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L'émissaire de l'ONU en Ukraine menacé, Occidentaux et Russes décident de poursuivre les discussions

L'émissaire de l'ONU en Ukraine menacé, Occidentaux et Russes décident de poursuivre les discussions

Occidentaux et Russes ont décidé mercredi à Paris de poursuivre les discussions sur l'Ukraine pour tenter d'esquisser un plan de sortie de crise alors que menacé par des hommes armés, l'envoyé spécial de l'ONU pour la crise en Ukraine a mis fin brutalement à sa mission en Crimée.

"Nous sommes tombés d'accord pour poursuivre les discussions dans les jours à venir afin de voir commment aider à stabiliser et normaliser la situation et surmonter la crise", en Ukraine, a affirmé mercredi soir à Paris le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov à l'issue d'une réunion au ministère français des Affaires étrangères.

Arrivé mardi dans la péninsule du Sud de l'Ukraine occupée par des forces russes depuis le 28 février, Robert Serry a finalement dû retourner sous escorte à l'aéroport après avoir été retenu par des hommes armés à Simféropol, la capitale de cette région stratégique pour Moscou.

M. Serry avait tenté de remonter à bord de sa voiture mais celle-ci étant bloquée, il avait dû repartir à pied vers son hôtel et il avait téléphoné en chemin d'un café pour raconter sa mésaventure.

Un élu local, Mykola Rudkovski, a raconté peu après à l'AFP que M. Serry devait embarquer pour un vol pour Istanbul, seul vol prévu mercredi soir en partance de la capitale de Crimée.

"Il est en bonne santé physiquement, mais il se sent menacé", a indiqué l'ONU alors que le diplomate attend à l'aéroport de pouvoir quitter la région.

A Paris, M. Lavrov a affirmé, après sa rencontre avec son homologue américain, John Kerry, que tous les deux étaient "d'accord pour aider les Ukrainiens à mettre en oeuvre les accords (conclus à Kiev) le 21 février".

Ces accords prévoient la constitution d'un gouvernement d'union et le retour à la Constitution de parlementariste de 2004 ainsi qu'à l'organisation d'une élection présidentielle anticipée.

Selon un diplomate américain, John Kerry a demandé à Sergueï Lavrov que la Russie et l'Ukraine aient des "entretiens directs" alors que Vladimir Poutine refuse de reconnaître tout autre président ukrainien que Viktor Ianoukovitch déchu le 22 février.

MM. Kerry et Lavrov, rompus aux discussions sensibles et qui ont appris à se connaître lors de négociations difficiles -- de la guerre en Syrie au dossier du nucléaire iranien --, cherchent des solutions alors que la situation s'enlise sur le terrain.

Par ailleurs, le président russe Vladimir Poutine et la chancelière allemande Angela Merkel ont discuté au téléphone mercredi des "scénarios" pouvant permettre une "normalisation" de la situation en Ukraine, selon le Kremlin qui souligne que l'entretien s'est déroulé à l'initiative de Mme Merkel.

En Crimée, soldats ukrainiens et membres des forces russes se font en effet face dans les bases et aéroports militaires de la péninsule du Sud de l'Ukraine depuis le déploiement le 28 février de milliers d'hommes armés vêtus d'uniformes sans écusson militaire mais que la population comme les journalistes sur place définissent aisément comme des soldats russes.

A Paris, la rencontre tant espérée par les Occidentaux entre Sergueï Lavrov et son homologue ukrainien Andrii Dechtchitsa n'a en revanche pas eu lieu.

Selon des sources diplomatiques, M. Lavrov a refusé de voir M. Dechtchitsa, conduisant ce dernier à décider de quitter la France avant de changer d'avis.

Au cours d'une seconde entrevue, MM. Lavrov et Kerry ont échangé des plaisanteries devant quelques journalistes, comme ils aiment le faire à chacune de leurs rencontres.

