées" dans le cadre des opérations de lutte contre les groupes armés notamment.

La Tunisie a connu une année 2013 difficile, marquée par l'assassinat de deux opposants de gauche, la mort d'une vingtaine de militaires et de gendarmes dans des heurts avec des groupes jihadistes et une paralysie institutionnelle de plusieurs mois.

Quatre personnes, dont deux gendarmes, ont encore été tuées à la mi-février par un groupe armé dans l'Ouest.

Sur le plan politique, une nouvelle Constitution a été adoptée fin janvier et un gouvernement apolitique est entrée en fonctions avec pour principale mission de conduire la Tunisie vers des élections en 2014.

Le nouveau Premier ministre, Mehdi Jomaa, a affirmé cette semaine que la situation sécuritaire était en amélioration mais que la vigilance restait de mise.

"La Tunisie est plus sûre qu'hier mais nous n'en avons pas fini avec le terrorisme. Restons prudents (...), le terrorisme est traître, le terrorisme ne pardonne pas. Il faut que nous soyons préparés à d'autres coups", a-t-il dit.

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