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Québec: législatives anticipées le 7 avril, la laïcité comme enjeu

Québec: législatives anticipées le 7 avril, la laïcité comme enjeu

La Première ministre indépendantiste du Québec, Pauline Marois, a annoncé mercredi la tenue de législatives anticipées le 7 avril dans la province francophone canadienne avec au coeur de la campagne la charte des valeurs du Québec et la laïcité.

Dix huit mois après leur retour aux affaires suite à une longue traversée du désert, les "souverainistes" du Parti québécois (PQ) espèrent bien ravir la majorité absolue qui leur fait tant défaut et mener à bien leurs projets.

"Nous prenons tous les moyens pour bâtir un Québec où on sera maître et prospère chez nous", a lancé Mme Marois aux côtés de son gouvernement.

Après avoir rapidement rencontré le lieutenant-gouverneur, représentant de la couronne britannique, elle a embarqué dans son autobus de campagne, barré du seul mot "Déterminée", avec lequel elle va sillonner le Québec pendant un mois.

Voulant un Québec "plus solidaire", "plus fier", "plus prospère", elle a demandé aux huit millions de Québécois de donner une majorité absolue à sa formation.

Avant la dissolution, le PQ disposait de 54 sièges, soit neuf de moins que la majorité absolue. Les derniers sondages semblent confirmer l'hypothèse d'une victoire franche des indépendantistes.

Le déclenchement de ces élections était devenu un secret de polichinelle ces dernières semaines, alors que les différents partis fourbissaient leurs armes et que le gouvernement du Parti québécois faisait pleuvoir des centaines de millions de dollars d'investissements aux quatre coins du Québec.

Les indépendantistes tirent profit de leur position ferme dans le débat sur la laïcité, qui enflamme les passions et monopolise l'attention de l'opinion publique depuis la fin de l'été dernier.

Le gouvernement veut interdire au personnel des fonctions publique et parapublique de porter des signes religieux ostentatoires dans l'exercice de leur fonction, comme le hijab ou la kippa, selon un projet de loi présenté en novembre et qui n'a toujours pas été discuté par les députés.

"Nous avons une charte qui nous donnera enfin les moyens de faire respecter nos valeurs communes, comme l'égalité entre les hommes et les femmes, comme la neutralité religieuse de l'Etat", a assuré mercredi Pauline Marois.

En rupture totale avec le multiculturalisme canadien, ce projet de loi a fait apparaître de nouvelles lignes de faille dans la société québécoise, divisant aussi bien les indépendantistes que les fédéralistes, mais davantage ces derniers.

Ainsi, le Parti libéral de Philippe Couillard a pris fait et cause contre l'interdiction des signes religieux, et semble en payer le prix, notamment dans l'électorat francophone (80% de la population).

Le PQ aborde donc la campagne en position de force, lui qui vient de donner le feu vert à l'exploration pétrolière sur l'île d'Anticosti, un joyau de la nature grand comme la Corse dans le golfe du Saint-Laurent. Cette mesure réclamée à cor et à cri par les milieux d'affaires prive les deux grands partis d'opposition de leur principal cheval de bataille traditionnel: l'économie.

Sur la question de la séparation du Québec du reste du Canada, le Parti québécois refuse de s'engager à tenir un référendum s'il obtient la majorité, mais n'écarte pas l'idée d'en organiser un "au moment approprié". "J'aimerais que ce soit le plus tôt possible", mais "sans bousculer les Québécois", a dit Mme Marois.

Ce sujet est tellement sensible au Canada et au Québec que les adversaires de Mme Marois vont continuellement agiter le chiffon rouge, tel le libéral Couillard qui a averti mercredi que "le retour du PQ au gouvernement, c'est l'assurance d'un référendum sur la séparation".

Les Québécois ont voté deux fois contre l'indépendance, en 1980 et en 1995. Un sondage publié mercredi par le Journal de Montréal indique que 34% des Québécois voteraient en faveur de l'indépendance si un référendum devait avoir lieu aujourd'hui, mais 49% sont contre. Chez les francophones, qui représentent 80% de l'électorat québécois, le taux de soutien à la séparation du Canada grimpe à 51%.

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