"C'est un gros dossier", a dit le ministre russe à son homologue américain, le voyant ouvrir son classeur de documents officiels.

"Tout ne vous concerne pas", a répondu M. Kerry.

Les Occidentaux multiplient les pressions sur la Russie pour obtenir une "désescalade" de la crise ukrainienne avant un sommet européen extraordinaire jeudi à Bruxelles où ils se sont engagés à prendre des sanctions si Moscou ne faisait pas preuve de souplesse à l'égard de la crise en Ukraine.

Parallèlement, l'Otan a déjà annoncé le renforcement de sa coopération avec l'Ukraine et la suspension d'initiatives Otan-Russie.

Ces mesures "envoient un message très clair à la Russie qu'elle doit aider à la désescalade" de la situation en Ukraine, a estimé son secrétaire général, Anders Fogh Rasmussen à l'issue d'une réunion Otan-Russie à Bruxelles.

Les Européens ont présenté un plan d'aide massif d'au moins 11 milliards d'euros sur deux ans en faveur de l'Ukraine, à la veille du sommet européen extraordinaire sur la crise dans ce pays.

Mardi, les chefs de l'Etat russe et américain avaient multiplié les propos acerbes, le président Barack Obama estimant que Vladimir Poutine ne "trompait personne" avec ses déclarations sur l'Ukraine alors que le maître du Kremlin fustigeait les Occidentaux et ses "entraîneurs" qui ont formé des "unités de combat" en Ukraine, en allusion aux contestataires du célèbre Maïdan de Kiev, théâtre de la contestation jusqu'à la chute du président Viktor Ianoukovitch.

Sur le terrain, les forces russes ont investi mercredi la base de lancement de missiles de Fiolent un site militaire hautement stratégique en Crimée, faisant monter la tension.

Après des jours de confrontation silencieuse où les forces russes se contentaient généralement d'encercler les casernes et les bases et de jauger les soldats ukrainiens, cette intrusion sur un site hautement symbolique constitue une étape de plus dans la crise qui se joue dans cette péninsule baignée par les eaux de la mer Noire.

Le sort d'une seconde base, à Evpatoria (ouest de la Crimée) a quant à lui mis en lumière l'aspect parfois surréaliste, voire ubuesque de la crise en Crimée. Cette base, que des forces russes avaient encerclée puis pénétrée dès le 28 février, a été attaquée par des manifestants... pro-russes.

L'attaque a été repoussée sans violences par les soldats ukrainiens sous l'oeil des forces russes, selon les témoignages recueillis mercredi par l'AFP.

Hors de Crimée, des tensions ont été constatées à Donetsk, fief électoral russophone de M. Ianoukovitch dans l'est de l'Ukraine. Des manifestants favorables à un ralliement à Moscou ont pris d'assaut l'administration régionale, dont ils avaient été délogés le matin même, et sont opposés dans une bagarre impliquant des dizaines de personnes avec des anti-russes.

Mais des signes montrent que Washington cherche également une porte de sortie pour la Russie. L'idée, mentionnée par Barack Obama dans l'appel téléphonique à Vladimir Poutine samedi, est de répondre point par point aux inquiétudes formulées par Moscou au sujet de la situation chez son voisin, selon un haut responsable de la Maison Blanche.

Les Etats-Unis vont intensifier les entraînements aériens communs avec la Pologne et augmenter leur participation à la protection de l'espace aérien des pays baltes.

Environ 16.000 soldats russes, dont au moins 5.000 arrivés ces derniers jours, occupent la Crimée où ils cernent la plupart des sites stratégiques (navires de guerre, casernes, bâtiments de l'administration).

Moscou encaisse difficilement les conséquences économiques de sa politique en Ukraine. La Russie a dû vendre lundi des devises étrangères pour un montant record de 11,3 milliards de dollars en une journée, le "lundi noir", afin de soutenir le rouble soumis à de fortes pressions en raison du conflit en Ukraine.

bur-kat/sym

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