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Un tiers des femmes en Europe ont subi des violences

Un tiers des femmes en Europe ont subi des violences

Une femme sur trois en Europe a été victime de violences physiques ou sexuelles, selon une étude d'une ampleur inédite qui révèle des perceptions de ce drame très diverses selon les pays.

L'Agence européenne des droits fondamentaux (FRA) estime, dans ce rapport présenté mercredi, que quelque 62 millions de femmes dans l'UE ont déjà subi des violences physiques ou sexuelles, et qu'une femme sur vingt a déjà été violée depuis l'âge de 15 ans.

Ces chiffres "ne peuvent et ne doivent tout simplement pas être ignorés", a réclamé le directeur de la FRA, le Danois Morten Kjaerum.

La FRA a recueilli en 2012 les témoignages de 42.000 femmes, âgées de 18 à 74 ans et vivant dans les 28 pays de l'UE. C'est la plus vaste enquête jamais réalisée sur le sujet.

Les femmes des pays du nord de l'Europe ont le plus souvent déclaré avoir été victimes de violences: elles sont 52% au Danemark, 47% en Finlande, 46% en Suède et 45% aux Pays-Bas.

A l'inverse, les pays du sud de l'Europe affichent des taux plus bas: 22% des femmes en Espagne, à Chypre et à Malte ont déclaré avoir subi des violences physiques ou sexuelles.

"Je ne pense pas que la Suède ait un plus gros problème que les autres pays européens. Je pense que les autres pays ont un plus gros problème parce qu'ils n'ont pas les lois ni le niveau de sensibilisation au problème que nous avons en Suède", a réagi Angela Beausang, qui dirige le réseau suédois de refuges pour femmes Roks.

En Croatie, où 21% des femmes ont indiqué avoir déjà subi des violences, le viol conjugal n'a été reconnu comme infraction qu'en 1998, a rappelé à Zagreb Maja Mamula, responsable de l'ONG Zenska Soba. "Il y a encore un grand nombre de femmes, des générations plus anciennes ou dans les zones rurales, qui ne savent pas que c'est condamnable", a-t-elle expliqué.

"Les réponses dépendent complètement de ce qui est perçu comme violence dans les différents pays de l'UE", a confirmé Karin Helweg-Larsen, chercheuse à l'Institut danois de santé publique, qui estime que les femmes des pays du nord de l'Europe en réalité "tolèrent moins" les violences du fait de la plus forte égalité des sexes dans ces pays.

"Nous avons mené des études au Danemark sur de nombreuses années et nous avons vu que la violence est en déclin, en particulier les violences domestiques", a ajouté Mme Helweg-Larsen.

Selon l'étude de la FRA, 22% des femmes de l'UE ont fait l'objet de violence physique ou sexuelle perpétrée par leur partenaire, et 67 % n'ont pas signalé à la police ou à un autre organisme l'acte le plus grave de violence qu'elles ont subi de leur conjoint.

En Espagne, l'ex-gouvernement socialiste a lancé un vaste programme de lutte contre la violence conjugale soutenu par des lois en 2005 et 2009, qui ont fait de ce pays l'un des plus en pointe pour la protection des femmes.

Mais il est des facteurs sur lesquels il est plus difficile d'agir, comme la dépendance économique des femmes: en Espagne, le nombre de plaintes déposées par des femmes a ainsi baissé de 9,6% depuis début 2008, l'année de l'éclatement de la crise, selon les chiffres de l'Observatoire contre la violence conjugale.

Après une enquête réalisée auprès de 300 femmes victimes de violence conjugale en Espagne, la Fondation Adecco a d'ailleurs conclu que "97% des femmes interrogées admettent que (la crise) est un frein à l'heure de porter plainte".

La FRA a appelé les États membres de l'UE à ratifier la Convention du Conseil de l'Europe sur la prévention et la lutte contre la violence des femmes et la violence domestique, dite Convention d'Istanbul. A ce jour, seuls l'Autriche, l'Italie et le Portugal ont ratifié ce document.

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