Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Vikings: guerriers sauvages et marchands raffinés

Vikings: guerriers sauvages et marchands raffinés

Qui dit Viking, pense d'abord au sang, aux larmes et à la terreur que ces guerriers scandinaves ont semé en Europe du 9e au 11e siècle. Mais en poussant la porte de l'exposition qui leur est consacrée au British Museum de Londres, la première chose qu'on voit est une délicate broche en cuivre.

"Vikings: vie et légende", qui ouvre ses portes jeudi jusqu'au 22 juin, cherche à tordre le cou au cliché des hordes barbares, blondes et barbues dont la seule évocation suffit à convaincre les enfants de finir leur soupe du soir.

Viols, pillages et raids au cri d'Odin ont permis aux Vikings de bâtir une réputation tenace de brutes sales et méchantes. "Ce sont les plus dégoûtantes des créatures de Dieu. Ils ne se lavent pas après avoir uriné ou déféqué, ni après le sexe. Ils ne se lavent pas les mains après les repas. On dirait des ânes errants", écrivait en 921 le diplomate arabe Ibn Fadlän.

Mais si, au British Museum, on peut admirer dès la troisième vitrine une splendide épée en fer, bientôt suivie de quelques haches et lances, l'exposition étale jusqu'au bout un bel alignement de bijoux, colliers raffinés et même un peigne.

Passé le choc, on découvre encore, sourcil levé, que les hommes du Nord traitaient généralement bien leurs esclaves, certes pour préserver leur valeur marchande. Et lorsqu'on tombe --enfin-- sur la reconstitution d'un charnier, on apprend avec stupeur que les os appartiennent à des Vikings et non à leurs adversaires.

"Cela montre bien que les Vikings ne gagnaient pas toujours et je ne pense pas qu'ils aient été plus violents que les autres en cette époque très brutale, explique le commissaire de l'exposition, Gareth Williams, à l'AFP. Une des raisons de leur réputation vient du fait qu'ils étaient les seuls à s'attaquer aux églises chrétiennes et que la plupart des témoignages écrits de cette époque nous viennent des moines chrétiens. On dit souvent que les vainqueurs écrivent l'histoire. En l'occurrence, c'étaient les perdants, et ce n'étaient pas des bons perdants."

Quitte à décevoir les amateurs de sensations fortes, l'exposition relativise le cliché du guerrier assoiffé de sang pour insister sur la face cachée du Viking: celle de l'explorateur et du marchand qui navigue "du Canada à l'Asie centrale et du cercle polaire jusqu'au Maroc", sans forcément toujours tout ravager sur son passage.

Au coeur de ces périples figure le bateau viking, le Drakkar, dont la silhouette effilée comme une lame a inspiré tant de terreur, des bords de Seine à Paris jusqu'à la Mer noire et l'actuelle Russie.

Il était à la fois un instrument de conquête et de commerce, une arme redoutable et une pièce d'art, sculptée, peinte en or et argent, incandescente sous le soleil.

Il est fièrement représenté au British Museum par le Roskilde 6, le plus grand Drakkar jamais trouvé. Impressionnant, le bateau fantôme fait 37 mètres de long dans sa reconstruction métallique qui soutient des fragiles fragments originaux en chêne.

"Il a dû être construit pour un roi ou un grand chef, c'est un vaisseau très prestigieux", souligne Gareth Williams. Elégant et intimidant à la fois, il constitue, selon le commissaire, "la pièce centrale de l'exposition tant sur le plan physique que conceptuel". Vestige d'une "société beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît" où le Viking savait aussi apprécier un peu de douceur dans un monde de brutes.

jk/dh/jh

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.