Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

France: un conseiller de Nicolas Sarkozy l'enregistrait à son insu, la droite indignée

France: un conseiller de Nicolas Sarkozy l'enregistrait à son insu, la droite indignée

Patrick Buisson, conseiller de Nicolas Sarkozy, enregistrait à son insu des réunions avec l'ancien président français: la révélation, et la publication dans la presse du verbatim de certains enregistrements, provoquent une vague d'indignation à droite.

A l'origine de ce scandale inédit en France, une personnalité très controversée: Patrick Buisson, 64 ans, historien venu de l'extrême droite était déjà accusé d'avoir droitisé à l'excès la campagne du président sortant, contribuant, aux yeux des modérés du grand parti de droite UMP, à la défaite de mai 2012 face au socialiste François Hollande.

M. Buisson est aujourd'hui accusé d'avoir commis "une forme de viol" par Henri Guaino, l'ancienne "plume" de Nicolas Sarkozy.

Christiane Taubira, ministre de la justice de François Hollande, s'est dite elle-même mercredi "atterrée" par cette "déloyauté", en dénonçant une atteinte à la "morale publique" et "aux institutions".

A 18 jours d'élections municipales dont elle voulait faire le tremplin de sa reconquête, l'UMP, déjà plombée par des soupçons de favoritisme pesant sur son président Jean-François Copé, est à nouveau confrontée à des désordres potentiellement préjudiciables.

La teneur de ces enregistrements, mélange d'analyses politiques et de reflexions relâchées propres au domaine privé, risque aussi d'affaiblir Nicolas Sarkozy alors que ce dernier masque de moins en moins son envie de revenir en politique.

L'affaire a été lancée par le journal satirique Le Canard Enchaîne et le site d'information Atlantico après une première mention dans L'hebdomadaire Le Point le 11 février.

Le Canard Enchaîné consacre mercredi une page à une réunion tenue à l'Elysée pour préparer un remaniement ministériel le 26 février 2011. Il y est question du remplacement du ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux. "Brice dit que le sentiment d'insécurité a regressé, toutes les études montrent que ce n'est pas vrai", note M. Sarkozy qui faisait de la lutte contre l'insécurité un des ses chevaux de bataille. "En matière d'immigration, Brice est inhibé", répond M. Buisson.

Après l'enregistrement de l'allocution dans laquelle il annonce aux Français le remaniement, l'ex-président revient: "+On n'a pas entendu ces connards de chiens qui aboyaient+ (dans les jardins élyséens)?"

"Buisson spirituel: +Tu parlais des journalistes?+ Puis courtisan: +C'était très bien! Tu avais les bonnes intonations. Tu as bien détaché les phrases importantes. Faut pas y toucher", raconte Le Canard enchaîné.

Le site Atlantico, réputé proche de l'ex-président, publie quatre extraits sonores du même jour, mêlant conversations politiques et privées.

L'avocat de M. Buisson, Gilles-William Goldnadel, a reconnu mardi la véracité des enregistrements mais a plaidé les "documents de travail".

Dans un communiqué transmis à l'AFP par son avocat, Patrick Buisson se défend: "En tant qu'intervenant essentiel de ces réunions", il "ne pouvait prendre des notes écrites et utilisait ces enregistrements pour préparer la réunion suivante".

Ces derniers "étaient détruits au fur et à mesure sauf manifestement quelques-uns qui lui ont été dérobés et dont il est fait présentement un usage extravagant et pervers", affirme-t-il.

Le secrétaire du Parti socialiste Harlem Désir a estimé que les enregistrements "jettent une lumière crue sur le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Un quinquennat d'intrigues, de trahisons, de cynisme, d'argent et de mépris de l'Etat".

Nicolas Sarkozy n'a pas rompu avec Patrick Buisson depuis sa défaite électorale: il l'a encore rencontré en février, à la veille de l'information du Point, selon une bonne source.

M. Buisson est impliqué dans une autre affaire: un juge enquête sur la régularité de contrats conclus sous la présidence de Nicolas Sarkozy, sans appel d'offres, entre l'Elysée et neuf instituts de sondage, dont la société de conseil de M. Buisson, Publifact.

npk-cgd/nou/ml

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.