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Au salon du tourisme de Berlin, des vacances en Irak ou en Corée du Nord sont possibles

Au salon du tourisme de Berlin, des vacances en Irak ou en Corée du Nord sont possibles

Se promener en Corée du Nord ou découvrir les sites archéologiques d'Irak ne viennent pas spontanément à l'esprit des vacanciers. Pourtant des tours-opérateurs y vantent un tourisme possible tandis que certains pays "difficiles" l'appellent de leurs voeux.

Sur le stand de l'Irak, présent pour la deuxième année au salon ITB de Berlin, en face de celui du Yémen, assauts armés, attentats et violence n'existent pas. Tout n'est que dattes fourrées, artisanat ou vestiges de Babylone. "Le tourisme en Irak progresse maintenant très vite car nous avons le nécessaire pour ça", vante Mahmood al-Zubaidi, du ministère irakien du Tourisme.

Avec 6.000 arrivées par jour, selon M. al-Zubaidi, le tourisme religieux est déjà une réalité dans le pays, essentiellement en provenance du Moyen-Orient. "Maintenant, nous voulons développer le tourisme culturel", explique-t-il à l'AFP.

Désireux de changer l'image de son pays, il n'hésite pas à assurer que la sécurité est "bonne" pour les voyageurs. Le ministère français des Affaires étrangères proscrit lui tout voyage touristique dans l'ensemble du pays, à l'exception du Kurdistan, face à la menace d'attentat et d'enlèvement.

D'après les derniers chiffres de l'Organisation mondiale du tourisme (UNWTO), l'Irak a reçu 1,5 million de touristes internationaux en 2010. Ce chiffre est aujourd'hui de 3 millions, toujours principalement pour des pèlerinages, selon Mohammed Kareem, du tour opérateur Al-Manar Travel, qui s'en prend au "reflet incorrect" du pays renvoyé par les médias.

"Les risques doivent être pris en compte sérieusement (...). Certaines destinations doivent être évitées à certains moments mais sur le principe nous encourageons les gens à aller partout, tant que c'est fait de manière intelligente et organisée", considère pour sa part Taleb Rifai, secrétaire général de l'UNWTO. "Un pays n'est jamais risqué en entier, ce sont toujours des zones spécifiques."

En Iran, le tour-opérateur allemand Studiosus évite ainsi la frontière avec l'Afghanistan et quelques zones tribales. Sinon c'est "un endroit à visiter sans aucun problème ni de sécurité, ni de logistique", vante Manfred Schreiber, responsable de cette zone, qui refuse de mettre sur le même plan la république islamique et des pays ravagés par des conflits comme l'Irak ou l'Afghanistan quand Paris déconseille "les voyages en Iran sauf raison impérative".

Depuis l'élection du nouveau président Hassan Rohani, "l'image de l'Iran a changé" à l'international, condition nécessaire pour attirer les touristes, et le pays "tire clairement avantage du fait qu'on ne peut plus aller dans d'autres pays du monde islamique", souligne M. Schreiber. Studiosus a d'ailleurs élargi son offre, avec trois circuits, mais cette destination, comme l'Irak, se retrouve vite handicapée par des infrastructures d'accueil limitées.

"Il y a une certaine curiosité à aller voir un pays qui est en permanence exposé dans les médias", analyse Manfred Schreiber. Cela vaut pour l'Iran comme pour la Corée du Nord.

A quelques voyageurs désireux de prolonger la visite de la Corée du Sud par celle du Nord, le voyagiste allemand BCT Touristik propose un séjour en passant par la Chine, seule entrée possible dans le pays.

Mais "vous n'avez pas de grande chance de parler avec qui que ce soit car vous êtes tout le temps encadrés de deux guides", porte-parole du système totalitaire, et "ce n'est pas la peine de chercher à négocier ou à parler politique", prévient Ulrich Bexte son directeur. Si on accepte ces conditions, alors "un petit échange" avec cet "autre monde" est possible.

Si le tourisme ne réapparaît vraiment dans un pays qu'en cas de paix et de stabilité, l'inverse peut aussi se montrer vrai, d'après Taleb Rifai, pour qui l'essor du tourisme dans les territoires palestiniens participe à un processus de paix.

Quant à la Syrie, elle a disparu de la carte du tourisme mondial, comme l'Afghanistan. Selon le photographe et réalisateur George Kurian, invité à l'ITB à parler de ce pays, l'arrivée d'un touriste à Kaboul n'attirerait qu'un seul commentaire: "Mais qui est ce fou ?"

maj/oaa/phv

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